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Citation de Lefelyne


Coiffé comme on coiffe le Christ sur les gravures mettant en scène sa crucifixion, il portait des cheveux bruns et longs mais déjà allant se raréfiant, ne s'habillait que de noir, ne quittait jamais sa canne ni son chapeau et discourait des nuits entières avec fièvre sur les ouvrages et les idées de Lamartine, Hugo, Rousseau, Vigny, sans oublier Jefferson, Godwin, Humboldt, Bentham ou Spencer et, sur son meuble de chevet, s'empilaient aussi les œuvres complètes de Saint-Hilaire ou de Tollenare. Précieux, mondain, mais aussi naïf et naturellement porté à la générosité, Dom Cândido se piquait également d'une pointe d'indianisme, de positivisme, possédait pour l'heure une foi absolue en la Modernité et méprisait l'exercice physique qu'il considérait comme un passe-temps avilissant pour l'être humain et préférait à celui-ci la douce torture des heures passées devant son bureau ou il prenait un plaisir presque physique à griffonner à la plume des amorces de poèmes qu'il ne terminait jamais. Quant aux nourritures terrestres, elles se résumaient pour leur plus grande part à l'absorption d'alcools français en grandes quantités, de bouillons de poules clarifiés et de purées fadasses, le jeune homme haïssant avec la même virulence les hommes ventripotents et leurs épouses qui passent le plus clair de leur temps à se gaver de sucreries et de chocolats afin de tromper leur ennui endémique et maladif.
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