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Citation de Charybde2


Sans doute plusieurs des invités du général von Hammerstein-Equord n’ont pas pris au sérieux le programme d’expulsion des peuples de l’Europe orientale et de germanisation de leur ancien espace de vie, ou la perspective, énoncée en clair, d’avoir à lutter à la fois contre la France et l’Union soviétique. Mais leur silence vaut approbation. Ce premier renoncement en appelle d’autres. Hitler est venu chercher un partenariat avec l’armée : il trouve une complicité, qui sera sans arrêt renforcée et radicalisée par l’incroyable série de succès diplomatiques, économiques et militaires qui, entre 1933 et 1941, en fera un mythe vivant, étouffant les scrupules, les craintes et les doutes des chefs militaires, à peu d’exceptions près. De façon spontanée – un des présents parlera d’un « appel venu du cœur » -, il a laissé voir certains de ses desseins les mieux cachés (il faudra attendre 1937, et plus encore 1939, pour qu’il en parle à nouveau). Cet aveu de faiblesse calculé, ce risque assumé lui a livré l’armée allemande, l’instrument consentant de sa future politique d’agression, de réduction en esclavage et de génocide. Il n’a laissé dans l’ombre qu’un pan de sa vision du monde, un pan pourtant central : la solution du « problème juif ». Cette alliance entre Hitler et l’armée, nouée dans la salle à manger du général von Hammerstein-Equord, pourrait fournir un début à l’histoire de l’opération Barbarossa si, depuis dix ans, elle n’avait déjà été en germe dans la tête d’Hitler. Sans cette alliance inconditionnelle, l’attaque n’aurait pas eu lieu ou, du moins, elle n’aurait pas revêtu le même caractère exterminateur. L’alliance se soudera, pour le pire, dans le serment personnel au Führer prêté à partir d’août 1934 et dans l’acceptation, pour les plus hauts gradés, de dons secrets d’argent, de domaines, d’exemptions fiscales, c’est-à-dire d’une corruption massive. L’opération Barbarossa est fille de la volonté conjointe d’Hitler et du haut commandement des forces armées. Les autres forces politiques, sociales ou économiques pèsent moins au regard de cette alliance.
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