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Citations de Jean-Loup Fontaine (11)


  La chute des feuilles…


Extrait 2

  Les oiseaux, le matin, les nuages,
la liberté, elle cache tout cela dans le
bois des portes ‒ elle y met de l'air
été comme hiver.

  Je m'étais levé ‒ on dit que cela
fait vivre, pourvu qu'on ait jusqu'au
dernier moment un peu de cendre
chaude dans sa chaufferette ‒, la petite
fille est venue me voir, et j'ai promené
ma lampe jusqu'au bout des jours
d'oubli.

  Elle est innocente, elle me fait mal.

p.23
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Vus de loin, les hommes…


   Vus de loin, les hommes ne sont
pas pires que le pain noir.

   Certains sont dignes d'une parole,
les autres blessent l'œil : ils ont ce je
ne sais quoi de honteux qui est la
marque des pignons dégradés.

   C'est la vie : une portion de bouillon
maigre, des hésitations, de l'encre, une
lampe de chevet, l'habitude ‒ en peu
de jours, et le préau à l'heure de la
récréation.

   Deux jeunes filles suivent un nuage
avec des yeux avides, elles marchent,
elles respirent, elles répondent de ma
vie.

   N'importe, c'est horrible, l'absence
vue de près !

p.13
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  Je cause…


  Je cause : il le faut bien, ce sont
de bonnes gens. Ils parlent de moi
comme d'une chose, mais je ne leur
en veux pas, j'ai habité pendant des
mois avec une pierre sous laquelle ils
fourmillaient. Comme des témoins.

  Il y  a  du  sang  sur  leur chemin,
venu on ne sait d'où, et leurs voix sont
rudes qui me réveillent quelquefois.

  Je  me  suis  dit : puisqu'ils  ne  se
déplacent qu'en fer à cheval ‒ comme
des témoins, n'y a-t-il pas en eux une
tragédie ?

p.17
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C'était par une sale journée d'octobre…


   C'était par une sale journée d'octo-
bre ‒ comme un corridor dans un
corridor.

   La ville n'était que bruits de petites
serrures compliquées qu'on manœu-
vre, de fenêtres jouant avec le vent.

   Soudain je vis que j'étais dans une
cour intérieure, au centre d'une fantas-
magorie de mots chargés de haillons.
Je n'aurais pas su où trouver mes
jambes, dans la réalité. Au premier pas
que je fis, ma tête monta un escalier
tournant en vis.

   Qui ne s'est jamais appuyé au mur
pour ne pas tomber, à minuit, sur un
quai, par une froide pluie d'automne ?

p.12
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Pendant des mois…


   Pendant des mois j'ai habité avec
une pierre, c'est comme d'habiter avec
une idée qui serait toujours la même
et se courberait sous son propre poids.

   La vie avait brodé d'arabesques la
mince étoffe de mon corps : j'étais un
théâtre la nuit, j'étais un jeune homme
avec des bras de marronnier, j'étais
une implacable promenade ‒ comme
un refrain derrière les murs d'une
prison.

   M'éveillai-je en disant : Ah ce n'est
qu'une pierre ! ‒ Aussitôt ses lourdes
paupières se refermaient sur ma lampe
de chevet : j'étais ce prisonnier ramené
dans son cachot et sur qui s'abat, aux
premières heures du jour, la paille de
ses propres mains.

p.11
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  La chute des feuilles…


Extrait 1

  La chute des feuilles n'arrête pas
les souffrances de l'arbre (elles pour-
rissent la pluie, elles lui font la main
moins légère, même si son histoire
demeure nécessairement inachevée).

  Je veille, il faut pourtant que cette
affaire finisse, l'ordre d'exécution est
minuté.

  Dès l'aube on entend la petite fille :
ses grands yeux noirs chantent dans
la pierre de taille. C'est ma fille, mon
enfant, elle jette des bottes de paille
aux prisonniers, elle rit au-dessus de
ma tête en guise de ciel.


p.22-23
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  Ne  multiplie-t-on pas les précau-
tions, aux premiers beaux jours, contre
leur horrible douceur  ‒  contre les
crapauds, contre les araignées,  et
leur esprit de vaudeville ?

  Ne confond-on pas la langue avec
une verrue qu'on lâcherait tous les
dimanches après la messe, comme la
veuve d'un pendu ?

p.16
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Vers cités en préambule du recueil
 
 
« Personne ne meurt de la mort,
nous mourons tous de la vie. »

Octavio Paz
(N'y a-t-il pas d'issue ?)
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