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Citation de Partemps


3
Là et la flour une vertu jolie,
Car elle fist celui avoir amie
Qui devant ce venir n’y pooit mie.
Ne poroit jà estre ensi en ma vie ?
Je ne sçai voir, non-pour-quant je m’afie
En bon espoir, ce grandement m’aye.
Mès toujours ert en coer de moi chierie,
J’en sui certains,

La belle flour que Margherite clains.
Elle le vault pour ce, sus toutes lains.
Et se me sens de la droite amour çains,
Mercurius qui de tous biens fu plains,
Car tant l’ama que tous soirs et tous mains

Quels temps qu’il fust, kalendes ou toussains
Un chapelet en portoit li compains,
Tout pour l’amour

Serès sa dame ; en otel pourpos mains,
Car tant me plaist de la flour li beaus tains
Qu’il m’est avis qu’il ne soit homs humains
Nomméement, ne rudes, ne villains,
Qui atouchier, y doie ongle ne mains.
Et se l’éür j’ai eu premerains
D’elle trouver, ne m’en lo, ne m’en plains
Par nesun tour ;

Fors seulement que dou perdre ai paour.
Dont pour moi mettre en un certain sejour,
En lamentant souhède nuit et jour,
Et di ensi : « Pleuïst au Dieu d’Amour
» Que je véisse enclos en une tour,
» O le closier, la gracieuse flour ;
» Et si n’euïst homme ne femme au tour
» Qui sourvenit,

» Peuïst illuec et fust en un destour,
» À mon cuesir, n’ai cure en quel contour. »
En ce souhet je pense toute honneur.
Mès souhedier me fait plaisance, pour
À grant loisir regarder sa coulour
Blanche et vermeille, assise sur verdour.
S’en ce parti vivoïe, nul millour
Ne doit quérir

Homs, ce m’est vis, qui tant aime et desir
La flour, que fai. Car n’ai aultre desir

Que del avoir pour véoir à loisir
Au vespre clore et au matin ouvrir ;
Et le soleil de tout le jour sievir,
Et ses florons contre lui espanir.
Tele vertu doit-on bien conjoir,
À mon semblant.

Si fai-je voir ; là gist tout mon plaisir.
Il m’est avis, le jour que le remir,
Qu’il ne me poet que tous biens avenir,
Et pour l’amour d’une seule, à qui tir,
Dont je ne puis que de regars joir.
C’est assés peu ; mès ce me fault souffrir.
Toutes les voeil honnourer et servir
D’or en avant

Et si prommec à la flourette, quant
Ès lieu venrai, là où il en croist tant,
Tout pour l’amour de la ditte devant,
J’en cueillerai une ou deus en riant,
Et si dirai, son grant bien recordant :
« Veci la flour qui me tient tout joiant,
» Et qui me fait en souffissance grant
» Tous biens sentir.

» Com plus le voi et mieuls me sont séant
» Si doulc regard et si arroi plaisant ;
» Car en cascun floron, je vous créant,
» Porte la flour un droit dart ataillant,
» Dont navrés sui si, en soi regardant,
» Que membre n’ai où le cop ne s’espant.
» Mès la vertu au Dieu d’Amours demant
» De moi garir. »
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