L'idée me vient maintenant qu'elle nous avait peut-être proposé de l'aider afin de pouvoir nous parler de sa mort qu'elle sentait proche. Elle, qui avait toujours répondu franchement à nos questions concernant les oiseaux blessés ou les grand-mères malades, n'évoquait jamais avec nous ce qui lui arrivait, et je me demande si elle n'essayait pas de créer une occasion d'aborder le sujet de sa fin imminente. Qui sait si, dehors, agenouillées sur le sol pendant que nous travaillions ensemble à enterrer les bulbes qui lui survivraient, elle ne serait pas parvenue à nous dire ce qu'elle pensait que sa mort signifiait, ce qu'elle souhaitait qu'on se rappelle quand elle ne serait plus là. (p. 64)