Il apprit que l’homme buvait près de quatre litres de vin par jour. Travaillant dans les champs depuis son plus jeune âge, l’agriculteur faisait partie de ces hommes qui n’arrêtent jamais leur labeur. Sauf en cas d’accident, comme cette fois-ci. Jamais malade, il était admis à l’hôpital pour la première fois à cause d’une chute de son échelle en ramassant des cerises. Son voisin, alerté par les cris, avait appelé les secours. Au vu de la hauteur de la chute, les pompiers craignaient une facture de la colonne vertébrale. Grâce à sa carrure de catcheur, le vieux paysan s’en tirait avec juste une fracture ouverte du bras. Un moindre mal.
Elle possédait tout pour lui plaire : un corps de rêve que beaucoup de jeunes femmes pouvaient lui envier, un humour omniprésent, une douceur naturelle, une intelligence et une culture remarquables, et surtout, les mêmes principes et aspirations dans la vie. Ce bonheur nouveau l’inondait, mais une chose, cependant, le préoccupait. Des paroles dites le mardi soir par l’enseignante l’obnubilaient : « Je n’ai plus eu de relation stable depuis mon divorce. ».
Enfin, vers vingt-et-une heures, le professeur Moreau, accompagné d’une flopée de jeunes gens en blouse blanche, fit sa tournée du soir. Comme lors de sa première visite, le responsable du service de traumatologie s’adressa à peine à Christophe. Les étudiants encore moins. Christophe détestait ce genre de médecin, imbu de sa personne et qui ne voyait dans les malades que des cas à traiter, des douleurs à atténuer ou des infections à soigner.
Christophe était un invisible à l’époque en raison d’un physique ordinaire et d’une timidité presque maladive. Mais il réalisa tout à coup. Ses cheveux avaient viré au brun foncé avec le temps et, les tempes aujourd’hui grisonnantes, on pouvait difficilement imaginer que sa chevelure présentait une couleur claire à l’adolescence. En outre, Christophe ne portait plus de lunettes, mais des lentilles, à présent.
Véronique se présentait devant lui, resplendissante. Elle avait échangé ses habits austères de l’après-midi pour une jupe en cuir très courte qui mettait en valeur ses longues jambes de mannequin et un pull léger échancré qui faisait ressortir de magnifiques épaules et une poitrine appétissante. Christophe savait qu’elle avait, comme lui, presque cinquante ans, mais elle en paraissait dix à quinze de moins.
Il contempla Véronique. La jeune collégienne, déjà très gracieuse, s’était encore embellie avec l’âge. La maturité lui allait bien. À l’époque, tous les garçons l’avaient surnommée la « bombe du collège » tant sa beauté resplendissait. Cependant, Christophe, subjugué comme les autres ados en pleine puberté, lui reprochait alors une certaine arrogance qui la rendait d’ailleurs inaccessible.
J’espère qu’il n’y a pas que mon physique qui te plaît chez moi, car j’ai connu jusque-là trop d’hommes qui s’intéressaient uniquement à mon anatomie. Et ce n’est pas forcément flatteur, finalement. Parfois, j’ai envié ces femmes banales qui savaient qu’elles étaient aimées pour autre chose que leur physique.
Leurs effusions amoureuses revêtaient de plus en plus d’ardeur, voire de sauvagerie, caractère qui ne ressortait ni chez l’un ni chez l’autre en temps normal. Dans ces moments-là, leurs corps ne faisaient plus qu’un, preuve d’une harmonie sexuelle parfaite.
La plupart des hommes se focalisent d’ordinaire sur une belle voiture ou une grosse moto. Christophe, lui, ne s’intéressait guère aux véhicules à moteur, mais pouvait contempler des bicyclettes et les examiner dans les moindres détails tout un après-midi.
A Seyches, il prit à droite pour se diriger vers Gontaud. La petite route, peu fréquentée, lui permit de ralentir l'allure. Après Puymiclan, Christophe décida d'arrêter ses recherches et de rentrer vers Marmande pour trouver un hôtel.