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Citations de Jean-Luc Maxence (38)


Je sens bien mieux le prix du tems
Plus il vole moins il m'échappe.
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Que sais-tu des plus simples choses
Les jours sont des soleils grimés
De quoi la nuit rêvent les roses
Tous les feux s'en vont en fumée
Que sais-tu du malheur d'aimer



Je t'ai cherchée au bout des chambres
Où la lampe était allumée
Nos pas n'y sonnaient pas ensemble
Ni nos bras sur nous refermés
Que sais-tu du malheur d'aimer


Je t'ai cherchée à la fenêtre
Les parcs en vain sont parfumés
Où peux-tu où peux-tu bien être
A quoi bon vivre au mois de mai
Que sais-tu du malheur d'aimer


Que sais-tu de la longue attente
Et ne vivre qu'à te nommer
Dieu toujours même et différente
Et de toi moi seul à blâmer
Que sais-tu du malheur d'aimer


Que je m'oublie et je demeure
Comme le rameur sans ramer
Sais-tu ce qu'il est long qu'on meure
A s'écouter se consumer
Connais-tu le malheur d'aimer

Aragon.
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Toi seule me semblait le meilleur de la vie,
Tu sais qu'en libertaire, ô femme, je t'aimais.
Un autre à mon amour lentement t'a ravie,
Tu ne veux qu'être à lui me dis-tu désormais.
Puisque ce qui fut tout redevient peu de chose,
Et puisque l'abandon abat le révolté,
Il faut donc qu'à l'amour avant tout on oppose
Non pas de la douleur mais de la volonté.

Ton corps depuis longtemps, sous mes folles étreintes,
Ainsi qu'aux premiers jours, ne s'abandonnait plus.
Sache bien que je suis un ennemi des plaintes.
Pour moi, regrets d'amour sont regrets superflus.
Je sais que les désirs ont des degrés suprêmes.
Qu'après eux vient toujours l'insensibilité,
Aimer, ne plus aimer, je crains ces deux extrêmes,
Femme, voilà pourquoi j'ai cette volonté.

A ma guise je veux faire mon existence
Me moquant des on dit et du qu'en dira t'on;
Les préjugés ma mie augmentent la souffrance,
Ou bien l'homme est un homme, ou bien un avorton.
Sur un terrain solide on observe, on constate,
On fouille pour trouver ce qu'est la vérité,
Et l'on voit que l'amour nous est alors néfaste
Si plus forte que lui n'est notre volonté.

Toi qui me repoussas et vis comme un outrage
Quand je te proposai, de vivre à trois, un jour,
Tu ne compris donc pas qu'admettre ce partage
C'était bien te donner une preuve d'amour.
Lorsque parlent les sens, contentons la nature,
Laissons là ce vieux monde et sa moralité,
Vivons comme vivra la société future
Où brilleront ces mots: Amour et Volonté.

A quoi bon discuter, donne-toi si tu l'aimes,
D'entraver un désir nul n'a le droit d'ailleurs,
Apprends que de la vie un des plus beaux problèmes,
C'est de toujours chercher à devenir meilleurs.
Adieu ma bien-aimée! Adieu, va, tout s'efface!
Nos coeurs ne chantent plus qu'un doux air de bonté,
L'exemple du présent doit servir de préface
Au livre de l'amour et de la volonté.

C. D'Avray
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V

Ces douceurs dont leur âme était souvent saisie,
En cultivant ainsi l’art de la Poésie,
Cen’est point pour eux-seuls qu’ils en cueillaient les fruits ;
De leur fécondité plus ils étaient instruite,

Et plus sur les humaine ils les voulaient répandre ;
Ils engageaient les cœurs qui pouvaient les entendre
A s’occuper du soin de révérer les Dieux,
Et de faire mûrir les germes radieux
Dont la main souveraine annoblit notre essence,
Ces élus n’écoutant que leur sainte éloquence,
Par leurs sons vertueux instruisaient les mortels,
Des Dieux par leur amour honoraient les autels,
Et faisaient ressortir du sein de leurs prières,
Un trésor de vertus, de dons et de lumières,
Qui de la Poésie annonçant la hauteur,
Unissait par sa voix et l’homme et son auteur :
Voilà sur quels appuis ils fondèrent leur gloire.
Aussi la mort n’a point terminé leur histoire.
Leur nom agit toujours depuis qu’ils ne sont plus ;
Ce nom seul reposant sur de nouveaux élus,
Peut faire entendre encor leur divine harmonie
Dans notre obscurité leur sublime génie,
A nos yeux incertains peut servir de flambeau :
’ Oui, Poètes sacrés, oui du sein du tombeau,
Vous pouvez élever votre voix prophétique ;
Il n’est plus loin de nous cet éternel portique
Où vont de vos accents retentir les accords.
Par vos sons il est prêt à verser ses trésors.
Parlez et dans l’instant la divine influence
Sur nous, sur l’univers coule avec abondance :
Parlez et de son souffle elle tient allumé
Ce feu générateur dont tout est animé
Je sens qu’elle m’élève, et que toute la terre
Avec moi se transporte au sein du sanctuaire :

Que tout prend un autre être en ce céleste lieu,
Que l’univers renaît et que tout rentre en Dieu.
Je sens..... Hélas ! Phanor, j’aurais voulu poursuivre ;
Mais ceux qui m’écoutaient semblaient ne plus me suivre.
J’exposais devant eux de trop vastes objets,
Leur esprit absorbé dans de moindres sujets,
Etait comme étranger au sens de mes paroles ;
Frivoles, ils trouvaient tous mes discours frivoles,
Et je parlais en vain à leurs sens prévenus ;
Bientôt même leur œil ne me distingua plus ;
Aux efforts de ma voix, la puissance suprême
Dans moi, dans tout mon être, agissant elle-même,
De sa divine ardeur paraissait me brûler ;
Mais trop pure pour ceux qui m’entendaient parler,
Elle absorba les traits de ma forme grossière,
Me rendit par degré à ma splendeur première,
Et du feu primitif forma mon vêtement.
La prompte agilité de ce saint élément
Rapide me portait vers la divine enceinte ;
Mon œil, en s’élevant vers ma demeure sainte,
Apercevait de loin les spectateurs surpris.
Mais malgré ce prodige, ils sentaient peu le prix
Des leçons que ma voix leur avait fait entendre ;
Leur néant empêchait leur cœur de me comprendre.
Dès-lors, de leur destin je n’ai plus espéré ;
Cet art qu’en ma présence ils n’ont point honoré,
Loin de moi chaque jour dans leur main dégénère,
Et mon nom va bientôt se perdre sur la terre.
Quel sera votre appui dans votre obscurité,
Malheureux, poursuivis par votre iniquité ?

