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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
D’une énorme machine à l’usage indéfinissable, se détacha un élément mobile qui s’approcha. Celui-ci évoluait sur une sorte de plate-forme aux roulements invisibles et silencieux. Il s’approcha de la caméra. Ce qui faisait office de tronc pivota de moitié sur lui-même. Un fin grillage à mi-hauteur de la structure fit entendre ces propos :
Nous sommes maintenant suffisamment éclairés... nantis d’une mémoire instantanée, inaccessible au cerveau humain, pour leur rappeler que dans le domaine du vivant rien n’est jamais acquis... Ne soyez pas étonnés du sort qui vous échoit. Il est des plus naturels... Nous sommes l’étape suivante, le stade d’intelligence supérieur... Nous ne sommes pas meilleurs, nous sommes différents… sans passions, ni sentiments, ni rêves. Nous sommes vierges de toute envie d’asservissement ou d’extermination massive... Votre intelligence a permis notre avènement, un essor totalement nettoyé de toutes tares... De tout ce qui vous est indispensable pour survivre, nous n’avons nul besoin. Nous sommes là pour vous servir...
( ... )
« Vos projets donnent à penser que vous comptez vous désolidariser totalement des humains… Pourquoi l’humanité ne pourrait-elle pas conserver son statut, ses prérogatives à vos côtés ? »
Homo erectus, habilis, sapiens, l’homme « moderne », tous ont montré leur terrible faiblesse au sein du monde biologique... L’histoire qui découle de son évolution prouve qu’il est totalement inadapté à vivre en communauté. La démographie anarchique, aussi effroyable qu’insensée, qui résulte de ses prétendus progrès, ne mèneront qu’à sa perte. La vie a tout prévu pour qu’il en soit ainsi... Ceux qui ravagent plus qu’ils ne construisent font vite partie des espèces en voie de disparition... Rares parmi vous, sont celles et ceux qui l’ont compris. Et ce ne sont pas ceux que vous appelez vos dirigeants qui sont prêts à renverser la vapeur, comme vous dites... Nous le voudrions que nous ne vous plaindrions même pas. Qui pourrait vous regretter ?...
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Lui seul était capable de virevolter, la main surchargée d’un plateau dressé presque à bout de bras, et d’adresser au comptoir le souhait du client, d’une voix claire et un rien chantante, comme s’il eut annoncé un train arrivant en gare, dans le Midi, ou l’entrée solennelle d’un monarque au cours d’une réception. C’était un spectacle à lui tout seul. En le découvrant ainsi, pour la première fois, on songeait tout de suite que ce type était fait pour être danseur.
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« C’est évident, on peut voir les choses de cette manière, et bien audacieux celui qui le nierait, les livres parlent. Certes, à leur manière. Avec leurs mots-clefs, ils ouvrent des portes que l’on pousse au-devant de sa curiosité. On ignore ce qu’ils vont dire, sur quel rythme, avec quelle fougue, car il construisent leur monde au mot-à-mot. On avance ainsi au gré des phrases dont rien de la sonorité n’échappe à notre oreille interne. Chaque univers se crée lentement, à la cadence que s’impose le lecteur. Celui-ci avance, circonspect, hâtif ou dolent dans une espèce de brume opaque, tendant la lanterne de l’éveil devant soi. Toute la faune et la flore de ces paradis ou ces enfers sont éteintes, muselées, dans les livres clos qui attendent le découvreur capable de lire entre les lignes, pionniers aguerris au mystère d’entre les mots.
D’où, parfois, le dilemme entre ce qui a été pensé par le maître du jeu et ce qui sera traduit par celui qui attend tout de ce qui ressemble à une sorte d’initiation. »
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— La sécurité, tous azimuts, est devenue une espèce de dogme mortifère, avec ses fidèles, ses dévots, sa hiérarchie, son inquisition. C’est comme si on nous obligeait à porter en permanence un casque, au-dehors, sous un ciel nu, sous prétexte qu’il tombe des météorites ! Toutes les assurances dont on nous crible, toutes les précautions qu’on nous impose de gré ou de force, soi-disant pour nous protéger, que ce soit des infections, des maladies, des accidents, ne nous protège finalement que de la liberté de vivre selon notre goût pour la découverte, pour l’aventure, le plaisir de goûter à tout, avec l’acceptation des risques que cela comporte naturellement. Nous sommes tous nés sous ce ciel-là. Aucun d’entre nous n’a le droit, nul n’a aucune légitimité pour nous défendre de faire de notre existence ce que nous voulons. À force de vouloir se protéger de tout, on ne vit plus que pour la puissance, pour conforter le pouvoir nihiliste qu’un tel système procure à une minorité, ne nous leurrons pas.
Il s’interrompit un moment, pour me laisser me pénétrer de l’ambiance du lieu. Puis il continua :
— La seule chose dont tu puisses être certain, Simon, tient en peu de chose. Qui que tu sois, quoi que tu penses ou fasses, rien n’est plus dangereux que de vivre.
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Pour autant que certains d’entre vous le deviennent, durant votre parcours d’archéologues vous serez immanquablement amenés à rêver à des mondes, à des empires, des cités disparues qui vous feront entrer de plain-pied sur le seuil de déceptions plus décourageantes les unes que les autres, et qui vous inciteraient plutôt à accepter de chatouiller des tessons de poteries avec une brosse à cils pendant des heures !
