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Citation de alzaia


Longues journées de lecture à l'ombre des deux platanes. Je sens leur présence bienveillante, commençant à saisir la musique secrète des feuilles qui viennent de se dégager des bourgeons. Sous la frondaisons, je guette le silences, la cadence, les motifs, les gammes par tons. Chaque platane possède son chant propre et son rythme. La brise peut murmurer au sommet de l'un et négliger l'autre. Pourtant ils se touchent et s'enchevêtrent encore plus étroitement depuis la feuillaison.
Parfois une clarté imprévue anime violemment leur âme végétative. Les branches se soulèvent, le houppier se torsade. On dirait que les deux platanes veulent extérioriser quelque chose. Mais quoi ? Les membres brassent l'air. Il y a comme une impuissance pathétique dans cette convulsion désespérée. Ca y est, me dis-je, un évènement se prépare. L'un d'eux balbutie; c'est sûr, il veut échanger. Mais la tentative dure peu, la ramure se balance avec hésitation. Le tronc et les branches maîtresses essaient encore un mouvement qui ressemble à un dandinement. L'effort a été vain. Le vieil arbre se recroqueville, un peu honteux. Ce sera pour une autre fois.
Les lumières de fin d'après-midi sont propres à ces bredouillements toujours avortés. La colonne vertébrale du fût s'anime, impulsant à la cage thoracique l'immense frémissement foliaire. Cette transe et le découragement à transformer le principe vital qui s'ensuit me bouleversent au plus haut point. Les milliers de feuilles qui paraissent comme autant de fanions au vent produisent pourtant un sentiment d'euphorie. Cela n'a évidemment rien à voir avec le murmure du vent dans les arbres. Cette activité qui survient à chaque instant du jour et de la nuit est banale. Le souffle dont je parle est différent. Il éveille l'arbre de l'intérieur, agissant comme un influx nerveux (...)
De quoi peuvent bien m'aviser mes deux platanes aux gros pieds ongulés? Je n'attends rien. Je réapprends le monde en épelant comme un enfant : nuages, arbres, ciel, vent...
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