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Citations de Jean-Luc Maxence (38)


Cette lenteur d'être qui retient le bonheur
Dans la crainte du jour où la fin viendra
La fin de notre soleil, le bout de nos terres
Quand il s'agira de s'enfoncer sans un mot de plus
Dans les bras de l'Obscur
Quand l'un de nous saluera l'autre
A partir de quand? Qui sait? Demain peut-être?
L'amour se compte à rebours
Dès que la vie tend sa note à la mort
Comme en passant
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Dieu a créé un pays plein d'eau pour que les hommes puissent vivre et un pays sans eau pour que les hommes aient soif, et il a créé un désert : un pays avec et sans eau, pour que les hommes trouvent leur âme
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ANGLICISME

Cette nuit la lune m'a visité. Elle allait descendre derrière les toitures quand elle a passé sa main entre les rideaux de mon lit, non pas elle, mais toi. Puis de ses doigts de corolle elle a rabattu mes paupières sur les songes, non pas elle, mais toi. J'ai voleté dans la grange du sommeil comme l'oiseau qui ne trouve pas de perchoir. Alors le silence du matin m'a descellé les yeux, non pas lui, mais toi. L'admirable pureté du ciel se tenait à la fenêtre sans autre parole que ton regard. Et tout l'après-midi la splendeur des nuages a vogué au-dessus des tombes.
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Pont-Saint-Esprit

Les adolescents ont l’allure un peu folle de ceux qui battent la campagne durant le jour et qui, pendant la nuit, jouent avec le vent, les sapins et le désir des jeunes filles qu’ils amusent, le temps d’une rencontre, sans savoir que des visages sous la terre les écoutent.
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Sumo

Ventre bondé, ils s’attrapent.

Impassibles, ils jaugent l’endurance des zones à désosser. Ils s’étreignent, se poussent, se portent, s’échappent rarement.

Dans une violence exquise, commence la lutte des bibendums placides.

Leur pensée est plus basse, pour le souffle.
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"Vous ne prendrez pas les mots pour les idées !"
"Certains se font de la poésie une idée si vague, qu'ils prennent ce vague pour l'idée même de poésie."
Paul Valery
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"L'été vient, mais il ne vient que pour ceux qui savent attendre, aussi tranquilles, aussi ouverts que s'ils avaient l'éternité devant eux." Rainer Maria Rilke
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IV

Vous avez sous les yeux, et l’homme et la nature ;
Vous pouvez aisément nous offrir la peinture
De leur loi, de leur marche et de leur action,
Sans aller recourir à l’intervention
De ressorts destinés à de plus saints usages.
Et même ces tableaux-placés dans vos ouvrages,
Que sont-ils comparés aux objets naturels
Que l’homme et l’univers présentent aux mortels ?
Laissez, laissez le soin à la nature vive
D’offrir à notre esprit une étude instructive,
Au lieu de ces objets vaguement entassés
Dans les tableaux confus que vous nous en tracez.
Mais quoi diviniser cet univers sensible, N’est-ce pas nous prouver l’univers invisible ?

Ce temple où nous sentons que l’on tient réservés
Des trésors et des biens dont nous sommes privés ?
Vous donc qui prétendez que le ciel vous inspire,
Mortels, serait-ce en vain que du céleste empire
La sagesse eût daigné vous accorder l’accès ?
Non, non : ou renoncez à vanter vos succès,
Ou bien, osez fixer ces sublimes images, \
Et ces types sacrés dignes de nos hommages.
Allez, allez puiser dans les célestes lieux,
Ces tableaux et ses traits qui sont loin de nos yeux ;
Tâchez de recouvrer la clé du sanctuaire
Dont l’homme à sa naissance était dépositaire ;
Entrez-y, recueillez ces trésors fortunés,
Ces lauriers saints qui tous nous e’taient destinés :
Puis célébrez le prix de ces biens ineffables,
C’est alors que vos chants vous seront profitables,
Que vous aurez vraiment soulagé nos besoins.
Comment douterions-nous qu’à de semblables soins, Qu’à verser ses trésors le ciel ne nous destine, Que votre mission, mortels, ne soit divine, Puisque votre nom seul renferme un sens divin. L’antiquité nommait un Poète un devin : Effacez de ce mot le vernis ridicule Que lui donna partout l’ignorance crédule, Et vous reconnaîtrez dans sou sublime sens, Combien le ciel pour vous prodigua ses présents ; Vous y reconnaîtrez que le droit des Poètes Marche d’un pas égal à celui des Prophètes ; Qu’ainsi vous nous devez par votre mission, De semblables bienfaits, la même instruction,
Puisque de Dieu, comme eux, vous lisez les merveilles.

