Citations de Jean Tauler (35)
Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. » Cette lumière brille dans les ténèbres, mais les ténèbres n’ont pas reçu la lumière. Cette lumière, personne ne la reçoit que les pauvres en esprit, et ceux qui sont bien dépouillés d’eux-mêmes, de leur amour-propre et de leur volonté individuelle. Il en est beaucoup qui sont pauvres matériellement et qui n’en ont jamais reçu le moindre rayon. Ils savent bien ce que c’est et ils l’ont dans les sens et la raison, mais dans le fond ils ne l’ont pas goûtée. Elle leur reste étrangère et reste loin d’eux.
Comment me suis-je délivré des images, me demandez-vous ?
Cela s’est fait quand j’ai trouvé en moi la véritable unité.
Mais qu’est-ce que la véritable unité ?
C’est quand rien ne m’a ému, ni l’adversité, ni le bonheur.
La divinité est obscure et ténébreuse à cause même de son éminente clarté qu’aucune intelligence ni humaine, ni angélique ne peut saisir. Tel l’éclat resplendissant du soleil qui aveugle, sous le feu de ses rayons, une faible vue.
C’est une volonté imperturbable qui reçoit tout des mains de Dieu, sans la moindre rancœur, dans le repos et le silence, sans que rien puisse la troubler.
C’est une boisson amère et, en même temps, un vin délicieux.
La vraie liberté est un trésor précieux qui apporte à l’esprit des richesses immenses.
Voulez-vous obtenir ce trésor ? Dites adieu à tout amour étranger, c’est nécessaire,
Et vous pourrez enfin jouir de lui.
Oui, oui, le feu de l’amour m’a consumé tout entier et je suis mort.
Or, cet éblouissement m’a donné des forces sans mesure, car j’avais pénétré Tout.
En se présence je ne puis pas vieillir.
Ma jeunesse, comme celle de l’aigle, se renouvelle sans cesse ;
Tellement toutes mes puissances ont été éteintes et englouties.
Mon esprit s’est égaré
Dans un silencieux désert où il n’y a ni modes, ni paroles.
Mais une essence s’est emparée de moi, essence dans laquelle n’entre pas l’admiration.
Prenez garde aussi à la singularité dans votre conduite extérieure, défiez-vous de tout ce qui se présente à l’esprit pour y causer de la tristesse, de l’inquiétude, tout cela est très certainement l’œuvre du démon.
Mais à quoi […] reconnaîtrons-nous ces hommes admirables ? A ceci, qu’ils sont toujours pleinement satisfaits et contents de ce qui leur arrive, avec la permission de Dieu. […]
Ils laissent à Dieu ce qui appartient à Dieu, et fardent pour eux-mêmes ce qui leur est propre, c’est-à-dire leur misère et leur néant. Voilà pourquoi Dieu leur enlevant ce qui leur est propre, leur rend ce qui lui appartient, c’est-à-dire sa toute-puissance à Lui.
Voici, mon bien-aimé, que nous sommes au printemps. Le soleil excite dans toutes les plantes, une force et une énergie singulières : cependant, avant que ces plantes portent leurs fruits, il faudra subir bien des froids encore et des tempêtes.
Il en est d’autres à qui Dieu tout-puissant accorde de voir certaines images extraordinaires. Ils se persuadent, par exemple, qu’ils ont vu un Ange ou tout autre chose. Immédiatement, les voilà qui exultent et qui se figurent être d’un grand mérite devant Dieu.
Assurément, je me garde bien de dire que voir cela est un mal. Il peut même y avoir un bien, mais, c’est si loin encore du bien immédiat et prochain ! Le vrai motif pour lequel Dieu leur octroie cette grande grâce, c’est leur faiblesse. Le Seigneur, en effet, sait qu’ils sont encore trop pusillanimes pour pouvoir marcher dans une voie plus rude.
Ah ! si je pouvais être toujours complètement libre !
Si je pouvais, avec le Christ, progresser sans cesse ! quel ineffable bonheur pour moi !
Ah ! que Dieu te serait cher si seulement tu voulais le sentir.
Oui, abandonnez-vous à Dieu et laissez-le agir. Réglez sagement votre corps pour le manger, le boire, le dormir, lui donnant tout ce que vous jugerez lui être nécessaire. Sans cela vous perdrez votre corps, votre âme et, ce qui est plus grave, Dieu lui-même.