Pour se donner bonne contenance, Indira s’assure que le thé est assez infusé, puis elle remplit les tasses et en avance une vers Ernesto. C’est lui qui reprend la parole :
- Voudriez-vous me faire une faveur ?
Indira fait de grands yeux mais elle ne bronche pas.
- Mais certainement, fait-elle. Si c’est dans mes possibilités, bien entendu.
- J’ose espérer que oui. S’il vous plaît, faites-moi l’honneur et l’amitié de m’appeler Ernesto. « Commandant » fait quand même un peu trop protocolaire, vous ne trouvez-pas ? Et puis, nous ne sommes pas dans le maquis.
Elle part d’un rire franc.
- Je crois que je puis accéder à votre demande, Ernesto. Et quant à vous, je vous autorise à m’appeler Indira, comme ça nous serons à égalité.
- A vos ordres. Savez-vous, Indira, que vous me rappelez beaucoup quelqu’un ?
- Comment pourrais-je le savoir ? Qui est-ce ?
- Un des nombreux fantômes de mon passé.
- Vous avez à peine trente-et-un ans et déjà tant de fantômes derrière-vous ?!
- Ne vous moquez pas. C’était une très belle jeune fille...