Stimuler l’exaspération indignée, colérique (et impuissante)
Un des problèmes réside dans le changement que Facebook a apporté en 2018 à ses algorithmes – la programmation qui décide de ce que vous voyez sur votre fil d’actualité. En effet, Facebook s’est rendu compte qu’en changeant l’algorithme vers plus de sécurité, les utilisateurs passaient moins de temps sur la plateforme, cliquaient sur moins de publicités, et qu’eux, gagnaient moins d’argent. À présent, Facebook sélectionne le contenu en fonction du fait qu’il suscite ou non « l’engagement réactif », un euphémisme désignant la provocation calculée à une rage sans autre issue possible que la profusion de messages et de clics acerbes. Les recherches internes de Facebook montrent que les contenus hargneux qui divisent et polarisent sont les plus à même d’inspirer une exaspération indignée mais impuissante. Et plus les internautes sont exposés à l’agressivité, plus ils interagissent et plus ils consomment du réseau.
L’horizon de sens fixé par les gestionnaires et les responsables politiques ne consiste plus qu’en une inflexion des courbes du chômage, de la croissance, des dépenses publiques, des victimes de la pandémie, ou qu’en un calcul du rapport coût/bénéfice.