Vous avez prétendu ressembler aux abeilles Qui, dans l’éclat du jour, cueillent de tous côtés Les sucs et les parfums qui leur sont présentés ; Mais combien leur talent nous est plus salutaire ! Il soulage nos corps, les nourrit, les éclaire ; Et vous à vos travaux qui donnez tant de prix, Au lieu de procurer ces biens à nos esprits, Vous ne vous consacrez qu’à votre propre gloire. Et même à vos leçons comment poumons-nous croire Quand vous joignez l’erreur avec l’impiété ? Jadis les fictions ornaient la vérité, Elle leur permettait de se montrer près d’elle ; Mais, depuis qu’à ses lois l’homme n’est plus fidële, C’est elle qui paraît orner vos fictions.

Aussi dans la chaleur de vos productions, D’une secrète horreur si vos Muses touchées, Entr’ouvrent des enfers les retraites cachées, Et pour remplir d’effroi les coupables humains, Montrent l’impie en proie aux rigeurs des destins ; On si prenant un vol moins sombre et plus sublime, Vous voulez célébrer le Dieu qui vous anime, Et par les traits divins de ses dons enchanteurs, D’un saint ravissement pénétrer vos lecteurs : Leur âme ne jouit qu’avec inquiétude ; Il reste dans le doute et dans l’incertitude, Si lorsque vos efforts viennent les émouvoir, La franchise chez vous seconde le savoir ;

Si dans le trouble obscur où leur être se trouve,
L’esprit doit adopter ce que leur cœur éprouve ;
Enfin, si selon vous leur persuasion
Ne doit pas tout son prix à leur illusion.
Ah ! si vous n’êtes pas persuadés vous - mêmes :
Arrêtez - vous, vos chants deviendraient des blasphèmes,
Un sacrilège impie, un abîme d’horreurs.
La vérité peut bien excuser les erreurs ;
Mais sa voix menaçante est toujours importune
A celui qui cherchant la gloire ou la fortune,
Ose employer en vain le nom des immortels,
Et détourner l’encens qu’attendent leurs autels.
N’allez plus écoutant ce monstrueux parjure,
Charger la vérité de servir l’imposture ; .
Elle désavouerait le nom que vous portez,
Et vos yeux contre vous verraient de tous côtés
S’élever ces élus, ces célestes ancêtres,
Que vous êtes forcés d’avouer pour vos maîtres.
Ces élus qui remplis de la force des Dieux,
Sur la terre semblaient les habitants des cieux.
Frappez plutôt, frappez notre oreille épurée
Par les sons imposants de leur langue sacrée ;
Et nul trouble n’ira se joindre à nos transports ;
Vos accents émanés de vos divins rapports,
Rendront de vos pouvoirs les faveurs si présentes,
Que rien n’obscurcira ces clartés bienfaisantes ;
Ces rayons que transmet aux mortels vertueux,
Le sentiment du Dieu qui vient s’emparer d’eux,
Qui les brûle et nourrit leur âme épanouie
Des charmes continus d’une joie inouie.

