Jean-Paul Ransinangue

Après son départ, ses souvenirs de ces six mois passés dans ce petit village du Blanc dans le département de l’Indre s’étaient peu
à peu estompés. Comme ceux qu’il gardait de sa vie en Algérie,
ceux de cette drôle de petite fille – sa première petite fiancée – ne s’était cependant jamais totalement effacés de sa mémoire.

Pour ma part, je la mentalise comme çà. Ecoute ! Quand je regarde une étoile dans le ciel, je vois l’étoile, d’accord ? Non en fait, je vois l’image qui m’arrive de l’étoile. Et cette image est peut-être très vieille, parce que cette étoile est très, très loin de nous et que son image a voyagé pendant très, très longtemps, et que depuis tout ce temps, elle est peut-être déjà morte cette étoile. Maintenant, suppose que tu puisses voir un homme qui vivrait sur cette étoile. Ce n’est pas possible, je sais, car les hommes ne peuvent pas vivre dans les étoiles, seulement sur les planètes. Mais accepte, quand même ! C’est pareil, tu le verrais vivre sa vie, aussi longtemps que tu le regarderais, aussi longtemps que la lumière de cette étoile t’arriverait, aussi longtemps qu’il vivrait comme si tu étais à ses côtés. Je pense que dans cette dimension, c’est ce qui se passe.

Lou s’était enfouie du château, fâchée contre Paul qui l’embêtait toujours à vouloir voir son petit minou. Les yeux embués de larmes, elle errait sans but dans les rues du village en se torturant la cervelle pour essayer de comprendre, pourquoi ? Pourquoi Paul s’obstinait-il tant à vouloir la toucher à l’endroit où elle faisait pipi ? C’était vraiment un gros dégoûtant !