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Citation de Woland


[...] ... Je vis mon livre entier et vrai, mon récit réel complet, et je sus qu'il ne me restait qu'à l'écrire, le mettre au propre puisqu'il était dans ma tête depuis son début ("C'est à l'été 1994, voilà maintenant plus de six ans, que j'entendis pour la première fois parler de l'exécution de Rafael Sánchez Mazas") jusqu'à la fin, cette fin où un vieux journaliste raté et heureux fume et boit du whisky dans le wagon-restaurant d'un train de nuit qui traverse la campagne française, parmi des gens heureux qui dînent et des serveurs à noeud papillon noir, tandis qu'il pense à un homme fini qui eut le courage et l'instinct de la vertu et pour cela ne se trompa jamais ou ne s'est pas trompé au seul moment où il fut vraiment important de ne pas se tromper, et qu'il pense aussi à un homme qui fut intègre et courageux et on ne peut plus pur, ainsi qu'au livre hypothétique qui le ressuscitera quand il sera mort, et alors ce journaliste regarde son reflet attristé et vieilli sur la fenêtre que lèche la nuit jusqu'à ce que reflet se dissipe lentement pour laisser apparaître un interminable désert ardent et un soldat seul, brandissant le drapeau d'un pays qui n'est pas le sien, d'un pays qui est tous les pays à la fois et qui n'existe que parce que ce soldat brandit son drapeau renié, soldat jeune, déguenillé, poussiéreux et anonyme, infiniment minuscule dans cette mer flamboyante de sable infini, marchant de l'avant sous le soleil noir de la fenêtre, sans savoir très bien où il va, ni avec qui, ni pourquoi, sans y attacher grande importance, pourvu que ce soit de l'avant, de l'avant, de l'avant, toujours de l'avant. ... [...]
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