A SEÂN Ô SUILLEABHAIN
Oscar Wilde, poète et dramaturge,
né à Dublin le 15 octobre 1856, est mort dans
cette maison le 30 novembre 1900.
Après tous les combats
qu'il a menés de son vivant
contre une rude tempête,
il est couché dans la pénombre,
le cadavre de la vivacité,
muet dans tes ténèbres.
Tout se tait, sauf les cierges
de la veillée mortuaire qui crépitent.
Son maigre corps
et ses yeux fixes, épuisés,
dans une chambre froide et nue,
la concierge médisante,
pour avoir trop servi
un ivrogne étranger,
est partie sans avoir
son pourboire de dix pour cent.
Déménageant du café de Flore
pour le désert de la sainteté,
le beau prince des péchés,
devenu un vieux grognon,
a laissé derrière lui
les joyaux dorés de la luxure,
il n'a plus le secours des Pernod
mais celui de l'eau bénite.
Jeune roi de beauté
devenu un Narcisse brisé,
mais l'étoile de la sainte vierge
se reflétait sur l'eau.
Moralité :
Si agréable que soit le chemin du péché,
il est triste de mourir sans une bénédiction.
Oscar, mon pauvre homme,
tu trouvais ton bonheur par tous les chemins.
A chaque jour ses saveurs...
Les poèmes sélectionnés dans ce livre sont le reflet de la beauté naturelle de l’Irlande, mais également de la riche vie sociale du pays. En effet, au-delà des charmes de notre géographie et de notre littérature, le tissage opéré dans ce livre entre les poésies et les photos permet de comprendre que les véritables trésors de notre pays sont les Irlandais eux-mêmes.
Geraldine Byrne Nason
Les sons de l’Irlande,
ce murmure incessant
auquel on n’échappe
jamais, ce suintement issu
des buissons bas et des herbes,
de la bruyère et des fougères,
ridant les mares des tourbières,
arrachant les branches des arbres,
la lumière chassant le nuage,
le grondement traquant la vision,
une main sans trêve
peignant et caressant
le paysage jusqu’à
ce que la vallée luise
comme la robe
d’un poney de montagne.
John Montague