Jean-François Chabas

Un jour qu'il escaladait un rocher, Lhari se retrouva face à une once. Elle était assise sur la souche tourmentée d'un arbre d'altitude. Ici, on l'appelait panthère des neiges, là-bas, léopard des neiges; partout elle était redoutée. Lhari s'immobilisa.L'once avança la tête sans bouger le corps, ainsi que le font parfois ces félins. Le petit garçon, plus mort que vif, ne pouvait même plus penser. Comme dans un rêve, une voix se fit entendre derrière lui :
- Tu es magnifique, panthère. Et tu as le ventre bien rond. Ne nous mange pas. Nous te laisserons à tes occupations.
C'était Nawang, bien sûr, qui s'adressait au fauve. Il tira son frère en arrière, mais avec beaucoup de mal, car Lhari était engourdi par l'effroi. Les deux garçons s'éloignèrent lentement, surveillés par l'once majestueuse.
-Merci de ta mansuétude, reine panthère! s'écria Nawang en guise d'adieu.