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Citations de Jean-Claude Xuereb (17)


Jean-Claude Xuereb
VISÉE DU POÈME


Inguérissable blessure de l’être
s’entassent les jours de passage
aux éclairs à peine entrevus
déjà distancés en désordre
seules quelques lueurs palpitent
dans la clignotante conscience
de cette irréversible traversée

Ainsi le maître du navire
en cabine de pilotage
veille à poursuivre l’avancée
quand les déferlantes submergent
par intermittence le gaillard
prélude au possible naufrage
au moins sait-il tenir le cap

Vivre seulement vivre et dire
à fleur de lumière et le ciel
les mots en saccades respirent
d’un rythme sensible à l’écoute
de l’informulable exigence
sans ordonnance ni consigne
pour accueillir l’instant présent
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Jean-Claude Xuereb
DÉSÉCRITURE


Amas de papiers sacrifiés
à l’écriture du poème
esquisse aux lignes raturées
par vagues successives
ensablant sur la page (la plage)
le dessin d’une épure

Vaine quête de perfection
un ressassement silencieux
s’étire ou se recroqueville
s’allège d’apprêts superflus
autour d’un noyau (d’un joyau ?)
irréductible ou insoluble

Quelqu’étincelle dissidente
s’étiole loin du feu central
soudain hors de portée
une musique s’est éteinte
et le texte à peine ébauché
se meurt aux limbes d’embolie
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Je transporte pour tout bagage



Je transporte pour tout bagage
les mots dont chaque jour
je m’enchemise
tissus luisants d’usure
et lessivés de neuf
pour affronter l’indifférence
du monde
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Jean-Claude Xuereb
Dès le premier mot du poème
tremble l'ardeur à dénuder
la beaute intacte de vivre

Un air neuf avive l'espace
le soleil lave la lumière
l'oiseau lézarde le silence(...)
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Jean-Claude Xuereb
JACHÈRE


Chair frémissante du prodige
angoisse et volupté mêlées
l’homme se remet en chemin
à peine courbé sous le vent
dans l’effervescence des herbes
dont s’éprend un coquelicot
frêle rescapé des semailles
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Jean-Claude Xuereb
LIGNES DE FUITE


Là où nous porte le désir
sans bagage l’esprit dérive
que brûle la soif de connaître

Après emboîtage du corps
nulle nouvelle n’est transmise
du long voyage à l’étranger

Il doit se poursuivre — dit-on —
en insolite dimension
et traversée d’infini

Enfant nostalgique à jamais
du halo d’un verbe à venir
nef perdue au fil d’un ruisseau

Danseur d’équilibre précaire
toujours menacé le bonheur
se risque au vertige du vide
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Secours

Enfant à l'insondable peine
tu nous appelles de si loin

Contre l'éruption de tes larmes
nous ne pouvons guère t'offrir
que le refuge de nos bras

Nulle caresse de lumière
nulle parole ne t'apaisent

Tellement démunis nous sommes
devant la détresse des yeux
où coulent les vaisseaux du cœur

Nous essayons de te bercer
jusqu'à l'escale du sommeil
moment d'oubli des égarés

Mais par quel charme exorciser
la déchirure d'être au monde
que taraude un désir d'aimer
incurable onguent corrosif
sous la main rugueuse du temps
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Malgré la connivence des hommes, dont témoigne leur amitié mais aussi leur engagement dans la Résistance, leur combat permanent pour la liberté, leur lutte constante pour la justice et la défense des humbles, toutes actions fondées sur une commune référence à des valeurs inébranlables, philosophiques, politiques, morales ou esthétiques, il est malaisé de comparer les œuvres de Char et de Camus, même si une évidente parenté engage à les rapprocher. Car l'écriture de l'un, romancier, dramaturge, essayiste, journaliste, s'inscrit, en principe, dans la durée, tandis que le poète de l'autre éclate dans l'instant, se voulant "l'éclair même des métamorphoses"
(...) C'est oublier que la "tension" qui caractérise, différemment - mais tout aussi efficacement- l'écriture de Camus, relève d'une même volonté nostalgique d'abolir le temps, par des techniques diverses.
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C’est toujours le même poème…



