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Citation de Presence


Enfin, j’espère que cette préface me libèrera d’une sorte de malédiction, que je pourrai passer à autre chose, dix ans après… Ces poèmes… ils ont pour moi le goût amer de la prison et de la jalousie. Je végétais dans une cellule quand Arthur les a écrits à Londres, en compagnie de Germain Nouveau. Depuis, ils n’ont cessé de me hanter. J’ai eu le manuscrit en main une première fois à Stuttgart, avec charge de l’envoyer à Nouveau… J’ai aussitôt regretté mon zèle. Deux ans plus tard, j’ai fini par le récupérer. Mais je l’ai prêté à mon beau-frère Sivry, que je croyais mon ami. Las, il ne me l’a jamais rendu. […] La malédiction dont je parlais, plus forte que l’absinthe. […] Si les feuillets vous sont parvenus, c’est parce que Mathilde a finalement autorisé son frère à s’en défaire. Et pour cause ! Mathilde s’est remariée. Nuire à Arthur ne lui importe plus. Ni à moi, hélas… Elle a définitivement tourné la page. Ces poèmes ressurgis des limbes… Ils viennent me narguer. Ils viennent me dire que j’ai tout perdu. Mon fils, ma femme, ma réputation. C’est le fantôme de Rimbaud qui ne me lâche pas. Et moi, qui n’ait pas un sursaut de dignité, je n’arrive pas à m’en décoller. J’ai écrit cette préface en espérant me soulager de quelque poids. Ou au contraire en m’y agrippant désespérément. Vous devez me trouver pathétique.
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