Mais ces sages instruits des suprêmes décrets,
Qui leur découvrait donc ces sublimes secrets ?
Et nourrissait en eux cette flamme divine
Qui de son propre feu tirant son origine,
Allumait dans leur sein un foyer créateur ?
Le respect pour celui qu’ils en croyaient l’auteur,
Le bonheur d’établir sa gloire et ses puissances,
Voilà d’où découlaient toutes leurs jouissances.
Leur cœur ne respirant que pour la vérité,
Elle exauçait les vœux qu’offrait leur piété.
Satisfaits de marcher sous la loi salutaire,
Cette vérité seule était tout leur salaire ;
Ils éprouvaient qu’en elle était le plus grand prix
Dont elle put payer ses plus chers favoris.
Aussi, tremblant d’amour pour ce précieux gage,
Ils n’en faisaient jamais que le plus saint usage.
Chaque fois que sa main venait les couronner
Au pied de son autel, prompts à se prosterner,
De ses moindre faveurs ils lui rendaient hommage ;
Ils savaient que ce soin, aussi pieux que sage,
Sur eux, sur leurs écrits, maintenant entr’ouverts
Ces trésors dont le ciel féconde l’univers ;
Que sur ce devoir saint la moindre négligence
Des talents et du goût produits de la décadence ;
Et qne tant d’écrivains ne restaient loin du but
Que pour avoir manqué de payer ce tribut.
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Louis-Claude de Saint-Martin

STANCES

SUR

L’ORIGINE ET LA DESTINATION DE L’HOMME.


1.
Flambeau surnaturel qui viens de m’apparaître,
Par toi s’explique enfin l’énigme de mon être.
C’est peu que ta chaleur se montre à mon esprit
Comme un torrent de feu qui jamais ne tarit ;
Je lis à la splendeur de ce feu qui m’éclaire,
Que je suis émané de sa propre lumière ;
Que des célestes lieux citoyen immortel,
Mes jours sont la vapeur du jour de l’Eternel.

2.
Que tout cède à l’éclat que mon titre m’imprime !
Rien ne peut éclipser le rayon qui m’anime ;
Et vouloir attenter à sa sublimité,
C’est faire outrage, même à la Divinité.
J’en atteste ces droits dont la vérité sainte
Dans l’homme incorporel voulut graver l’empreinte,
Lorsqu’elle le fit naître au sein de ses vertus.
J’en atteste ces mots dans son temple entendus :


3.

n Symbole radieux de ma toute - puissance, n Homme, que j’ai formé de ma plus pure essence, «Connais la majesté de ton élection. » Si je verse sur toi ma secrète onction, «C’est pour te conférer l’important ministère » D’exercer la justice en mon nom sur la terre ; «De porter ma lumière où domine Terreur, »Et d’exprimer partout des traits de ma grandeur."
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TOI qui dans ce Temple vas entrer,

Quel secret espères-tu trouver ?

Sache que de ce que tu verras,

Peu de symboles tu comprendras.

Certes, tes frères te guideront.



Mais ne te berce pas d'illusions,

Comme toi, ils cherchent le secret,

Qu'Isis sous son voile tient caché.

Nous sommes les dignes fils d'HERMES,



La nature est notre Maîtresse

Et l'Univers notre royaume.

Bien que misérables gnomes

De bel argile rouge pétris,

Nous avons en nous le souffle de vie.



Qui, d'un GOLEM au corps froid,

Fit de nous des humains qui croient

Que le vil plomb en or sacré

Tout Homme peut transmuter.



TOI qui dans ce Temple entreras,

Le vrai secret n'est pas là :

Plonge dans la fange de ton être,

Alors, après, tu pourras renaître.



René-Pierre AMSELLE
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Je ne suis qu'un homme parmi les hommes,
Mais j'ai répondu sous le bandeau et j'ai gravi les trois marches.
J'ai vu l'étoile flamboyante, j'ai fait le signe.
Je suis un maillon de la Chaîne !
La Chaîne est longue.

Elle remonte jusqu'au siècle d'Hiram, et peut-être plus loin encore.
On trouve notre signe sur les pierres dans les déserts de sable
sous le ciel pur de l'Orient,
dans ces plaines où s'élevaient les temples colossaux,
poèmes purs de la puissance et de la gloire.

