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3.88/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Montauban , le 29 août 1915
Mort(e) à : Montauban , le 24 avril 1976
Biographie :

Jean Malrieu est né à Montauban.
A 20 ans, en 1935, il rencontre Georges Herment qui l'initiera à la poésie contemporaine et au jazz. Ses premiers poèmes seront publiés dans la revue Jazz Hot
Il correspond alors avec Cocteau et Max Jacob et écrit des poèmes : Automne, le Pain des cages, les chances réelles qu'il dédie à celle qui deviendra sa femme en 1938, Lilette.
En 1936 il fait son service militaire, il sera mobilisé durant l'hiver 39/40. Après la défaite il rejoint sa famille à Montauban.
Pour survivre il passera d'un emploi à l'autre avant d'obtenir un poste d'instituteur qui le fera aller dans plusieurs villages du Tarn et Garonne. A la Libération il adhère au parti communiste. Il apprend que sa soeur résistante est morte en déportation et son souvenir apparaîtra dans plusieurs de ses poèmes. En 1948 il enseigne à Marseille.
En 1950, Elsa Triolet le publie dans les Lettres françaises où il est présenté par Aragon. Son premier livre "Préface à l'amour" sera récompensé du prix Apollinaire.
En 1967 il découvre son lieu de vie Penne sur Tarn où il prendra sa retraite en 1975 épuisé suite à un infarctus. Il sera heureux d'être guide touristique à Burniquel. Il décède en 1976 suite à une piqûre de tique non détectée.
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
LEVÉE EN MASSE

Ne serait-ce qu’une fois, si tu parlas de liberté,

Tes lèvres, pour l’avoir connue, en ont gardé le goût du sel,

Je t’en prie,

Par tous les mots qui ont approché l’espoir et qui tressaillent,

Sois celui qui marche sur la mer.

Donne-nous l’orage de demain.

Les hommes meurent sans connaître la joie.

Les pierres au gré des routes attendent la lévitation.
Si le bonheur n’est pas au monde nous partirons à sa rencontre.

Nous avons pour l’apprivoiser les merveilleux manteaux de l’incendie.

Si ta vie s’endort,

Risque-la.
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Jean Malrieu
LE TEMPS ET MOI

Dans le mur, à l'heure où le chat-huant se retourne dans ses
clameurs,
Éclaboussant dans le jardin les roses d'une nuit de ses cou-
leurs
Qui ressembleraient étrangement à des flammes veillant à
côté de leurs lampes,
Une couleuvre est de sortie hors des broussailles et rampe
Dans une fuite de sommeil dont les pierres sont déjetées.
C'est un sablier qui se renverse, le temps disjoint rejoint
l'éternité.
Un frisson se retient, un nerf se rompt, une pincée de cendre
Amorce une chute retenue, entraîne un remuement.
Rien qu'à l'entendre
La chaleur dans mon corps qui veut me rassurer, ma lâcheté
serrant ses bras autour du cou,
Murmure qui me désole et me console : « Tout durera bien
plus que nous».
J'ai peur, je suis vivant. La chasse est dans le temps qui pié-
tine dans la pendule.
Par la fenêtre ouverte, elle surveille la transhumance des col-
lines noctambules
Et, soudain, fait s'envoler une compagnie
d'étoiles dans l'éblouissement d'une beauté plus cruelle que
le remords
Car il fait plus beau sur terre que dans les rêves. Et le sang qui
se refuse se retourne comme un serpent et mord.
C'est la mort qui travaille et reste à mon écoute,
Et me construit et me détruit mon cœur qui bat la campagne
comme un nomade court les routes
Dans le sourd tremblement d'une terre alertée
Par le désordre des charrois des fourgons nocturnes en
déroute de l'été.
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Le bruit court qu’on peut être heureux.
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Jean Malrieu
DERNIÈRE LETTRE