Les tourments seuls auront le droit de Voue instruire ;
Déjà même ma voix ne doit plus les conduire.
Oui, Phanor, en rentrant dans l’immortel séjour,
Un suprême décret allarma mon amour ;
L’Éternel me donna des ordres ineffables
De ne plus éclairer ces Poètes coupables
Qui, pour lui, n’ont jamais allumé leurs encenf.
J’obéis à ses lois, et mes divins accents
Se bornant à remplir les célestes portiques,
Il n’est plus accordé d’entendre mes cantiques
Qu’aux mortels dont l’esprit brûlant de piété,
Vient s’asseoir avec moi près de la vérité ;
Dans son séjour sa voix m’a permis de t’admettre,
Et puisqu’à mon pouvoir tu viens pour te soumettre,
Contemple les trésors que réservent les cieux,
A celui dont le cœur craint et chérit les Dieux,
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III

Se renferme avec lui dans l’immortel séjour.
À peine du Très-Haut la parole sacrée
D’un ton si menaçant fut-elle proférée,
Que je sens de mon zèle accroître la chaleur ;
Ce zèle ne peut plus contenir la douleur
Que me cause le sort de tes malheureux frères,
Et pour les arrêter dans leurs pas téméraires,
Je vole avec ardeur vers les terrestres lieux.
Par une loi suprême, en descendant des cieux,
Je voile de mes traits la pompe glorieuse ;
Ma forme par degrés devient moins radieuse,
Moins vive, accommodée à mes secrets desseins,
Et semblable en tout point à celle des humains.
Comme un ami des arts, j’aborde les Poètes ;
Avec facilité je perce leurs retraites ;
Mais un coup d’oeil jeté sur leurs productions,
M’expliqua dans l’instant ces révolutions
Dont ils avaient troublé ma demeure céleste.
Je vis régner en eux l’erreur la plus funeste :
Ils osaient prononcer sur le vrai, sur le beau,
Tandis qu’ils n’étaient plus guidés par mon flambeau,

Et qu’ils méconnaissaient ma sublime origine.
Bien plus, fermant les yeux à ma clarté divine,
Leur faible esprit, déjà si prompt à s’égarer,
De mes droits souverains prétendait s’emparer :
Hautement a leur siècle ils voulaient faire entendre,
Que l’objet exclusif auquel ils devaient tendre,
En remplissant les airs du bruit de leurs accents,
N’était que d’émouvoir, n’importe dans quel sens ;
Que toute impression était indifférente,
Pourvu que le pouvoir de leur voix conquérante,
A l’esprit des mortels sut se faire sentir,
Et sous leur propre frein put tout assujettir.
Ces esprits aveuglés n’aspiraient à mon trône
Que pour déshonorer mon sceptre et ma couronne,
Et que pour abuser des pouvoirs de mon nom ;
Cet orgueil, cette soif de leur propre renom,
De nos premiers rapports resserra l’étendue,
Et ma lyre pour eux paraissant suspendue :
Tout ce que j’avais fait, les soins que j’avais pris
De leur bonheur, pour eux n’avait’plus aucun prix.
C’était peu qu’aveuglés par leur loi ténébreuse, .
L’histoire de ces faits leur parut fabuleuse,
Et laissa leur esprit dans son obscurité ;
N’ayant point dans la fable appris la vérité,
Par les tristes effets d’une erreur déplorable,
La vérité pour eux n’était plus qu’une fable.
Mais plus il se livraient à cet aveuglement,
Plus mon zèle divin désirait ardemment
De pouvoir dissiper leur funeste méprise.
Ainsi de mes desseins poursuivant l’entreprise,

Je crus que devant eux je devais prononcer
Des sons assez frappants pour les intéresser.
L’écho de mes accents au loin va se répandre :
Cent Poètes fameux désirant de m’entendre,
De toutes parts, vers moi, s’empressent de voler.
Dans un lieu préparé les faisant assembler :
Oui, dis-je, c’est en vain que votre esprit s’obstine,
A vouloir de votre art rabaisser l’origine,
En tâchant d’avilir sa destination.
En vain vous annoncez l’imagination,
Comme l’unique terme où cet art doit réduire
Les effets imposants que vous pouvez produire.
C’est trop grossièrement méconnaître à la fois
L’esprit de votre nom et l’objet de vos droits.
L’imagination si vive dans sa course,
Reçoit, réfléchit tout, mais de rien n’est la source,
Et rendant les tableaux qui lui sont présentés,
Dans aucun temps par elle ils ne sont enfantés.
Si votre art ne tient point à la source suprême,
Pourquoi vous adresser à la lumière même ?
Pourquoi le moindre trait que nous peint votre main,
Nous le présentez - vous comme un rayon divin ?
Vous semblez (et quel est l’instinct qui vous l’inspire)
Croire sur notre esprit n’avoir aucun empire ;
Si dans tous les tableaux que vous nous exposez,
Les couleurs, les objets n’en sont divinisés ;
Si du premier modèle ils ne sont pas l’image.
Aux sources de votre art, c’est assez rendre hommage ;
Au divin Apollon vous n’offrez pas uu vœu,
De vos droits mutuels qui ne soit un aveu,

