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Citation de MarcBibliotheca


Antoine parlait peu de Naima. Il devait la considérer comme une relation interdite, un sujet en tous points défendu. Voulait-il la protéger ? Espérait-il en la protégeant se protéger lui-même ? On ne l'a jamais su. L'épisode de leur rencontre, à Londres à la fin des années soixante, demeure flou et incomplet.

Avril 1969 : Antoine s'apprête à fêter l'anni­versaire de ses quinze ans. Naima en a tout juste vingt. À l'instant même où l'adolescent surprend la jeune femme, agenouillée sur un tapis de bain dans la chambre du Carlton qu'il partage avec sa mère, il est troublé. Elle est émue. La jeunesse de ce visiteur inattendu, sa gêne tranchent sur l'assurance insolente des clients de l'hôtel, pour la plupart des Américains.

Naima se redresse, quitte sa position incongrue, presque indécente, et affiche un air désolé : la chambre n'est pas encore faite. Le tapis de bain qui semble maintenant égaré au milieu de la pièce n'est guère plus propre. La jeune femme n'avance ni excuses ni explication. Quelle importance. Antoine n'en a cure. Il aide Naima à replacer le morceau de tissu dans le cabinet de toilettes et lui tend la main. Elle l'accepte telle une preuve de leur récente complicité. À tort et à raison, tous les deux s'estiment vaguement coupables. Elle n'aurait pas dû se laisser surprendre. Il aurait pu éviter de remonter si tôt dans la chambre, aux heures de service des femmes de ménage. Ils échangent leurs prénoms, leur secret puis un sourire modeste. Un tapis de bain n'est pas un tapis de prière mais nous sommes à Londres, à la fin des années soixante :

«Je suis croyante», lui dit-elle tandis que lui ne croit en rien, l'observe avec gourmandise.
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