Le mot « rêve » renvoie à trois expériences successives : celle du rêveur d’abord, que nous appellerons « le rêve en soi » ; la remémoration du rêve ensuite, et le sens que le rêveur lui donne, que nous appellerons « le rêve pour soi » ; et enfin le rêve raconté à quelqu’un, que nous appellerons « le rêve pour autrui », qui continue avec les diverses significations que les autres lui donnent.
Depuis que l’homme existe, il s’interroge sur ses rêves. Mais il faut reconnaître que nous n’en savons guère plus aujourd’hui que lorsque les premières clés des songes ont été établies, plusieurs siècles avant notre ère. C’est que nous n’avons accès aux rêves que par les discours individuels qui en rendent compte. Discours du rêveur d’abord, qui se risque à la mise en mots du rêve, ou du fragment de rêve, dont il lui semble se souvenir.
Le rêve n’anticipe ni l’avenir social ni même notre avenir individuel. Il ne fait qu’anticiper, de façon imagée, et selon les lois qui lui sont propres, des solutions à des problèmes que nous n’arrivons pas encore à résoudre à l’état de veille. Bref, le rêve ne pose pas seulement le problème mieux que nous ne pouvons le faire dans le langage logique de l’état éveillé, il en ébauche aussi une solution.