On trouve notre signe sur les papyrus que l'âge a teinté d'ocre, sur les feuilles
où le calame a tracé les phrases les plus belles qu'un être ait pu lire.
On trouve notre signe sur les hautes cathédrales
aux sommets sublimes aérés par les vents des siècles.
On trouve notre signe jusque sur les conquêtes de l'esprit qui font
l'humanité meilleure, sur la partition de Mozart, sur la page
de Goethe, le livre de Condorcet, les notes d'Aragon.

Et pourtant, je ne suis qu'un homme parmi les hommes, un homme sans orgueil,
heureux de servir à sa place, à son rang, je ne suis qu'un maillon de la Chaîne,
mais je me relie à l'Univers dans l'espace et dans le temps.
Je ne vis qu'un instant, mais je rejoins l'Éternel.

Ma foi ne saurait faire couler le sang, je ne hais point, je ne sais point haïr.
Je pardonne au méchant parce qu'il est aveugle, parce qu'il porte encore le bandeau,
mais je veux l'empêcher de mal faire, de détruire et de salir.

À ma place, debout et à l'ordre, j'ai travaillé de mon mieux.
Dans toutes les heures de la vie, mon cœur est demeuré fidèle.
Je me suis dépouillé des métaux, j'ai combattu jusqu'à la limite de
mes forces le fanatisme et la misère, la sottise et le mensonge.

Je ne crains rien, pas même ce sommeil que l'on appelle la mort.
J'espère supporter la souffrance avec l'aide des miens, je saurai subir
ce qui doit être subit parce que c'est la loi commune. J'aurai dégrossi
la pierre, accompli ma tâche en bon ouvrier par l'équerre et le compas.

Quand je partirai, formez la Chaîne.
Rien ne sera perdu de ce qui fut donné. Je resterai toujours
parmi vous car je vous laisserai le meilleur de moi-même.
Ô fils de la Lumière, mes Frères.

Rudyard KIPLING
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« À la porte du midi,
furieux coup d’équerre,
il est trahi.
À la porte de l’occident,
le blessé chancelle,
tout se désunit.

Définitivement éteint, plus la moindre étincelle.
Au Neuvième jour, région nord.
Truelles qui creusent, encore.
Enfoncé, en une terre fraîchement remuée.
Rameau de bon augure, empreinte
de justice et bonté, gage de pérennité.

Branche verte de l’espoir surgissant du tombeau.
Légende, emblème de charité.
Image de l’âme dévouée.
Un visage disparaît sous le tablier.
Appel force extérieure.

Chaire quitte le corps, geste d’horreur.
L’honneur de la victime,
est de ne pas être l’assassin.
Jusqu’à 77 fois tu pardonneras à ton frère.
Légende, emblème de charité.
Image de l’âme dévouée.

À la porte de l’orient,
présente toi devant l’assemblée.
Travaille et tu seras récompensé.
Marche zodiacal, Souffle nouveau.
Domaine subtil de la pensée.
Fils de la putréfaction.
Trouver la vie pour s’élever.

Tout n’est que vibration.
Age pénible, cherche sa voie.
Escalade le ciel.
Puits où la vérité se cache,
tombe bordée de margelle.
Hauteur de l’enthousiasme
précipité dans l’abîme.
Sept ans et plus.
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Conseils au Disciple (Bédarride Armand)

Que d'un destin vulgaire un autre se contente,
Traînant son pas aveugle aux hasards des chemins ;
Qu'un autre laisse en lui la bête inconsciente
Dominer sa raison pour de vils lendemains !

Qu'un autre offre son coeur au plaisir éphémère
Ou d'un intérêt bas accepte le pouvoir !
Je veux qu'un idéal, - fût-il une chimère ! -
Dirige ton action vers un plus vaste espoir.

Qu'importe que ton rang soit brillant ou modeste
Si tu peux l'ennoblir par un constant effort,
Aimer le vrai, le beau, mettre toujours ton geste
Au service du bien ?

