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Critiques de Jean-Jacques Sirkis (2)
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La grand-mère de Sherlock Holmes

On le savait, depuis l’aveu de Sherlock lui-même dans "L'interprète Grec", la grand-mère de Sherlock Holmes était française, et elle était même la petite sœur du peintre Horace Vernet (1789-1863) rejeton illustre d’une famille de peintres non moins célèbres.

Ces liens familiaux avaient déjà été exploités dix ans plus tôt, avec un certain succès, par René Reouven dans son inénarrable L’Assassin du Boulevard (1985) roman holmésien d’une totale réussite. Jean-Jacques Sirkis pouvait-il faire mieux ? Il imagine une nouvelle aventure levant le voile sur l’arbre généalogique du détective du Baker Street, et c’est ici Sherlock lui-même qui s’interroge sur ses origines familiales et sur l’histoire de ses parents, proches ou lointains, en menant une enquête captivante qui l’amènera sur les traces de ses ancêtres français. Et le résultat, s’appuyant sur une érudition sans faille et des recherches généalogiques poussées, est d’une profondeur et d’un réalisme stupéfiants !

Avec un style fluide et précis, sans lourdeur excessive, Sirkis développe son récit en intercalant certains faits avérés du canon doylien, et d’autres faits tout aussi irréfutables de l’Histoire officielle. Il parvient à forger une enthousiasmante chronique familiale certes partiellement imaginée, mais toujours consolidée par de nombreux témoignage et documents (cités dans la postface).

La première énigme suit la piste sanglante laissée par Jack l’Eventreur sur les pavés de Whitechapel, à Londres en 1888. À la même époque, Holmes est sur les traces du Chien des Baskerville. Mais de façon officieuse, il contribue parallèlement à l’identification du meurtrier en série, qui ne sera d’ailleurs jamais rendue publique par crainte du scandale et des répercussions politiques. Le ton est donné. Jean-Jacques Sirkis entrelace habilement la chronologie du canon, le contexte historique et politique, et les aléas d’une enquête officielle. Le récit enchaîne sur le scandale de Cleveland Street qui défraya la chronique et 1889 et qui sera révélé grâce à un astucieux stratagème de Sherlock Holmes.

Holmes rencontre ensuite l’actrice Sarah Bernhardt qui lui présente son amie Augusta Holmes, compagne de Catulle Mendès et probable fille d'Alfred de Vigny. Les recherches sur la généalogie du célèbre détective peuvent alors commencer. Elles le conduiront en France, mettront en lumière des liens familiaux improbables, et déboucheront sur des découvertes passionnantes. Son périple donnera à Holmes l’occasion d’exercer ses talents de détective à plusieurs reprises, et apportera un éclairage tout à fait innovant sur la réalité du « grand hiatus ».

Sirkis comble les trous, détecte les connexions cachées, renoue les fils, accumule les preuves historiques. Tout ceci est complexe et érudit, et Sirkis propose astucieusement en fin de volume des arbres généalogiques (familles Holmes, Vernet, Sade…) qui peuvent servir de guide au lecteur si celui-ci se perd en cours de route, en lui donnant les moyens de se raccrocher aux branches.
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Histoire(s) du Barroux

Cet ouvrage décrit, avec une approche des plus originales, un petit village provençal. Il ne peint pas le portrait de paysages, d’auberges, de cafés, ou encore les activités ludiques tel quela pétaque qui font la réputation ensoleillée du midi, mais tisse sur un ton picaresque la toile historique du Barroux, depuis les temps lointains où Hannibal franchissait les cols et les vallées avec sa cohorte d’éléphants « barrOUssant », jusqu’à l’aube du troisième millénaire.

On croit entendre Jean-Jacques Sirkis l’auteur lui-même marseillais n’a pas oublié la légendaire sardine qui a bouché le vieux port de sa ville natale ! Il noue parle, au zinc d’un café, avec force gestes des mains, d’histoires qu’il a déterrées au fil des ans en discutant avec les habitants du village où il s’est installé dans les années 1970 et d’où il a mené, avec passion, de longues enquêtes dans les bibliothèques et les musées vauclusiens de tous les environs.

C’est donc avec un intérêt particulier que je me suis plongé dans son livre, moi l’Irlandais qui ai passé, avec mes sœurs aînées, les étés de mon enfance au cœur du Barroux, dans une vieille maison au fond d’une impasse.

J’ai moins souvent l’occasion de descendre en Provence, mais le hasard m’a fait rencontrer dans la bibliothèque municipale du Barroux, un jour de grand mistral, Nic, la fille de J-J Sirkis. C’est pourquoi, quand elle m’a informé de sa découverte, dans le bureau de son père, au lendemain de sa mort en septembre 2020, d’un tapuscrit posthume sur notre village, et son initiative de le faire publier avec une postface qu’elle y ajouterait pour situer l’ouvrage dans son contexte, j’ai commandé sans attendre cet ouvrage dès sa parution en décembre 2021.

Ce récit commence dès l’Antiquité, à l’époque où les Grecs et les Romains étaient les maîtres de la Méditerranée, il y a plus de deux millénaires ; il raconte comment les papes sont venus de Rome installer leur Palais en Avignon. Puis il démêle la complexité des guerres de religions avant de conter la période de la révolution française, vue sous l’angle des paysans et des artisans du Sud de la France, avec les mouvements de troupes, les embuscades, les défaites et les victoires des villageois. Il nous explique l’évolution de la seigneurie en France et au Barroux et nous fait vivre les épisodes de ce village, accroché aux contreforts du mont Ventoux, depuis l’époque gallo-romaine jusqu’à la fin du XXe siècle.

Les histoires qu’il nous narre sont solidement ancrées dans la vie du village. Il a maintes fois grimpé, par la route en lacets, le kilomètre qui le sépare de son « Jas de Court », plus à l’écart, entre les rangées de vigne et les champs d’abricots et d’oliviers, pour évoquer les temps lointains avec les Barroussiens de sa génération et même avec les « anciens », témoins vivants devenus ses amis.

Les lecteurs qui connaissent ce coin provençal prendront plaisir à retrouver les histoires nombreuses de familles qui habitent toujours ce petit village, se succédant maille après maille sur la chaîne des générations.

Ce récit plaira aux passionés d’Histoire, et fera découvrir ce coin particulier, qui a été un peu le pas de porte du Comtat-Venaissin, entre les dentelles de Montmirail et le mont Ventoux, ce « Géant de Provence » balayé par le mistral qui, selon Georges Brassens… « nous rendra fous »

James Connolly.


Lien : https://connollyvalencia.wor..
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