Par les chemins ineptes de l’été...
Par les chemins ineptes de l’été,
Au pied de la colline,
Au milieu du jour, j’atteignis le rivage.
Personne alentour, ni barque ni arbre,
Seulement le sable, l’eau, les galets rouges
Et les rayons fascinants et cruels
Du soleil montant lentement au flanc du ciel.
Et, lui, presque sans chagrin, s’arrêta
Et médita...
O mer, je viens à toi !
Non plus avec des chants, des danses comme jadis
Quand j’étais fier et jeune, insouciant
Maintenant désabusé, vieilli. Comme quelqu’un
Qui a parcouru de nombreux pays est las
Des paroles traîtresses et des visages froids des hommes,
De toutes les visions et des bruits qu’ils aiment
O mer, je viens à toi !
/ Traduit du breton par Maodez Glandour
René-Guy Cadou
Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque nœud du bois renferme davantage
De cris d'oiseaux' que tout le cœur de la forêt
II suffit qu'une lampe pose son cou de femme
A la tombée du soir contre un angle verni
Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles
Et 1'odeur de pain frais des cerisiers fleuris
Car tel est le bonheur de cette solitude
Qu'une caresse toute plate de la main
Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes
La légèreté d'un arbre dans le matin.
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