À une vingtaine de mètres du sommet, l'avance est ralentie par un groupe de quatre SS gueulant à qui mieux mieux, s'encourageant au crime en quelque sorte. Leur fureur s'exerce à l'encontre de deux jeunes gens de seize ans, deux garçons juifs, des jumeaux bruns bouclés inséparables, les frères Schwarzenberg. Jo les connaît bien et leur porte une tendresse spontanée car, pour lui, ils représentent l'idéal en ce bas monde, la perfection: ils sont frangins, se ressemblent, vivent la même vie sans jamais se quitter. Comme souvent chez les jumeaux, l'un est plus faible. Des deux, Raymond Schwartzenberg est le moins bien charpenté, le moins préparé aux épreuves physiques. Le plus coléreux aussi. Voilà qu'il est en train de craquer. Il en a assez des bousculades, de la schlague, du gummi. Il n'en peut plus de son corps vidé d'énergie. Il se refuse à ce que son frère Jacques, plus robuste, perde le meilleur de ses forces en venant à son aide, écopant de la moitié des brutalités infligées en punition de ses propres défaillances...