Et ne prouve arec lui votre correspondance ;
Mais voyez à quel point va votre inconséquence :
Vous vous dites sans cesse inspirés par les cieux,
Et vous ne frappez plus notre oreille et nos yeux
Que par le seul tableau des choses de la terre,
Quelques traits copiés.de l’ordre élémentaire,
Les erreurs des mortels, leurs fausses passions,
Les récits du passé, quelques prédictions
Que vous ne recevez que de votre mémoire,
Et qu’il vous faut suspendre où s’arrête l’histoire :
Voilà tous vos moyens, voilà tous les trésors
Dont nous fassent jouir vos plus ardents efforts.
Pour nous représenter des tableaux si faciles,
On le sait, les secours des Dieux sont inutiles.
Ces tableaux, ces mortels en sont environnés ;
A l’examen de l’homme ils sont abandonnés.
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PHANOR,

POÈME SUR LA POÉSIE.II

Des traits de cet auteur ils sont tous l’assemblage :
Car Dieu ne pense point sans créer son image,
Sans former d’autres Dieux. Et cette vérité
Sur l’esprit des mortels a tant d’autorité,
Que dans tous les instants leur sublime nature
Leur en fait en secret retracer la figure.
De là ce noble instinct, cet orgueil des humains
Qui leur fait tant priser les œuvres de leurs mains :
Jusque dans les abus de leur saint caractère,
Ils veulent être pris pour les Dieux de la terre.
Oui, c’est Dieu qui t’anime. Un feu moins vif, mais pur,
Embrassant l’univers dans un cercle d’azur,
Etend autour du monde une triple atmosphère.
De ce feu, l’humble insecte et la superbe sphère
Tiennent tous deux la vie avec le mouvement.
Ce feu vif toutefois n’est pas un élément.
Tout élément est mixte, impur et variable ;
Mais ce feu qui l’engendre est simple, impérissable.

Tout ce que les mortels dans les terrestres lieux,
Connaissent de plus prompt, de plus impétueux,
Tout ce que leur raison, par l’étude exercée,
Offre do plus actif à l’œil de leur pensée,
N’égalera jamais en son activité,
Ni la seconde ardeur, ni la célérité,
Dont tout dans cette zone et se meut et s’opère.
Chaque agent y paraît une flamme légère,
Et leurs traits mutuels se croisant tour-a-tour,
Semblent à chaque instant produire un nouveau jour ;
Ou plutôt nul instant n’interrompt leur vitesse ;
Mille éclairs à la fois s’y succédant sans cesse,
Y répandent un feu si constant et si clair,
Que ce cercle y paraît un éternel éclair.
Ce feu puissant, selon la céleste doctrine,
Pour un objet terrible a reçu l’origine :
Il lui fut ordonné de produire le temps,
Pour tenir lieu d’exil à ces fameux titans
Qui ne peuvent franchir sa vivante barrière,
Qui toujours écrasés du poids de la matière,
Montrent à l’univers dans leur punition,
Quelle furent leur audace et leur ambition.
C’est dans le sein caché de cette vaste zone,
Que l’Etre souverain voulut placer son trône :
Il lui faut un séjour où le calme et la paix,
Sans efforts, sans combats, demeurent à jamais,
Où le zèle et l’amour de la vérité sainte
Forment les seuls remparts de sa divine enceinte.
Si pour créer le monde, il nomma des agents.
Il en choisit aussi pour brûler son encens,

Pour célébrer sa gloire, annoncer sa puissance,
Et ne jamais sortir de l’arche d’alliance.
C’est ainsi qu’autrefois, Lévi dans Israël,
Ne se livrait qu’au soin d’honorer l’Eternel,
Ce temple a dans son sein dix colonnes antiques :
Il s’élève au milieu de quatre grands portiques
Qui, par l’immensité de leurs dimensions. „ ’
Paraissent embrasser toutes les régions.
Leur hauteur, leur largeur de Dieu seul sont connues ;
Des cèdres éternels leur servent d’avenues :
Ces cèdres tout couverts de feux étincelants,
Etendent en berceaux leurs rameaux éclatants.
Sans interruption, ces rameaux s’aggrandissent :
Cette clarté s’accroît, ces berceaux s’élargissent,
Afin qu’en ces sentiers vastes et lumineux,
L’accès soit toujours libre aux prières, aux vœux,
De ces êtres divins dont la foule innombrable
S’accumule et se porte à sa source ineffable.
Ton esprit autrefois peut-être eût demandé,
Sur quoi, sur quels appuis ce temple était fondé ;
Mais ne lui cherche plus d’autre appui que Dieu même ;
Vois tout comme inhérent avec l’agent suprême :
Trône, autel, sacerdoce, à son nom suspendus,
Avec lui-même unis et non pas confondus,
Expriment il la fois sa vie et sa puissance,
Et sont les attributs de sa propre existence.
Ce sont là ces objets sublimes et sacrés,
Dont les sages mortels à mon nom consacrés,
Concevaient autrefois la divine harmonie :
Il est vrai que ces dons de la source infinie

Nourrissaient seulement mes premiers favoris :
Pour ceux dont je (levais ménager les esprits,
Mon front s’enveloppait de voiles, de mystères,
J’avais soin de couvrir d’emblèmes salutaires
Ces traits, ces vérités trop profondes pour eux ;
Mais, Phanor, en prenant ces soins officieux,
J’avais toujours pour but d’exercer leur pensée ;
Pour eux-seuls j’envoyais Cœlus, Rhéa, Persée,
Pour eux-seuls j’enseignais comment naquit Pallas ;
Quelle force en rocher put transformer Atlas,
Et dans les sombres lieux précipiter Tipbée ;
Quel charme s’exhalait de la lyre d’Orphée !
Quel pouvoir émané des Dieux libérateurs,
Fit placer dans les cieux Astérope et ses soeurs,
Et refusa pourtant à l’heureuse Astérope
Les dons que possédait la muse Calliope :
Ces dons qui florissant sur le mont Cithéron,
Pouvaient fléchir Minos, dessécher l’Achéron,
Expliquer aux mortels les secrets d’Uranie,
Et les initier à ma sainte harmonie.
D’autrefois déposant ces voiles fabuleux,
Je leur offrais des faits plus clairs, plus dignes d’eux.
C’est ainsi que ma main, au sein de la Chaldée,
Vint allumer ce feu qui remplit la Judée,
Et montrer par l’éclat de son embrasement,
Que mes propres vertus lui servaient d’aliment.
C’est ainsi que mon nom par d’étonnants prodiges
Des Prêtres de Memphis dissipa les prestiges ;
Que même de Sion la superbe Cité,
Après avoir langui dans la stérilité,