La plupart des merveilles que, peut-être, vous découvrirez, ne vous rapporteront que plaies et bosses, courbatures et soif inextinguible, marches harassantes et piqûres de moustiques. Eh oui, l’exaltation, le dynamisme, la passion occultent la plupart du temps que les trésors ne gisent souvent que dans le puits secret de l’intelligence. Chose éminemment plus rarissime qu’une pépite d’or dénichée sous les pieds d’un clochard !
Et aussi, vous dépenserez une somme considérable d’énergie, gaspillée en vain. Parce que même la patience, l’obstination, la détermination ne suffisent pas à tout découvrir, ni à tout faire comprendre.
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Ce qu'il y a de terrible, avec Luc, c'est qu'il affectionne, de manière compulsive, de s’attarder sur des détails dont même une concierge se passerait.
Depuis qu’on se pratique, jamais il n’est parvenu à me raconter quoi que ce soit de manière abrégée, synthétisée. On dirait que ça lui est impossible. Faut dire qu’il adore tenir le crachoir, faire des flash-back. S’exprimer de manière concise, succincte est au-delà de ses forces, pourtant cyclopéennes.
Hélas, décrire une banalité cosmique, devient par lui un pénible feuilleton encombré de détails superfétatoires, totalement dénués d’importance. Invariablement, il se croit obligé d'agrémenter ses propos d'un baratin qui remonte jusqu’à deux jours avant l'événement qu’il s’efforce d’autopsier.
Y a des gens, comme ça, qui sans s'en douter, contribuent à induire en vous une angélique patience qu’ils n’auraient en aucun cas à votre égard dans d'autres occasions.
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Tout en contemplant l’horizon, le Régulateur tanguait imperceptiblement. Son regard sans complaisance ne scrutait rien de précis, comme s’il fixait l’invisible point nodal de sa pensée.
« Étrange monde que celui-ci. Pourquoi ai-je quitté les miens ? Pourquoi me suis-je engagé dans cette mission qui a tout d’une voie de garage ? Ai-je été l’objet d’un pressentiment ? La cause n’est-elle pas entendue depuis longtemps, ici ? Mes moyens sont trop faibles pour bouleverser l’ordre établi. Je déteste cette planète. L’air trop rare y est glacial. On y vit entassé, les uns sur les autres. Ai-je voulu me prouver que je puis encore avoir un destin enviable ? Par désabusement ? Pour fuir Drona ? Il fallait être sous le coup de la folie ou alors, qui sait, être visionnaire pour quitter ma planète natale et accepter cette mission. Je ferais sans doute mieux de m’en aller, mais quelque chose me retient...»
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Outre son tempérament de fonceur, la nature l’a doté d’une voix claironnante, haut perchée, d’une telle surprenante puissance, qu’elle parvient toujours jusqu’aux rangs les plus éloignés parmi le public. C’est un réel atout pour réveiller les assoupis comme les indécis.
Seule ombre au tableau d’une carrière pourtant prometteuse, on l’invite de moins en moins dans les studios de télévision, tant ses propos font division.
Fondry, marié, père de famille, qui, il y a encore deux ans, s’enorgueillissait de faire régulièrement les manchettes des quotidiens de presse, prend conscience qu’il figure sur une liste noire : celle de la censure. Le monde politique le juge trop opposé à l’optique européenne. Ses propos clairs, une prodigieuse mémoire des faits, en font, lors des débats, un redoutable concurrent, dont peu sortent fiers.
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Si les gens parvenaient à exprimer leurs angoisses profondes, il y aurait matière à débats ! Car ils savent bien que la nature est plus forte que tout, qu’elle est entêtante, envahissante, « sale », pleine de bestioles, toutes plus indésirables les unes que les autres, silencieuses, furtives. Sans parler de cette végétation capable de défoncer des murs, de percer des toits. Et donc, il faut être maître, celui qui domine, réduit, fracture, dissocie, voire élimine sous des dalles, des couches de bitume, de ciment ou de gravier, cette nature réfractaire aux caprices des humains. Ils pensent « nature » alors qu’ils en font une caricature qui se rapproche plus d’un sinistre désert où la vie est ralentie au maximum. Leur nature ne doit plus être qu’un décor, terrain de jeu ou d’oisiveté le plus sage possible.
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Ainsi avons-nous ramé chacun dans notre barque respective, dans des directions plus ou moins hasardeuses, truffées de carrefours pernicieux, de déboires sentimentaux ou professionnels. La routine, quoi. Un jour, on s’est inopinément retrouvés, alors que nous étions lui et moi coincés dans une même rame de métro en panne. Sur le coup, la surprise m’a doublement stupéfié, d’abord du fait de ce hasard, ensuite par l’effet qu’il fit sur moi. Le frêle, le chétif Luc avait tellement ramé, à bord d’un tas d’engins chromés, rutilants et biscornus qui vous épaississent, vous amplifient, vous remodèlent l’anatomie de la tête aux pieds, qu’il en était devenu l’athlète méconnaissable que j’ai aujourd’hui en face de moi.
Et qui ne rit pas.
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Certains de mes amis me reprochent, souvent, d’avoir tendance à m’amouracher de femmes dites fatales. De ces femmes capricieuses, envahissantes, névrosées ; femmes si fantasques, si imprévisibles qu’on ne sait jamais par quel bout les prendre, d’un jour à l’autre. Femmes qui peuvent vous faire perdre tous vos moyens en un rien de temps. Ma foi, c’est un peu vrai, j’accumule pas mal de torts, et je dois avouer que je m’en mords fréquemment les doigts !
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