Jean Doresse

La gnose renvoie à une connaissance d’un monde supérieur qui permet à l’initié d’assurer son salut. Lors des premiers siècles du Christianisme, en Orient, et même à Rome, au cœur de l’empire, se développèrent des sectes que les pères de l’église avaient condamnées, jugées hérétiques et licencieuses. Ces sectes, dont la plupart des textes avaient été dispersés, n’ont longtemps été connues qu’à travers les réfutations de leurs plus ardents adversaires. Aussi quand en 1945 des paysans découvrirent en haute Egypte, à proximité de Nag Hammadi, des manuscrits sur papyrus contenus dans une jarre, ce fut une découverte inestimable. Ceux-ci, datant du 4ème siècle et écrits en copte, bien que traduits du grec à partir de traités antérieurs, constituaient une véritable bibliothèque et permettent aujourd’hui de reconsidérer le gnosticisme. Certains manuscrits appartiennent à la tradition hermétique. D’autres, placés sous l’égide de Zoroastre, de Seth, de Jésus, témoignent de leur incroyable diversité, empruntant leurs éléments à l’Iran, à l’astrologie des Chaldéens ou des Egyptiens, aux Grecs, au Judaïsme et, enfin, au Christianisme dont il a été, par certains aspects, le parent et le rival. Il y est d’ailleurs davantage question d’un ensemble de mythes, de visions et de révélations, que d’un véritable système. Les gnostiques ont hérité des Iraniens leur dualisme et donnèrent à leurs cosmogonies un sens détourné de la genèse. Deux principes primordiaux s’opposent : la lumière et les ténèbres et un troisième, intermédiaire, est constitué par le vent ou l’esprit. A côté d’un Dieu suprême, infini, inconnaissable, le créateur de la matière, des mondes inférieurs, lequel correspond au Dieu jaloux de l’ancien testament, est montré comme une entité perverse et ignorante, un monstre à tête de lion et corps de serpent. Ces textes mentionnent souvent Sophia, la Sagesse, comme l’une des émanations du Dieu suprême et un Adam primordial et androgyne. L’initié peut se libérer de la matière, en remontant tous les cercles auxquels correspondent des planètes, et retrouver son principe de lumière grâce à la connaissance des mystères révélés qui ressemble parfois à une extraordinaire ascension céleste. Jean Doresse, historien des religions, nous fait ici partager sa passion et son érudition en nous accompagnant au milieu des forteresses et des sables d’un lointain passé.