Constantin Guys ne signait pas ses oeuvres. Il obligea le sublime Baudelaire à n'écrire sur lui qu'en le désignant par ses initiales: C. G. Il ne pardonna jamais à Thackeray d'avoir parlé aimablement de lui dans un journal de Londres.
Ami des plus grands artistes du Romantisme, il entendait être traité en amateur. Il n'était qu'un gentleman, dessinateur des Nouvelles illustrées de Londres (London Illustrated News). On ne sait presque rien de lui. On ignore comment il se voua au dessin et voulut fixer les images de son temps, hanté par le pittoresque, cherchant l'originalité et la rendant d'un trait saisissant, avec des modelés qui sont un hommage à la couleur.
Quel dommage que Constantin Guys n'eût pas l'idée, tel Joseph Vernet, d'écrire ces Livres de raison qui sont un document autobiographique du plus grand intérêt! J'eusse pu conter avec un plus grand luxe de détails la vie de ce grand nomade, qui certes fut méconnu en son temps, raillé peut-être, et dédaigné certainement. Il continua, il persista, et son oeuvre vaut davantage que tous les tableaux de l'École académique et la production des officiels. Elle est un témoignage d'abord. Elle est surtout une oeuvre d'art.
Il n'était pas riche: ce qui est nécessaire pour dédaigner les couronnes de papier doré. Il croyait à son art, et c'est la plus belle mystique, et la meilleure. Il fut Parisien, parce qu'il aimait cette atmosphère unique. Peut-être paya-t-il cher le plaisir de comprendre et de traduire Paris en images.