Par mes soins tout a coup nagea dans l’abondance ;
Jusqu’aux bornes du monde étendit sa puissance ;
Sous de nouveaux accords enseignés par les cieux,
Eleva dans les airs ses chants mélodieux ;
Sut à la fois du haut de sa cime embrasée,
Faire éclater la foudre, ou verser la rosée,
Selon qu’elle eût à perdre ou bénir les mortels.
Bien plus, Phanor, ces traits puisés sur mes autels,
Toute la terre a vu leurs sources créatrices,
En divisant le cours de leurs eaux productrices,
Venir de mes trésors enrichir l’univers,
Et répandre en tous lieux ,l’empire de mes vers.
Tu le sais, on a vu l’art de la Poésie,
Après avoir brillé dans le sein de l’Asie,
Se répandre parmi toutes les Nations,
Le sauvage lui-même en sentir des rayons,
Et mon astre depuis l’Ebre jusqu’à la Chine,
Des sciences partout précéder l’origine.
Oui, Phanor, on a vu tous les peuples fameux
De l’enfance subir encor le joug honteux,
Et posséder déjà des Poètes célèbres.
On a vu mon flambeau dissiper ces ténèbres,
A son feu chez l’Anglais éclore les Chaucer,
Les Fox, les Shakespear, les Hilton, les Spencer ;
Chez les fameux Romains, les Plaute, les Térence,
Les Ennius, fermer les siècles d’ignorance ;
Le nom français devoir son siècle le plus beau,
Aux Corneille, aux Racine, aux Molière, aux Rousseau.
Les Dante, les Pétrarque, arracher l’Italie
Au néant où les temps l’avaient ensevelie.

Enfin ces faits frappants que ma voix t’a cités, ’
Autrefois chez les Grecs se trouver répétés
Par les chants d’Hésiode et la lyre d’Homère.
Ces pouvoirs, ces trésors, ce flambeau qui m’éclaire,
A nos deux univers avaient droit d’assurer
Un tel repos que rien n’aurait dû l’altérer ;
Et mes élus soumis à des lois si propices,
Auraient pu se nourrir d’éternelles délices :
Et cependant ces jours si beaux, si fortunés,
Si doux pour mon empire, à peine étaient-ils nés,
Que j’en vis affaiblir et l’éclat et les charmes.
Ce fut pour prévenir de plus grandes alarmes,
Qu’alors je fis briller parmi les Nations,
Ces emblèmes divers, toutes ces fictions
Qui pouvaient de la nuit dissiper les nuages,
Et signaler le port du milieu des orages ;
Mais l’homme a ses écarts donnant un plus grand cour»,
Loin de mettre à profit mes utiles secours,
S’est livré d’autant plus à sa pente fatale,
Et de son monde au mien, augmentant l’intervalle,
Chaque jour vers l’erreur il s’est précipité ;
Plût au ciel qu’il ne fut que dans l’obscurité.
Mais dans ces derniers temps, un bruit épouvantable,
M’a trop appris combien son sort est lamentable.
Phanor, soudain, j’entends un mélange confus
De sons faux, et d’accents mal formés, mal rendus,
Qui choquent de mes lois la divine harmonie.
Du séjour des mortels je crois ma voix bannie ;
Je crois qu’ensevelis dans ce lieu ténébreux,
Ils ont tous oublié le seul art d’être heureux :

Cet art que leur dictaient mes leçons salutaires,
Et je cens que leur voix profanant mes mystères,
Ne va plus désormais remplir ma région
Que des cris de désordre et de confusion.
O douleur ! .... à l’instant la sagesse éternelle,
Qui seconde toujours mon amour et mon zèle,
M’ordonne de paraître à son saint tribunal.
Comme elle me choisit pour servir de canal
Aux dons qu’elle destine aux illustres Poètes,
Je désirais, suivant ses volontés secrètes,
Déposer à ses pieds les fertiles moissons
Que sa justice a droit d’attendre de ses dons.
Mais en portant mes pas au bord du sanctuaire,
N’y pouvant plus offrir le tribut ordinaire
Des hymnes de la terre et du chant des humains,
Je ne sus qu’élever de suppliantes mains,
Attendre, l’œil en pleurs, humble et dans le silence,
Les ordres souverains de la Toute - Puissance.
Du sein des profondeurs d’un nuage enflammé,
Par le feu des esprits dont il est animé,
L’Eternel m’aperçoit ; le nuage s’entrouvre :
La majesté suprême à mes yeux se découvre,
Le Dieu parle : » pourquoi n’entends-je plus les voix
Des mortels que ton nom a soumis à tes lois ;
Fatigués de te suivre et d’être tes organes,
Ne profèrent-ils plus que des aecents profanes ?
Auraient-ils fait un pacte avec l’iniquité ?
Et seraient-ils jaloux de-ma divinité ?
Descends Vers eux, apprends à leur cœur indocile,
Que sans toi, tous les maux rempliraient leur asile,

Que mon amour pour eux se plaît à prévenir *
Leurs écarts insensés, bien plus qu’à les punir ;
Mais que si s’arrêtant dans leur obscur dédale,
Ils ne désavouaient leur coupable scandale,
Ils forceraient mes dons à se retirer d’eux,
Et qu’il me suffirait pour les voir malheureux,
De les abandonner à des lois étrangères."
Il dit : les Chérubins de leurs ailes légères
Environnent le trône, et la céleste cour
Se renferme avec lui dans l’immortel séjour.
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Louis-Claude de Saint-Martin

PHANOR,

POÈME SUR LA POÉSIE.