// Tu dois, jusqu'à la mort,
Garder un esprit droit avec une âme fière.
Les arts sauront donner un charme à tes loisirs
Et, fécondant ton cœur à leur pure lumière,
Vers leur rayonnement élever tes désirs.

Tu sculpteras ton âme, ainsi qu'un marbre antique,
Pour en faire jaillir l’œuvre digne d'un roi.
Sous ton labeur ta volonté, ciseau magique,
Saura bien réveiller le Dieu qui dort en toi.

Tu pourras devenir des hommes le modèle,
De tous les citoyens te montrer le meilleur ;
Tu seras, si tu veux, le parfait travailleur,
L'époux aimant, le père bon, l'ami fidèle.

Et lorsque tu verras ces atomes vivants
Qui, pouvant être humains, restent, sans nulle alarme,
Enlisés dans la bête aux instincts décevants,
Ta pitié descendra sur eux dans une larme.

Mais ne va pas, bercé dans un rêve éthéré,
Cacher ton égoisme en un décor sublime...
Et tu tendras la main à ton frère égaré
Pour l'aider à trouver son chemin vers la cime...
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"Souvenez-vous, Monsieur, que pour un maçon le temps ne compte pas !"
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"Atteindre le pays où rien ne pousse que de soi." Christian Doutremont
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Les délivrances invitent à s'allaiter au pie, oasis pour l'ivresse tendre.
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Une rose entre deux seins
un gant dans la poussière
une femme répondant tour à tour à plusieurs noms
dont aucun n'est le sien
il n'en faut pas davantage pour que sautent
les scellés de l'âme
et que chacun secoue son manteau de patience
il n'en faut pas davantage
pour que s'éveille le voyageur
et son premier émoi en pays étranger
est pareil à l'épi d'où naîtra
le pain de l'enfer

Le pont de l'Epée, 1981 (HENEIN Georges)
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A l'image du célèbre "rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir."
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Entre'acte (DIVOIRE Fernand)

Vagabonde, furibonde, inféconde
poussée
Vie-cinéma hachée en millièmes de secondes
les lignes fondent, le reste aussi. Nouveau monde.
Toute la tête occupée aux virages de la ronde.
Où sont les mythes et les vieux secrets du monde
angles, nombres ? Et caetera...
Amis perdus.
Les mites s'y sont mises.
Toute une vie nouvelle s'y est mise
vivante, grouillante, imprécise
hantise, sottise, bêtise, surprises,
et qui souille, grouille, pulvérise, fertilise
divise, divinise, éternise
à sa manière...
Pouah !
Hourra !
Petit, laisse-moi jouer avec ton clown sauteur
et ton cheval sans ailes.
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A Pierre Mabille



Je ne suis pas pour les adeptes
Je n'ai jamais habité au lieu dit La Grenouillère
La lampe de mon cœur file et bientôt hoqueté à l'approche des parvis

Je n'ai jamais été porté que vers ce qui ne se tenait pas à carreau
Un arbre élu par l'orage
Le bateau de lueurs ramené par un mousse
L'édifice au seul regard sans clignement du lézard et mille frondaisons

Je n'ai vu à l'exclusion des autres que des femmes qui avaient maille à partir avec leur temps
Ou bien elles montaient vers moi soulevées par les vapeurs d'un abîme

Ou encore absentes il y a moins d'une seconde elles me précédaient du pas de la
Joueuse de tympanon

Dans la rue au moindre vent où leurs cheveux portaient la torche

Entre toutes cette reine de
Byzance aux yeux passant de si loin l'outre-mer
Que je ne me retrouve jamais dans le quartier des Halles où elle m'apparut
Sans qu'elle se multiplie à perte de vue dans les glaces des voitures des marchandes de violettes

Entre toutes l'enfant des cavernes son étreinte prolongeant de toute la vie la nuit esquimau
Quand déjà le petit jour hors d'haleine grave son renne sur la vitre


