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Citation de enkidu_


Le nihilisme n'a plus les couleurs sombres, wagnériennes, splengleriennes, fuligineuses, de la fin du siècle. Il ne procède plus d'une Weltanschauung de la décadence ni d'une radicalité métaphysique née de la mort de Dieu et de toutes les conséquences qu'il faut en tirer. Le nihilisme est aujourd'hui celui de la transparence, et il est en quelque sorte plus radical, plus crucial que dans ses formes antérieures et historiques, car cette transparence, cette flottaison, est indissolublement celle du système, et celle de toute théorie qui prétend encore l'analyser. Quand Dieu est mort, il y avait encore Nietzsche pour le dire - grand nihiliste devant l’Éternel et le cadavre de l’Éternel. Mais devant la transparence simulée de toutes choses, devant le simulacre d'accomplissement matérialiste ou idéaliste du monde dans l'hyperréalité (Dieu n'est pas mort, il est devenu hyperréel), il n'y a plus de Dieu théorique et critique pour reconnaître les siens.

L'univers, et nous tous, sommes entrés vivants dans la simulation, dans la sphère maléfique, même pas maléfique, indifférente, de la dissuasion: le nihilisme, de façon insolite, s'est entièrement réalisé non plus dans la destrucrion, mais dans la simulation et la dissuasion. De phantasme acrif, violent, de mythe et de scène qu'il était, historiquement aussi, il est passé dans le fonctionnement transparent, faussement transparent, des choses. Que reste-t-il donc de nihilisme possible en théorie ? Quelle nouvelle scène peut s'ouvrir, où pourrait se rejouer le rien er la mort comme défi, comme
enjeu ? (pp. 227-228)
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