J’abjure pour jamais, céleste Poésie,
La vive ambition dont mon âme est saisie,
Si brûlant à l’aspect de ta sublimité,
De chanter tes rapports avec la vérité,
Par un orgueil jaloux, j’appelle la victoire,
Et n’ai d’autre intérêt que celui de ma gloire ;
Ou bien si devant toi, venant me prosterner,
Je n’implore tes dons que pour les profaner.
Non, non, je ne viens point envier la couronne
A ceux que la sagesse appelle vers ton trône ;
De leur juste triomphe admirateur soumis,
Plus j’aurai de vainqueurs et plus j’aurai d’amis.
Il est pur le regard dont mon œil te contemple.
Un zèle saint m’amène aux portes de ton temple.
Je viens m’y consacrer à l’honorable emploi
D’enseigner aux humains les douceurs de ta loi.

Je veux leur découvrir la hauteur des merveilles, Dont tes sons autrefois frappèrent nos oreilles, Et planant avec toi, les forcer d’admirer L’heureux terme où ton nom leur permet d’aspirer. Sous ce nom vers mon but je vole en assurance, L’ardeur de te servir nourrit ma confiance ; Je viens pour te venger, pour braver les arrêts De ces juges trompeurs qui, par leurs vains décrets, Ont souillé tes autels, déshonoré ton culte, Et dont la main profane ajoutant à l’insulte, Ferme ton sanctuaire à tes adorateurs.
Prends ton sceptre, commande à tes traits créateurs, De venir égaler ma force à mon courage. Qu’ils prêtent à mes vers ce charme, ce langage, Ce ton vrai qui saisît, cette douce chaleur Qui sous les yeux du goût, se glisse jusqu’au cœur. Et bientôt les mortels frappés de ta lumière, Ne verront le bonheur qu’au sein de ta carrière. Tout se meut, tout doit l’être au pouvoir de tes dons, Diront-ils, ouvrons donc notre oreille à ses sons ; Heureux, si notre lyre un jour est assez pure, Pour célébrer ses droits sur toute la nature !
Tu m’exauces. J’entends que du séjour des Dieux Tu m’appelles, ta voix m’attire vers les cieux. Déjà calme, impassible aux troubles de la terre, Ce n’est plus qu’à mes pieds que gronde le tonnerre. Loin de ce globe, loin de son souffle empesté, Je crois voir en esprit l’ordre et la majesté Régner dans ces beaux lieux où tu pris l’origine ; Tes crayons se tremper dans la source divine,

Pour prendre en traits de feu la grandeur de tes droits ;
L’air, les astres, l’esprit s’agiter à ta voix ;
Tout l’olympe exhaler cette ambroisie,
Qu’aux siècles reculés, la fable avait choisie,
Non pour marquer des Dieux les loisirs indécents ;
Mais pour nous exprimer ces sublimes élane
Dont tu sais émouvoir l’âme des grands Poètes.
Je vois tous les élus comme autant de prophfcles,
Eclairer l’univers, adoucir ces tourments,
Oser même imposer des lois aux éléments,
En inclinant sur eux le sacré caducée.
Que dis-je, la sagesse à t’instruire empressée,
Dévoile à tes regards ses plus secrets ressorts ;
Et toi tu viens m’offrir ces précieux trésors
Qui ne peuvent germer qu’au sein du sanctuaire.
Oui, Phanor, elle veut que mon flambeau t’éclaire.
Elle est toujours ardente à couronner les vœux,
A s’unir aux accents des mortels généreux
Dont l’esprit se consacre à sa gloire immortelle.
Tout désir vertueux est un titre auprès d’elle.
Viens donc, viens admirer sous ces doctes pinceaux
Les diverses couleurs qui parent mes tableaux.
Cultes, fables, science ou sacrée ou profane,
Tout de la vérité peut devenir l’organe.
Souvent elle a paru sous l’air des fictions ;
Souvent elle a parlé comme les passions.
Mais tu t’abuserais si jamais ta pensée
De ces variétés pouvait être blessée.
Porte au loin tes regards, rends-les assez perçants
Pour discerner partout les signes éclatants

Des dons que m’accorda l’être incompréhensible.
Par lui j’ose embrasser la nature visible,
L’abîme, le cahos, l’homme, le firmament.
Ce grand tout a pour base un sacré fondement,
Qu’an lieu de l’adorer, l’homme voulut connaître.
Vains efforts : l’Être seul de qui tout reçoit l’être,
Dans son essence intime a droit de pénétrer ;
Mais dans ses faits puissants il daigne se montrer ;
Contemple - les : du sein de sa propre lumière,
Jusqu’aux derniers rameaux où germe la matière,
S’étendent les pouvoirs de l’agent créateur.
Par des rayons divers son feu générateur,
Fait briller les trésors de sa source infinie.
L’un de ces traits dans l’homme allumant le génie,
Apprend à ton esprit qu’il est né dans les cieux :
Par l’autre il fait mouvoir l’univers à tes yeux.
D’autres, ministres purs de son intelligence,
Tiennent dans son conseil l’éternelle balance.
C’est-là qu’il pèse au poids de la sainte équité,
Des desseins et des plans dont la sublimité
Ne permet qu’à lui seul d’en percer le mystère.
Malgré ces traits nombreux, il n’est qu’un sanctuaire ;
Il n’est qu’un feu sacré dont les rayons puissants,
Répandus dans les cieux, dans l’enceinte du temps,
Brillent sur ce qui pense et sur ce qui respire ;
Aussi, quelqu’étendu que soit son vaste empire,
Du seul Dieu que je sers tout étant provenu,
Pour cet agent suprême il n’est rien d’inconnu,
Bien qui puisse éviter l’œil du souverain maître.
Dès que les traite divins remplissent tout, nul être

