Jean-Philippe Lecat

Le 5 janvier 1477, ce qui restait de la grande armée du duc Charles fut dispersé sous les murs de Nancy. Pendant deux jours, on ne sut rien du sort de l'un des princes les plus puissants de l'Occident. Le 7 janvier, le comte de Campobasso, étrangement bien renseigné, amena à René II un page romain, Baptiste Colonna, qui prétendait savoir que le duc de Bourgogne était tombé près de la commanderie de Saint-Jean. On le conduisit vers les rives de l'étang gelé, semées de cadavres.
L'enfant s'avance. Autour de lui des hommes retournent un à un les corps nus à-demi enfouis sous la neige. Il hoche la tête : "Monsieur mon maître n'y est pas..." Soudain, comme deux soldats déplacent un cadavre défiguré, piétiné par les chevaux et déjà rongé par les loups, le page s'écrie : " Hélas ! voici mon bon seigneur et maître."