Le déjeuner du dimanche ressemble à une offensive du général Cadorna. La signora Mori mere n’a pas lésiné sur les moyens. Les couverts flamboient comme des baïonnettes, les assiettes qui remontent au Risorgimento sont alignées comme des batteries de canons. Sous le lustre, les carafes de vin jettent des flammes, et les plats fumants, en rangs dans l'office comme dans la tranchée, répandent un parfum de cuisine aussi entêtant que l’odeur de la poudre brûlée.