Ne conçoit un désir, n’opère un mouvement,
Sans produire sur eux un vif ébranlement
Qui, par de prompts signaux dont la chaîne est suivie,
Fait que tout monte et frappe au siège de la vie.
C’est peu d’ouvrir les yeux à la nécessité, Que le plus simple fait sur la terre enfanté Se lie à tous les faits de l’ordre incorruptible ; Il faut que cette loi te devienne sensible, Que ton œil entrevoie à cette liaison Une clé lumineuse, une grande raison. Elle existe, et je viens d’en épargner l’étude. Tout consiste, tout gît dans la similitude : Que les lois et les noms de mille objets divers Gardent toujours entr’eux dans les deux univers. Dans ton monde on connaît ces mots : intelligence, Morale, jugement, poésie, éloquence, Et mille autres aux arts, aux talents consacrés. Et dans le mien ces mots bien loin d’être ignorés, D’autant d’êtres vivants sont les noms véritables ; Des suprêmes décrets les lois inaltérables, Aux pieds de l’Eternel ont placé dans les cieux Des agents purs, des chefs qui comme autant de Dieux, Environnés des feux d’une sainte atmosphère, Etendent leurs regards jusqu’au sein de la sphère ; Ils président, chacun en vertu de leurs noms, Sur l’un de ces talents et sur l’un de ces dons, Que l’Être universel remit a, ton usage, Pour orner ton esprit, ton cœur et ton langage. C’est de là que la fable a peint son Apollon, Rassemblant tous les arts dans le sacré vallon,

Les consacrant chacun aux soins d’une déesse,
Et les fertilisant par les eaux du Permesse :
Ainsi sur tous ces dons tu ne peux t’exercer,
Tu ne peux exprimer leurs noms, même y penser,
Sans que ce simple effort opéré dans ton monde,
N’atteigne jusqu’au mien et qu’il n’y corresponde.
A ces noms, à ces chefs, dont les puissants ressorts
De nos deux univers forment tous les rapports :
Mais à leur doux accent, la terre réunie,
Ne veut-elle former qu’une juste harmonie ?
Il faut en s’exerçant dans les terrestres lieux,
Que l’homme sympathise avec ces demi-Dieux ;
Que dans lui tout s’accorde avec leurs lois suprêmes ;
Que précis, mesuré comme ils le sont eux-mêmes,
Le coup d’œil le plus sûr, l’ordre le plus exact,
Règle ses plans, son goût, ses paroles, son tact,
Et l’assimile en tout à ses correspondances.
Sans cela, loin d’offrir de justes consonnances,
Et loin de retracer sous leur vrai coloris,
Ces dons et ces talents des muses si chéris,
Il n’en exprime plus qu’une image confuse ;
Il ne rend qu’un vain son que l’oreille récuse ;
Sa discordante voix n’exprimant aucun sens,
Va remplissant les airs de barbares accents
Qui, propageant au loin leur choc et leur désordre,
De ma demeure même, ont droit de troubler l’ordre.
Qui peut de ces dangers mieux l’instruire que moi, Puisque du saint conseil la souveraine loi De tout temps m’honora du nom de Poésie’ ? En vertu de mon nom l’Eternel m’a choisie

Pour porter à jamais son flambeau souverain,
Sur ce céleste don, sur ce talent divin
Qui passe tous les dons, et pour qui tu m’implore.
Phanor, faut-il fixer les yeux sur son aurore ?
Tu gémiras de voir quelle fatalité
A su depuis longtemps obscurcir la clarté
Dont cet astre radieux brillait à sa naissance.
Ce rayon pur extrait de la plus pure essence,
Aux premiers jours du monde éclaira les humains.
La lumière que Dieu remit entre leurs mains
Devait guider leurs pas dans la nuit de la vie.
Tranquilles, fortunés pendant qu’ils l’ont suivie,
Rien ne peut exprimer les douceurs de leur sort.
Telle est l’activité de ce divin ressort,
Qu’ils semblaient dans leurs vers traduire la nature,
De l’univers entier dessiner la structure ;
Servir partout d’organe à la vertu des cieux,
Tout leur être était plein de l’image des Dieux.
Aussi rien n’égalait l’ordre et la paix sacrée
Qui fforissaient alors au sein de l’empirée.
De mes élus les sons sagement cadencés,
Tous les objets par eux fidèlement tracés,
Et de tous leurs tableaux la touche régulière,
Paraissait à mon œil unir la terre entière.
Ma lyre secondait ces vertueux accents :
Ces saints accords servaient de mobile à l’encens
Dont se doit parfumer l’autel où Dieu réside,
Et semblaient s’élever par un vol plus rapide.
Mais Phanor, plus tu crois à la beauté des dons
Que ces dignes élus puisaient dans mes leçons,

Plus tu sais t’assurer des droits a leurs lumières.
Fixe donc un instant l’objet de nos mystères ;
C’est le prix que mon Dieu destine à ta vertu ;
Le ministère saint que du ciel j’ai reçu,
Me fait servir d’organe à cette récompense ;
Au nom de poésie il joint l’intelligence,
Et, sous ce double titre, il m’est permis d’entrer
Où jamais des mortels l’oeil n’a pu pénétrer.
Bien n’est mort, Dieu voit tout, et tout dans son empire
Vit par lui, de son souffle il engendre, il inspire
L’homme et tous les agents que leur titre divin
Rend libres et chargés de leur propre destin.
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Louis-Claude de Saint-Martin

ACROSTICHE,
Sa profonde sagesse excitera les hommes
A suivre les sentiers de l’aimable vertu.
Il se plut à prouver dans exil où nous sommes,
Notre haute origine ... et tant qu’il a vécu,
Terrassa les erreurs de la philosophie.
Maître doux et modeste, il consacra ses soins
A ranimer pour Dieu le zèle des humains.
Respectons sa mémoire en imitant sa vie.
Tes œuvres, ô grand homme ! en ces jours ignorés,
Illustreront ton nom et feront mieux connaître
Notre religion et ses livres sacrés.