C’est toujours le même poème qui s’écrit
celui d’une mise en demeure du soleil
pour retrouver un peu de la clarté native
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MACÉRATION DU SAVOIR



Fascination des profondeurs
où grouille une vie marine
en floraisons succions manducations
délires de madrépores et d’algues…

Dans quel recoin d’univers à présent
l’homme n’impose-t-il pas sa vision
et sans désemparer l’esprit s’approprie
le moindre indice enté dans l’inconnu


p.80
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L’oiseau de Braque



L’oiseau de Braque d’un cri raye l’espace
de la fenêtre
je vois
j’écris
j’essaie de figer dans le tremblement des mots le pur éclair
de son    passage

Mais comment dire le perpétuel ailleurs de cet oiseau mental
qui traverse le temps
par la trame déchiquetée du hasard ?
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ÉCLIPSE



Assis côte à côte
affublés de lunette d’aveugle
ils contemplent
la lente dévoration du soleil biscuit que savoure
l’ellipse d’une mâchoire
invisible

la lumière s’anémie
d’insolite fadeur crépusculaire
le monde prend froid
toujours transi
lorsque le soleil
ferme la parenthèse
et regagne sa rondeur

Les hommes frissonnent
d’angoisse cosmique
dans la résurgence au tréfonds
de leurs cellules reptiliennes
d’immémoriales superstitions


p.40
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LE TEMPS PRESSE



POUR UNE ÉCOUTE

L’oiseau a investi les branches du poème
il sait depuis toujours y refugier un chant
qu’il délivre au péril du feuillage des mots

Il enivre sa gorge au seul appel du vent
qui par instant traverse la terre et les astres
pour crier son espoir sa peur ou sa colère

C’est à vous qu’il parle
puissiez-vous l’entendre
mes frères asservis au vacarme du siècle


p.10
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Jean-Claude Xuereb
Le souffleur...


Le souffleur, au bout de son tube, arrondit et
nourrit la boule de feu. Puis il informe dans la
pâte la sveltesse d’un col, la bouderie d’une lèvre,
la flânerie d’une joue, on ne sait quelles prémisses
d’un visage embouti dans le façonnement de
l’objet. Des farines de couleur plus vraies que
nature, se fondent, mûrissent, s’irisent,
transparaissent ou s’opacifient.

Dans l’art de jouer avec le feu, il se peut que la
beauté consente à se lover dans le piège lumineux
tendu par l’oracle du verre.
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Ils officient sur écran
prêtres et pythonisses
d'une nouvelle idolâtrie
scrutant dans l'imminence
les entrailles encartées du ciel
ils débusquent vents courants et orages
et orchestrent les migrations
travestis en défricheurs d'avenir
ils apaisent ou sèment l'alarme
sur les foules domestiquées
oublieuses du sens et des présages du temps

O mes semblables immatures
voués à d'infantiles nostalgies
furtifs passants patients inguérissables
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LE TEMPS PRESSE



UNA VIA ÉLECTA

Tant de chemins
ouvrent l’espace d’une vie
se croisent
   se joignent
      se séparent
          s’effacent
visage entr’aperçu
ou compagnon durable
si brusquement happé
dans l’écart de l’absence
ne dit-on pas qu’ailleurs
ils nous retrouveront ?
ô mes frères humains
tourmentés d’infini


p.34
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Jean-Claude Xuereb
Complicité du Souffle


Existe-t-il entre l’air et le vent — brise, bourrasque
et ouragan — une complicité du Souffle qui, du
néant à la création et peut-être de nouveau au
néant, parcourt de toute éternité l’univers, Souffle
auquel ne cesse de vouloir s’ajuster notre
éphémère respiration ?
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