Les écrits restent

Je t’aime

Je m’envole
À la poursuite de nos ombres


Adieu la minute précise

Où mon amour est plus fort que la mort

Et l’on saura combien mon éphémère

Je t’ai donné

Plus d’un dira de moi


J’ai plus aimé que lui

J’ai souffert comme lui

Et plus d’une dira

Je suis plus belle qu’elle

Pourquoi personne ne saura

Les écrits restent

Je m’efface

Moi qui n’étais qu’un homme

Et toi tu étais tout

Et c’est toi qui nous feras vivre dans la mémoire des hommes

Moi qui te parle comme un mort

Les écrits restent

Aussi j’écris j’écris

Je gagne sur l’immortalité en ce moment

Je dresse mon torse à la hauteur des amants célèbres

Parce que je t’aime comme on respire

Je t’aime comme on vit

Que ma vie est une vie d’homme

Et que j’ai joué mon sang

Les écrits restent

Je m’éloigne

Adieu

Le temps est merveilleux aujourd’hui

Tes yeux sont parfaitement bleus

On dirait de l’encre

J’écris tes yeux

Comme une heure tranquille celle de la poésie et de la vie

Il fait un temps de poème

Ta chair neige j’écris la neige

Parce que c’est beau et parce que c’est vrai
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Jean Malrieu
Sur le seuil avec beaucoup d'ombre dans le dos
Je n'en finis pas de regarder une rose.
C'est la dernière de l'été. Ma mère aimait cette chanson.
Il est resté quelque chose d'elle dans l'automne
Comme « Soyez heureux » ou « Amitié d'un convive
absent ».

Je n'en finis pas de poser comme sur une photographie
Avec un chien à mes pieds.
On reconnaît le pied de vigne, le géranium,
L'entaille au cœur qui marque la saison
Comme autrefois lorsque nous grandissions
Ces dates et ces traits cernant nos tailles juvéniles.

Je n'en finis pas de poser pour retrouver un jour d'hiver
Ce qui fait vivre éternellement ce qui dure peu :
Le pas du voisin sur la route, le chant de l'électrophone
Qui part du cœur de l'été blessé

Et dans les marges de ce soir blanc s'approchent
Les phalènes, les champs lunaires indivis,
La paix descendue du haut des peupleraies,
Brusque présence
Qui fait taire pour un instant
Toutes les bêtes de la nuit.
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Jean Malrieu
Le silence est fait de portes fermées
Derrière lesquelles un animal geint.

Un homme se déchire
Aux paroles d'une chanson.

Septembre, assis dans une bergerie,
S'en prend aux choses et les dépouille
Dans la rouille, l'air noir.

Le silence est dur comme un os.
La voix gémit par rafales
L'été porte le deuil des guêpes.

J'attends le passage,
À l'orée du sommeil qui sent le foin coupé,
Des bêtes qui vont aller se perdre dans les songes.
Les prodiges annoncent une fête
Quelque part. Un tambourin
Saute
Hors de la mémoire.

La pitié,
Avec ses deux mains jointes au milieu des flammes,
Prie.
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Jean Malrieu
De la terrasse, sur la partition même de l'été,
Nous avons déchiffré le paysage.
Il est des statues d'air dans les champs.
Quand on les heurte, elle résonnent,
Réveillent l'âme aux harmoniques.
De la graminée sans couleur
À l'ombre
Jetée comme un manteau sur le chemin,
Tout est divin.
L'air s'attarde
Autour de la maturité légère des jours.
Le lyrisme, avec ses pleureuses de flammes,
Rend supportable la fuite du temps.
Il ne se passe strictement rien en ce jardin
Sinon que je vais y vieillir
En choisissant mes pensées tournées vers l'amour.
Un ver glisse dans le fruit. Le jour
A pris la couleur de l'ambre.
Les saintes images de la terre vont nous quitter.
Le silence amical de la lune est terrible.
J'entends déjà des mers l'inaudible clameur
Et ce n'est plus la peine d'appeler au secours.
Je marche
Sur les empires du sable.
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Jean Malrieu
L'imperceptible grignotement du temps
S'annonce avec le vent d'Ouest qui courbe, à la pointe du chant,
Les mots et la luzerne.
Au seuil de l'âme
La lande est désolée avec ses autels verts,
Genévriers-fantômes des jours éteints entre deux pierres.
Là, nous avons assisté au combat des nuages,
Écouté la chute du temps dans les marches de l'Aquitaine,
Avec mon sang intact sous la peau dans un réseau de cathédrale,
Rudement fort pour soutenir l'assaut de la petite mort.
Je pointe un doigt vers l'invisible.
L'agonie promet d'être longue,
Règlement de comptes divin
Entre la tendresse et la foudre.
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   Dormir avec toi.
extrait 3
  
  
  
  
   Dormir avec toi.

   Ne me laisse jamais seul. Un cheval tourne dans ma tête.

   Dormir avec toi pour assouvir la vie.

                                                  
  Le nom secret
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À leur sage lumière



De la joie

      Purs comme la pluie, jeunes comme le vent, fauves comme
le seigle, éléments d’une journée toujours nouvelle, nous retour-
nerons au chaos, à l’ivresse perpétuelle. L’amour est alarme et
révolution.
      Les profondeurs se sont ouvertes. Il y a des floraisons
d’abîme à la fenêtre. Les champs de la mer sont mûrs.


p.269
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