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Citation de Berthelivre


Avec « Le stade du miroir » (de Lacan), j’allais un peu plus loin dans la même direction : le Moi était une instance imaginaire, une fiction, quelque chose comme un assemblage hétéroclite d’identifications auquel, sans jamais y parvenir, chacun s’efforçait de donner une unité. Vaine synthèse. Mais ce qui me gênait chez Lacan quand j’assistais, semaine après semaine, à son séminaire du mercredi à Sainte-Anne, c’est qu’il ne paraissait pas, lui, tenir son Moi pour si imaginaire que ça ! Il exhibait son col Mao, son cigare torsadé, il alternait savamment soupirs et provocations adressées à son auditoire, nous entraînait dans la spirale de sa parole en perpétuel suspens. Tel un acteur, il captivait son public. La plupart d‘entre nous étaient séduits, d’autres littéralement fascinés. Nous étions son miroir complaisant.

Sartre, lui, en imposait d’une autre manière. Sa parole était tranchante, sa pensée affirmative. Pas comédien pour un sou, le petit homme, à l’opposé du grand Autre. Aucun souhait de se faire des disciples qui deviendraient bientôt des perroquets. Mais, même s’il a déclaré souvent vouloir penser contre lui-même, ce qu’il pensait dans le temps où il le pensait avait valeur de certitude, n’entamait pas sa force persuasive. Avatar du « Cogito » cartésien : je suis, moi, Sartre, donc je pense. Je n’arrête pas de penser, je n’arrête pas d’écrire.
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