L. G. G.
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Louis-Claude de Saint-Martin

ÉLÉGIE.

O trop cruelle mort, tu viens nous enlever
Saint-Martin, ce savant dans la théosophie ;
Il combattit l’erreur et sut se préserver
De ces systèmes vains de la philosophie.
Tendre ami, charitable, et chrétien vertueux,
Par ses profonds écrits, surtout par son exemple,
Il a voulu prouver que l’homme n’est heureux,
Si Dieu n’est dans son cœur, comme dans son vrai temple,
Prié, remercié de ces dons éternels....
Et si cet homme enfin ne voit de biens réels,
Parmi les maux affreux dont notre terre abonde,
Que dans l’amour divin, dans ce puissant secours ;
Lui-seul peut sauver de ce déluge immonde,
Jusqu’à ce qu’il atteigne aux immortels séjours.
Ces douces vérités méritent notre hommage :
Imitons, s’il se peut, les vertus de ce sage,
Qu’avec tant de sujet nous pleurons aujourd’hui,
Calamité pour nous, c’est le bonheur pour lui ;
Du bien qu’il nous a fait il reçoit la couronne :
Ce Dieu qu’il aima tant, c’est lui qui la lui donne.
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À Abydos, fille d’Isis, Résurrection

Mon nom est Résurrection !

Le sang est ma coloration,

Je suis la rose d’Osiris.



L’Acacia m’est connu,

Entre le Compas et l’Équerre,

Entre les Colonnes de naguère.

La Parole est perdue !



Placée au centre de la Croix,

Entre la Vie et la verticalité,

Entre la Mort et l’horizontalité,

Du mystère tu auras l’effroi.



Soleil invaincu de Mithra,

De l’initié je suis le secret.

Et le serviteur discret,

Signe par lequel tu vaincras.

Pierre outils

Dans l’antique athanor,

Avec le pain et le vin,

Toujours et sans fin,

Du vil plomb fera de l’Or.



La Charité, en son cœur, embrasé,

Avec l’Espoir, ce saint Graal, le chevalier

Par le Verbe et la Foi va faire flamboyer,

L’Être en son sein par l’égo écrasé.



Purifié par le Feu de l’Esprit,

Ta Nature régénérée,

Ta Pierre dépoussiérée.

L’abandon de l’Ego est le prix.



JMC
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Par mon imaginaire, je me sens fort comblé
Il me révèle enfin, du symbole le prestige
En me montrant la loge, tel un carré de blé
Dont nous formons mes frères, les épis sur leurs tiges

La maçonnerie n'est-elle, un grand champ de labour
Aux sillons ancestraux, toujours recommencés
Qui dit terre dit racines, ces creusets de l'amour
Pour que soient nos temples, par lui ensemencés

Mais il n'est bonnes semailles, sans des nuages la pluie
Nous serions paille morte, privés de leur cadeau
Jusqu'à nos émotions, quand tout à coup l'oeil luit Compagnon
Ne pourrions exprimer, par une douce perle d'eau

Au gré de mon fantasme, nous frisons sous le vent
Protégeant de nos têtes, les trois fleurs du drapeau
Libres comme l'air dit-on, répétons-le souvent
Ne sommes-nous nés au monde, liberté dans la peau

Comme il faut autour d'elles, pour que nos tiges grandissent
D'herbes folles la tendresse, du chardon le mordant
Il faut du soleil-roi, pour que nos grains mûrissent
La lumière et le feu, de ses rayons ardents

De germes en récoltes, de froment en levain
J'entends votre message, compagnons de moisson
Du latin companem, "qui partagent le pain"
Tant que vivront les Hommes, seront les Francs-Maçons

Gilbert GARIBAL
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Le Temple perdu,


Sous la voûte sombre d'un ciel d'orage,

errent, en vain, trois Maîtres bien connus,

ils recherchent dans des ruines anciennes,

le secret de la Parole perdue.



Abandonnées aux ronces et à la forêt,

gisent les Colonnes brisées du long carré,

d'un temple aux origines lointaines

qui, du cœur de l'Homme est l'héritage !



De la Foi et de la Charité on porte le deuil,

seule la pâle lueur de l'Espoir brille encore.

D'épais nuages noirs cachent les étoiles d'alors,

les outils abandonnés jonchent le sol,

les ouvriers ont perdus les symboles

et les secrets de l'Architecte sont dans le cercueil.



Les Ténèbres recouvrent la Terre,

la Lumière les a pourtant traversés,

Mais ils ne l'ont point reconnue.

Le vol de l'Aigle dans les nues,

tente par le Verbe de les transpercer,

à la bête il apporte la guerre.



Dans les ruines sacrées du Temple de l'Ego,

les trois Maîtres recherchent le Graal,

Le premier est celui du mental.

Le deuxième, est celui de nos désirs,

de tous nos phantasmes et de nos plaisirs.

Le troisième, celui du corps physique

qui écoute du monde la musique.

Tous trois sont Un et de l’Ego sont les Ergots.



JMC
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Sur le chemin de l'étoile, est la quête
De celui qui cherche l'illumination.
Au de-là des êtres et des nations,
A la recherche de la parole perdue,
Aux ténèbres des enfers descendu,
Trouvera tour à tour, l'ange, ou la bête.

Que celui qui a perdu le chemin de la quête
Lève les yeux vers la voûte étoilée
Dans les ténèbres de l'esprit voilé
La lumière de l'Étoile Flamboyante
Guide et illumine l'âme vaillante
Et indique au pélerin la direction secrète.

