MADAME DE TROUFIGNAC.
C'est de mon plus grand sérieux, et je vous jure que de tout mon coeur je voudrais devenir homme.
MADAME JOBIN.
Je n'en doute pas. Il y en a bien d'autres qui le voudraient comme vous. Que je serais riche avec un pareil secret !
C'est un impertinent ; car quoiqu'il ne se trompe pas, la vérité n'est pas toujours bonne à dire. Si vous n'êtes pas sorcière, vous avez l'esprit de la paraître, et c'est plus que si vous l'étiez en effet.
MIRIS.
Ah ! Que je perds d'amis et de biens aujourd'hui !
À qui me confier ? Qui sera mon appui ?
Les hommes sont trompeurs, et tous les jours on trouve
Que l'ami du mari ne l'est pas de la veuve.
Mais que je vais avoir de chagrin à me voir,
Dans ma première année, avec un habit noir !
MIRIS.
On doit toujours pleurer quand on perd un époux.
BEATRIX.
Hé quoi ! Vous voulez donc aussi feindre avec nous.
Pleurez tout votre saoul, pleurez, pleurez, Madame.
Pourquoi faut-il pleurer, lorsque l'on rit dans l'âme,
Et souvent s'imposer par coutume la loi
De pleurer pour autrui, lorsque l'on rit pour soi ?