AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de GigiFro


Je n'ignore pas qu'il y ait toujours des déperditions possibles entre un texte littéraire et ses traductions, mais je ne crois pas à toutes ces invectives à l'emporte-pièce qui jettent le discrédit sur la traduction (traduttore, traditore et tutti quanti), voire affirment son impossibilité. J'ai pour ma part une grande confiance en la traduction.
D'ailleurs, tous les grands auteurs étrangers que j'ai lus, je les ai lus en français, et cela ne m'a pas empêché de voir que tous les auteurs ne portent pas la même attention à la langue. Je suis capable, même en traduction, d'apprécier les délicieuses volutes ocellées de la prose de Nabokov dans la traduction d'Eric Kahane. Bien sûr, je me suis souvent demandé ce que lisaient exactement les lecteurs asiatiques de mes livres, mais, chaque fois qu'on voulait me faire croire qu'ils perdaient énormément en lisant des traductions, la réponse paradoxale que je faisais était que la plupart des lecteurs francophones, également, quand ils lisaient un de mes livres en français, perdaient beaucoup par rapport à la multitude de mes intentions, et que, finalement, chaque lecteur, européen ou asiatique, cultivé ou ignorant, ne se trouve qu'à des degrés divers sur l'échelle des déperditions entre les intentions de l'auteur et ce que le lecteur peut en percevoir, et que, au fond, un lecteur asiatique cultivé peut davantage faire son miel d'un de mes livres en traduction qu'un lecteur français ignorant des finesses du style qui le lirait dans sa propre langue. Car la littérature, au-delà des continents et des frontières, n'est qu'un échange intime et sensible entre deux êtres humains.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}