Je ne me souviens guère de mon enfance. C'est une flaque d'eau qui a séché, ou somnole en moi quelque part. Cela n'a guère d'importance; ce temps là était voué à se perdre.Il me semble parfois reconnaître le son d'une voix, un silence, et des mots inespérés que je n'invente pas, mais que je retrouve. Voila ce qu'il me reste.
L'enfance est ce cœur silencieux qui continue de battre malgré toute détresse. Je m'applique à le reconnaître chez les autres, attentif à leur façon de regarder ce qui se passe, de se taire, de croiser les jambes et de poser les mains sur les genoux. Un autre fait en eux ces gestes sans importance.