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Citation de jperceval


INTRODUCTION

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, un malaise
s'installe : la natalité diminue, les défrichements se ralen-
tissent, des clivages sociaux entraînent des soulèvements.

C'est dans cette atmosphère que se pose en France, en
1328, la question dynastique. A la mort de Charles IV,
dernier fils de Philippe le Bel, Philippe de Valois est choisi
comme roi au grand dam d'un autre candidat au trône, le
roi d'Angleterre Edouard III.

Les relations entre les souverains de France et d'Angle-
terre, déjà rendues difficiles par les problèmes de Flandre
et de Guyenne auxquels s'ajoutera la question écossaise,
vont évoluer vers une guerre devenue inévitable en raison
de la position intenable d'Edouard III, roi d'Angleterre et
vassal du roi de France en tant que duc de Guyenne.

La guerre de Cent Ans, qui n'a eu véritablement ni
commencement ni fin, débute par des opérations militaires
réduites au cours des années 1336-1340 et voit dans un
premier temps la défaite des Français battus à Crécy
(1346), puis à Poitiers (1356) où leur roi Jean le Bon est
fait prisonnier.

Sous Charles V (1364-1380), grâce notamment à Bertrand
du Guesclin, les territoires perdus sont reconquis.

La guerre s'assoupit au début du règne de Charles VI
qui devient fou en 1392. Les ducs de Bourgogne et
d'Orléans se disputent le pouvoir. Après l'assassinat de
Louis d'Orléans, frère de Charles VI, par Jean sans Peur
en 1407, une guerre civile éclate qui met aux prises
Armagnacs et Bourguignons.

Cependant, la guerre franco-anglaise reprend, et le roi
d'Angleterre Henri V bat les Français à Azincourt en 1415.

L'assassinat de Jean sans Peur, au cours d'une entrevue
avec le dauphin Charles, pousse les Bourguignons dans le
camp anglais, et c'est le désastreux traité de Troyes (1420)
qui fait du roi d'Angleterre l'héritier de la couronne de
France.

Notre pays, qui a touché le fond de l'abîme, voit peu
à peu la situation se retourner en sa faveur. Jeanne
d'Arc, après la prise d'Orléans, réussit à convaincre
Charles VII de se faire sacrer à Reims. Échec devant Paris,
condamnation de la Pucelle. Mais la réconciliation franco-
bourguignonne (traité d'Arras, 1435) permet aux Français
de reprendre la situation en mains. La Normandie est
recouvrée, la Guyenne occupée à la suite de la bataille de
Castillon (1453).

Il ne s'agit donc pas d'une guerre ininterrompue, mais
les trêves n'entraînent pas l'arrêt des exactions, et les
Compagnies au XIVe siècle, les Écorcheurs au XVe n'hésitent
pas à commettre les pires violences. Soldats réguliers et
mercenaires sans emploi tuent, pillent, torturent, et l'on
ne peut dénombrer ce que le chroniqueur Froissart appelle
les [des paysans en l'occurrence]

La peste noire, apparue dans le sud du royaume à la fin
de 1347, et ses nombreuses récurrences au cours des
décennies suivantes causent une effroyable mortalité,
entraînant une catastrophe démographique et accroissant
le désordre social.

Tout cela au cours d'une dépression qui donne son unité
à la période — les historiens contemporains toutefois
mettent l'accent sur les aspects positifs (tentatives de
reconstruction ; éclat de la civilisation au début du règne
de Charles VI) qui contrastent avec les zones d'ombre.

Au niveau du quotidien... La France, en 1328, compte
environ quinze millions d'habitants. On peut admettre à
la naissance une égalité numérique entre filles et garçons.
Ensuite, les femmes paraissent plus nombreuses que les
hommes aux XIVe et XVe siècles. Encore que cette opinion
ne soit pas partagée par tous les historiens. L'étude des
sources est délicate. Ainsi pour la région lyonnaise, d'après
les testaments, à la fin du Moyen Âge, pour 100 filles il y
aurait 85,5 garçons chez les nobles et 113,5 chez les
roturiers ; tout simplement parce que les premiers mani-
festent peut-être plus d'intérêt à l'égard de leurs descen-
dantes. En tout cas, la proportion féminine est plus élevée
au début du XIVe siècle et dans la seconde moitié du XVe.
De là à penser que les filles ont été plus durement frappées
par la maladie ou l'insécurité... D'autre part, il convient
de distinguer villes et campagnes. Les phénomènes migra-
toires entraînent la venue de jeunes hommes dans les
villes où ils côtoient nombre de pauvres femmes, seules,
âgées de plus de quarante ans.

Étudier les millions de femmes qui ont occupé le sol
français pendant cent cinquante ans, de 1300 à 1450, ne
s'avère point une tâche facile. Ce sont des hommes,
essentiellement, qui ont parlé d'elles. Le discours féminin,
bien réduit, comporte avant tout les dépositions devant
l'inquisiteur des villageoises de Montaillou, les écrits de
Christine de Pisan et des témoignages lors des procès de
Jeanne d'Arc. Ensuite, les femmes que l'on connaît bien
ne constituent qu'une infime minorité, nobles dames qui
brillent dans la société, mais ne donnent pas une image
fidèle de l'ensemble de leur sexe. Certes, les lettres de
rémission qui, ainsi que leur nom l'indique, accordent des
remises de peine, ont trait généralement à des personnes
de basse extraction, mais la proportion des délinquantes
y est faible. Enfin, nous sommes trop souvent tributaires
de sources normatives, textes législatifs, traités de morale,
c'est-à-dire de documents écrits visant à édicter un idéal,
à indiquer ce qui devrait être et non point à dire ce qui
est. De tels textes ne sont certes pas inutiles, car ils nous
apprennent comment les gens de l'époque voient la femme,
quels reproches ils lui font, quelles qualités ils lui deman-
dent. Mais l'historien souhaite cerner la réalité, du mieux
qu'il peut, sans se faire d'illusion sur la possibilité de
l'atteindre absolument. Pour ce faire, il a recours, en
dehors des sources narratives, tout particulièrement à
l'archéologie qui renseigne sur celles dont on ne parle
pas, car elles n'ont pas fait parler d'elles, et ce sont de
loin les plus nombreuses. De toutes ces femmes — célèbres
ou inconnues — nous voudrions étudier la vie et la place
dans la famille et la société.
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