Je dis “survivants” parce que, lorsque je prépare un recueil, il se produit des pertes parmi les nouvelles que je mets sur la table, certaines tout à fait prévisibles et d’autres absolument pas. Cela peut se produire parce que je me rends compte tout à coup du peu d’intérêt qu’une nouvelle suscite en moi, ou parce qu’un récit ne s’accorde en rien avec l’atmosphère imposée par ceux qui, à mon sens, ne prêtent pas à discussion. Je me sens comme l’entraîneur de n’importe quel sport d’équipe, qui forme la meilleure équipe possible avec les effectifs dont il dispose. Et de plus, il décide à quel poste doit jouer chaque récit. Les jours, les mois, les années, tout le temps que j’emploie à réécrire, varier ou écarter sont riches de naissances inespérées et d’éliminations foudroyantes, le tout mêlé de doutes, comme toujours. Rien de nouveau. Mais peu à peu, un air de famille se dessine, qui justifie la présence des nouvelles dans le même livre.