Entre toutes la religieuse aux lèvres de capucine
Dans le car de Grozon à Quimper
Le bruit de ses cils dérange la mésange charbonnière
Et le livre à fermoir va glisser de ses jambes croisées

Entre toutes l'ancienne petite gardienne ailée de la Porte
Par laquelle les conjectures se faufilent entre les pousse-pousse

Elle me montre alignées des caisses aux inscriptions idéographiques le long de la Seine
Elle est debout sur l'œuf brisé du lotus contre mon oreille

Entre toutes celle qui me sourit du fond de l'étang de Berre
Quand d'un pont des Martigues il lui arrive de suivre appuyée contre moi la lente procession des lampes couchées
En robe de bal des méduses qui tournoient dans le lustre
Celle qui feint de ne pas être pour tout dans cette fête
D'ignorer ce que cet accompagnement repris chaque jour dans les deux sens a de votif

Entre toutes
Je reviens à mes loups à mes façons de sentir
Le vrai luxe
C'est que le divan capitonné de satin blanc
Porte l'étoile de la lacération

Il me faut ces gloires du soir frappant de biais votre bois de lauriers
Les coquillages géants des systèmes tout érigés qui se présentent en coupe irrégulière dans la campagne
Avec leurs escaliers de nacre et leurs reflets de vieux verres de lanternes
Ne me retiennent qu'en fonction de la part de vertige
Faite à l'homme qui pour ne rien laisser échapper de la grande rumeur
Parfois est allé jusqu'à briser le pédalier

Je prends mon bien dans les failles du roc là où la mer
Précipite ses globes de chevaux montés de chiens qui hurlent
Où la conscience n'est plus le pain dans son manteau de roi
Mais le baiser le seul qui se recharge de sa propre braise

Et même des êtres engagés dans une voie qui n'est pas la mienne
Qui est à s'y méprendre le contraire de la mienne

Elle s'ensable au départ dans la fable des origines
Mais le vent s'est levé tout à coup les rampes se sont mises à osciller grandement autour de leur pomme irisée
Et pour eux c'a été l'univers défenestré
Sans plus prendre garde à ce qui ne devrait jamais finir
Le jour et la nuit échangeant leurs promesses
Ou les amants au défaut du temps retrouvant et perdant la bague de leur source

O grand mouvement sensible par quoi les autres parviennent à être les miens
Même ceux-là dans l'éclat de rire de la vie tout encadrés de bure
Ceux dont le regard fait un accroc rouge dans les buissons de mûres
M'entraînent m'entraînent où je ne sais pas aller
Les yeux bandés tu brûles tu t'éloignes tu t'éloignes
De quelque manière qu'ils aient frappé leur couvert est mis chez moi

Mon beau
Pelage couronné de gui ta tête droite sur tous ces fronts courbés

Joachim de Flore mené par les anges terribles
Qui à certaines heures aujourd'hui rabattent encore leurs ailes sur les faubourgs
Où les cheminées fusent invitant à une résolution plus proche dans la tendresse
Que les roses constructions heptagonales de Giotto

Maître Eckhardt mon maître dans l'auberge de la raison

Où Hegel dit à Novalis
Avec lui nous avons tout ce qu il nous faut et ils partent
Avec eux et le vent j'ai tout ce qu'il me faut

Jansénius oui je vous attendais prince de la rigueur
Vous devez avoir froid
Le seul qui de son vivant réussit à n'être que son ombre
Et de sa poussière on vit monter menaçant toute la ville la fleur du spasme
Paris le diacre
La belle la violée la soumise l'accablante
La Cadière

Et vous messieurs
Bonjour
Qui en assez grande pompe avez bel et bien crucifié deux femmes je crois
Vous dont un vieux paysan de Fareins-en-Dôle
Chez lui entre les portraits de Marat et de la
Mère

Angélique
Me disait qu'en disparaissant vous avez laissé à ceux qui sont venus et pourront venir
Des provisions pour longtemps.
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