Déterminisme, dans son sens partiel, est assurément un postulat méthodologique de la science à notre échelle, lorsqu'elle isole un groupe de phénomènes pour en débrouiller les lois.. (...) Au déterminisme toujours partiel et toujours progressant visant à épuiser la diversité des phénomènes sans jamais affirmer une entreprise achevée, correspondent étroitement l'usage et la portée de la loi scientifique, sur lesquels il n'y a pas de débats. (...) Mais l'affirmation totalitaire du déterminisme universel, comme prise de position sur le tout, sort du cadre de la méthode scientifique : elle est étrangère à la science et elle lui est inutile. C'est proprement une hypothèse métaphysique. Elle n'a tiré son crédit que d'une confusion entre le déterminisme méthode, et le déterminisme dogmatique.
Nous avons vu la raison humaine à l’œuvre dans la construction de la connaissance, dans la recherche des objets et des lois, dans l’édification de la théorie scientifique ; nous l’avons vue guidée dans son effort par l’exigence de causalité, récompensée par la conquête de la vérité ; la science constitue le témoignage irréfutable de sa valeur. Nulle part mieux que dans ce domaine privilégié, la réflexion ne sera capable de l’observer en plein exercice.
Nous savons déjà quelle leçon se dégage de cette entreprise millénaire : c’est l’idée qui nous paraît aujourd’hui si naturelle, mais qui parut presque inconcevable il n’y a pas si longtemps, que la raison s’est formée au contact des choses, le lutteur s’est fortifié dans la lutte.
Il est ainsi bien clair que les lois sont tirées des phénomènes, que c’est une expression vicieuse que de dire : les faits sont soumis à des lois, qu’il faut dire : les faits comportent des lois. La loi est constative est non normative.
Mais l’affirmation totalitaire du déterminisme universel, comme toute prises de position sur le tout, sort du cadre de la méthode scientifique […] ; elle est étrangère à la science et elle lui est inutile. C’est proprement une hypothèse métaphysique. Elle n’a tiré son crédit que d’une confusion entre le déterminisme-méthode et le déterminisme-dogmatisme.
Pour atteindre l’objectivité, il faut à la fois tenir compte de tous les points de vue possibles d’un même observateur, et de tous les observateurs possibles – donc de la plus grande diversité possible des sujets : le paradoxe de l’objectivité est que l’objet n’est trouvé qu’à travers la diversification indéfinie des sujets.