Citations de Jean-Michel Wissmer (38)
Le Cervin a ses fidèles et ses dévots, car les montagnes sont "les cathédrales de la terre", selon la belle expression du grand historien d'art anglais, John Ruskin, qui a bien connu Zermatt et a décrit le Cervin sous tous ses angles, tout en étant le premier à le photographier en 1849.
Rien n'encourageait les femmes à devenir alpinistes. De très sérieuses études (masculines) affirmaient que l'escalade pouvait provoquer chez le "sexe faible" des commotions organiques entraînant une congestion de l'utérus aboutissant à la stérilité.
L'alpinisme est une religion.
Il y a des faux pas qui coûtent la vie, d'autres qui la révèlent.
Au-delà du cliché maintes fois rabâché du "dernier espace de liberté", la Montagne doit rester un monde à part.
Benoît Aymon
Il n'y a pas lieu de s'en étonner : les faits divers stimulent l'imagination et permettent de sonder l'âme humaine, ce qui est bien le but de toute création littéraire.
C'est précisément parce qu'elle est parfaitement inutile que la Montagne est plus que jamais nécessaire.
[Préface de Benoît Aymon]
Alors que Zermatt est dominé par le Cervin qui surgit comme une pyramide isolée qui semble surveiller le village de toute sa puissance granitique, Chamonix est comme embrassé par un cirque de montagnes qui affichent leur relief dentelé comme l'Aiguille du Midi ou leur navire de glace comme le mont Blanc.
Il y a vraiment des dévots et des fétichistes dans l'univers de l'alpinisme qui est comme une nouvelle religion pour ses adeptes.
On a retrouvé le corps de Mallory 75 ans après les faits. Mais on n'a jamais retrouvé son appareil photo. Tout comme on n'a pas retrouvé la photo de sa fiancée que Mallory avait toujours sur lui. Or il se trouve que Mallory avait promis de laisser la photo de sa dulcinée au sommet en cas de succès. J'aime croire que Mallory y était, en 1924, au sommet du toit du monde avec sur son coeur la photo de sa fiancée!
Benoît Aymon
La Montagne est une contre-culture. Elle refusera toujours de rentrer dans le corset de la bienséance bourgeoise, de la logique froide que veut nous imposer un monde que l'on dit connecté.
Benoît Aymon
Légendes et croyances entourent les montagnes.
Amour ou plutôt passion pour la montagne, individualisme forcené, puritanisme associé à un sens moral parfois étroit, expertise géologique, voilà ce qui réunit Ruskin et Whymper, sans oublier un coup de crayon et un pinceau admirable.
La montagne semble intolérante et n'autorise pas la médiocrité, ni sportive ni artistique.
La conquête du Cervin, toujours invaincu avant le 14 juillet 1865, symbolise à elle seule cette belle et dangereuse "inutilité".
La montagne conjugue tous les contraires. La montagne guérit ou rend malade.
Aucun doute possible, Heidi est bien un mythe populaire puisqu'il véhicule des valeurs propres à une culture et dans lesquelles un pays tout entier - la Suisse - se reconnaît ; un mythe qui dépasse son auteur et devient, malgré sa spécificité nationale, universel de par sa réception et son succès.
Si chez Ruskin les allusions littéraires et surtout picturales sont légion, il estime qu'un seul peintre a su traduire la nature et toutes ses nuances : Turner.
Il y a une fascination victorienne pour ces jeunes athlètes aussi sains d'esprit que de corps que l'on appelle les "chrétiens musclés"!
Car si la volonté de vaincre, de défier la nature, de se défier soi-même est ce qui anime les hommes, la relation au divin est également évidente.