A l'opposé du Ponent, où veille Aldébaran du Taureau, à l'Orient,
Commence le chemin de l'initié qui va à l'Occident
Où dans la force, Antarès, au centre du Scorpion, l'attend.
Puis allant vers le royaume du Poisson Austral,
Où règne Fomalhaut, Gardienne du Midi astral
La route des étoiles conduit vers le Septentrion
Où est Regulus dans la constellation du Lion.
A nouveau vers Antares, il établira, pour retourner à l'Orient.

Entre le ciel et la terre, entre l'esprit et la matière,
Sur la voie de l'illumination mystique,
Selon les rites de l'initiation antique,
Tracée entre l'équerre et le compas,
La lumière de l'étoile donne les pas.
Ainsi est l'homme entre les Ténèbres et la Lumière.

Au centre de l'Étoile est le divin principe
Au fond du coeur de l'initié,
Dans l'amour il est fortifié.
Car dans le Pentagramme élancé
La dimension de l'homme est tracée.
Elle guide le compagnon et elle l'émancipe.

JMC
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Des Temples de Memphis,
À la Grèce antique,
Loin des esprits sceptiques,
Est la Voie d'Osiris.

La connaissance de soi,
Par l'éveil de la conscience,
Est la véritable science,
De celui qui la perçoit.

Visite l'intérieur de la Terre d'Hiram,
En rectifiant, tu trouveras le passage,
Et l'ancienne Pierre occulte des Sages
Très véritable médecine de l'Âme.

Si des bâtisseurs tu entends le langage
Des outils et des symboles,
Tu comprendras ton rôle
Qui sur pierre est gravé, au long des âges.

Travaille avec ardeur ta Pierre
Sur le Chantier de la Vie,
Ôte de ton Cœur l'Envie,
Et tu seras dans la Lumière.

De ton passé, n'hésite pas à dire, adieu !
Soit, toi-même, et sans aucun reproche,
De la matière, évite les accroches,
Et, tu connaîtras, l'Univers et les dieux !

L'Être des êtres par ce mystère te répondra,
Dans les profondeurs du miroir,
Tu pourras découvrir l'Espoir,
De celui qui est et qui sera ce que tu voudras...

JMC
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Rudyard Kipling (30 décembre 1865 à Bombay – 18 janvier 1936 à Londres).

La Loge mère

Il y avait Rundle, le chef de gare,

Beazelay, des voies et travaux,

Ackman, de l’intendance,

Donkin, de la prison,

Et Blacke, le sergent instructeur,

Qui fut deux fois notre Vénérable,

Et aussi le vieux Franjee Eduljee,

Qui tenait le magasin « Aux Denrées Européennes ».

Dehors, on se disait : « Sergent !, Monsieur !, Salut !, Salaam ! »,

Dedans, c’était « Mon Frère », et c’était très bien ainsi.

Nous nous rencontrions sur le Niveau et nous nous quittions sur l’Équerre,

Moi, j’étais Second Diacre dans ma Loge-Mère, là-bas !

Il y avait encore Bola Nath, le comptable,

Saül, le Juif d’Aden,

Din Mohammed, du bureau du cadastre,

Le sieur Chuckerbutty,

Amir Singh, le Sikh,

Et Castro, des ateliers de réparation,

Le Catholique romain !

Nos décors n’étaient pas riches,

Notre temple était vieux et dénudé,

Mais nous connaissions les anciens landmarks

Et les observions scrupuleusement.

Quand je jette un regard en arrière,

Cette pensée souvent me revient à l’esprit :

Au fond, il n’y a pas d’incrédules,

Si ce n’est peut-être nous-mêmes !

Car tous les mois, après la tenue,

Nous nous réunissions pour fumer

(Nous n’osions pas faire de banquets de peur d’enfreindre la règle de caste de certains frères)

Et nous causions à cœur ouvert de religions

Et d’autres choses

Chacun de nous se rapportant

Au Dieu qu’il connaissait le mieux.

L’un après l’autre, les Frères prenaient la parole

Et aucun ne s’agitait.

Jusqu’à ce que l’aurore réveille les perroquets

Et le maudit oiseau porte-fièvre ;

Comme après tant de paroles,

Nous nous en revenions à cheval,

Mahomet, Dieu et Shiva

Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.

Bien souvent depuis lors,

Mes pas errants au service du gouvernement,

Ont porté le salut fraternel

De l’Orient à l’Occident

Comme cela nous est recommandé,

De Kohel à Singapour.

Mais comme je voudrais les revoir tous

Ceux de ma Loge-Mère, là-bas !

Comme je voudrais les revoir,

Mes Frères noirs ou bruns,

Et sentir le parfum des cigares indigènes

Pendant que circule l’allumeur,

Et que le vieux limonadier

Ronfle sur le plancher de l’office,

Et me fait retrouver Parfait Maçon

Une fois encore dans ma Loge d’autrefois.

Dehors, on se disait : « Sergent !, Monsieur !, Salut !, Salaam ! »

Dedans, c’était : « Mon Frère », et c’était très bien ainsi.

Nous nous rencontrions sur le Niveau et nous nous quittions sur l’Équerre,

Moi, j’étais Second Diacre dans ma Loge-Mère, là-bas !
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Si ... de Rudyard Kipling

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie,
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties,
Sans un geste et sans un soupir.

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre.

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles,
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d'un mot.

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi.

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n'être qu'un penseur.

Si tu sais être dur sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant.

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite,
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête,
Lorsque tous les autres les perdront.

Alors les rois, les dieux, la chance et la victoire,
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et ce qui vaut bien mieux que les rois et la gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
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"Je ne sais lequel d'entre nous est le plus poète, de celui qui écrit ou de celui qui lit." (Jean Cocteau)
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"Sous le monde réel, il existe un monde idéal qui se révèle, resplendissant, à ceux que leurs méditations ont accoutumé à voir dans les choses plus que les choses.
La poésie, c'est ce qu'il y a de caché et d'intime dans tout..."

(Victor Hugo)
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