Pour Ponge, le terme de rhétorique n'est donc en rien péjoratif. Il désigne à ses yeux l'acceptation de certaines règles : "c'est une contrainte libératrice." De même, loin d'enfermer l'objet, la rhétorique doit lui permettre "de poursuivre en dehors de nous son existence particulière, de résister à l'esprit." Ponge conçoit ses textes comme de petits appareils, des machines verbales à tropes et à topoï dont le "mécanisme d'horlogerie" permet de régler la puissance propre et d'échapper à la mainmise de la subjectivité.
La rhétorique à laquelle Victor Hugo avait déclaré la guerre se voit ainsi introduite comme substitut (théorique) de la poésie, consécutivement au retrait du sujet, à l'affirmation d'une écriture impersonnelle, à l'accent mis sur le travail formel, ses systèmes, ses dispositifs.
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