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Citation de Cielvariable


Minuscule poupée de porcelaine dans un tailleur d’hôtesse de l’air de seconde classe. Une main a passé, agile, pour enlever les cordelettes dorées, passementeries inutiles, brandebourgs, de la veste étroite. Dessous, elle porte un chemisier strict. Pas un centimètre de tissu lâche. Elle est guindée aux entournures. De même la jupe, aussi étroite. Elle peut juste croiser les jambes. Malgré elle, le tissu a glissé imperceptiblement sur les cuisses. Il lui est devenu impossible de s’offrir le luxe de tirer sur cette jupe pour reconduire la bordure aux genoux. Elle a posé les coudes sur la table. Seul geste osé qu’autorise l’étroitesse de la veste. Au-delà, les entournures veillent, la rappellent à l’ordre. Elle regarde fixement au-devant d’elle. J’imagine qu’elle a choisi un point arbitraire pour ne pas risquer de rencontrer un autre regard. Un lieu flou, décoloré, comme il arrive parfois quand on ne parvient pas à s’intéresser au monde réel et qu’à l’absence d’attention vient se conjuguer une distraite audition, au point que l’univers environnant n’est plus que cacophonie, méli-mélo. La tasse de café, posée entre ses coudes, est à demi vide. Quelques cendres ont éclos sur le vernis mat, tombées d’une cigarette se consumant entre ses doigts, en douce. Elle a aspiré la première bouffée. Auréole bleue sur fond d’image de portrait de femme. Les lèvres fardées, purpurines, se sont tout juste entrouvertes pour abandonner à l’espace, sans forte expulsion, la fumée qui s’en est allée au ralenti, a glissé dans l’abîme ordinaire du silence, enveloppant les objets, jouant dans la chevelure apprêtée à la laque.
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