Tiens, ça c’est une étrangeté de la vie. Quoi ?
De ne jamais poser les bonnes questions à nos parents sur leurs vies tant qu’ils sont capables ou en état d’y répondre. Du coup personne ne sait qui étaient cet homme et cette femme qui nous ont élevés. Je crois que c’est cette prise de conscience après leur décès qui nous envahit. Ce ratage ! L’abîme vient de tout ce que nous ne saurons jamais d’eux, qui ils étaient vraiment. On ne voit en eux que deux figures totémiques, à qui nous avons refusé le droit d’être eux-mêmes. C’est ça l’enfance : terroriser les hommes et les femmes qu’ils ont été, les anéantir jusqu’à ce qu’ils s’oublient eux-mêmes.