Two Lovers est un conte, mais ce n'est pas vraiment un récit. C'est une alternance, une succession d'oppositions ponctuées par une belle ritournelle, tirée d'un opéra italien.
Two Lovers rejoue la représentation cinématographique classique des deux états du lien affectif que l'homme établit avec le monde féminin.
Les frères Dardenne sont eux aussi des virtuoses de l'espace cinématographique. Mais c'est pour l'entamer, l'interroger, l'ébranler, en défier la puissance.
Il y a très peu de contrechamps dans "Le Fils". En fait, en exagérant à peine, j'irais jusqu'à dire que Le Fils est filmé entièrement "en champ". Il en découle une impression d'opacité et d'exigüité : un aplatissement, un écrasement, une raréfaction de l'espace ambiant.
Les délires sont des reconstitutions factices et déformées d'un morceau de passé oublié qui conserve, en puissance, la propriété d'entraîner la croyance.
Je vis, le temps que dure le film, par procuration, m'accordant une fois encore cette prime de plaisir en échange de ce à qui le monde réel m'intime de renoncer : ces amours absolus, ces exploits héroïques, ces haines inavouables, ces vengeances intraitables, ces destins uniques qui ne seront jamais mon lot.
Curieux exercices que ces transcriptions de film qui ne cessent de s'ajouter aux autres depuis toutes ces années : tracer des lignes inertes dans le but insensé de saisir et de garder, entre les lignes, ce qui, du film, ne se transcrit pas dans le récit que je peux m'en donner.
Le cinéma de Visconti devient comme une loupe qui produit une image virtuelle, et grossie, de la durée.
(Sur Le Guépard)
Pour moi, il y a deux grandes catégories de musique de films : celle que j'entends, et celle que je n'entends pas.
Une psychanalyse, ça ne "marche" que quand on en a réellement besoin.