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Citation de genou


« La Chose ce matin s’était levée du bon piston. Elle happa et engloutit sa première ration d’ouvrages sans le moindre hoquet. Les marteaux, trop heureux de croquer autre chose que du vide, s’en donnèrent à cœur joie. Même les échines les plus nobles, les reliures les plus solides se retrouvèrent broyées en quelques secondes. Par milliers, les ouvrages disparurent dans l’estomac de la Chose. La pluie brûlante que crachaient sans relâche les buses de part et d’autre du trou rabattait vers le fond de l’entonnoir les rares feuilles volages qui tentaient de s’en échapper. Plus loin, les six cents couteaux prirent le relais. Leurs lames affûtées réduisirent ce qui restait des feuilles de papier en fines lamelles. Les quatre grands malaxeurs terminèrent le travail en transformant le tout en une mélasse épaisse. Plus aucune trace ne subsista des livres qui gisaient encore quelques minutes auparavant sur le sol du hangar. Il n’y avait plus que cette charpie grise que la Chose expulsait dans son dos sous la forme de gros étrons fumants qui tombaient dans les bacs en émettant d’affreux bruits humides. Cette pâte à papier grossière servirait un jour prochain à fabriquer d’autres livres dont un certain nombre ne manqueraient pas de finir à nouveau ici, entre les mâchoires de la Zerstor 500. La Chose était une absurdité qui mangeait avec une gloutonnerie abjecte sa propre merde. »
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