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Citation de Moglug


p. 272-273
Pour comprendre le volontariat des hommes de main du IIIe Reich, souvent plus spectaculaire hors des frontières de l'Allemagne, les historiens ou les philosophes insistent sur la formidable discipline qu'un Etat totalitaire peut imposer à ses, évoquée citoyens ; sur l'efficacité d'une insidieuse et permanente propagande, évoquée en amont ; et surtout sur la puissance du conformisme social en situation de peur et de crise. A ne pas confondre avec une situation de guerre, qui elle, à certains moments, peut au contraire faire éclater ce conformisme.
Ces arguments ne suffisent pas à expliquer la machine à tuer illustrée par la phrase de Christine. Les Russes, les Espagnols, les Argentins, les Roumains, les Irakiens et bien d'autres à une époque de leur histoire ont mesuré l'efficacité des machines à broyer les esprits, conçues par Staline, Franco, Videla ou Ceaucescu, Hussein, autant de dictateurs qui ont obtenu une massive soumission de la population, un renoncement une sorte d'abrutissement et une accoutumance à la délation, mais qui n'ont pas soulevé de cortèges enthousiastes et populaires, tuant en chanson tous les jours aux heures de travail.
Si ces historiens et philosophes occultaient le caractère irrationnel et exceptionnel du génocide, ils pourraient s'avérer équivoques, voire dangereux, dans la mesure où ils encourageraient le pessimisme ou la bigoterie ; ou, plus désespérant, arriveraient le pire des fléaux de nos sociétés : le cynisme.
Caractère exceptionnel du génocide, dont la plus simple définition est celle de Jean-Baptiste Munyankore, instituteur de quarante-rois ans à N'tarama, lorsqu'il dit : "Ce qui s'est passé à Nyamata, dans les églises, dans les marais et les collines, ce sont des agissements surnaturels de gens bien naturels."
Ou celle de Sylvie, qui dit : "Parce que si on s'attarde trop sur la peur du génocide, on perd l'espoir. On perd ce qu'on a réussi à sauver de la vie. On risue d'être contaminé par une autre folie. Quand je pense au génocide, dans un moment calme, je réfléchis pour savoir où le ranger dans l'existence, mais je ne trouve nulle place. Je veux dire simplement que ce n'est plus de l'humain."
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