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Citation de martineden74


Si nos mères nous aiment. comme elles le prétendent, qu’elles nous laissent baiser dans notre siècle.
Qu'elles acceptent que malgré le fiasco du mariage. malgré la faillite du couple, nos sexes ne se sont jamais froissés.
Qu‘elles acceptent que le repas de famille se poursuive sans nous. qui aurions glissé, torses nus, sous la nappe.
Qu‘elles acceptent cette nouvelle histoire à quatre pattes.
Le ruissellement sur nos cuisses et cette soif inextinguible.
Qu‘elles cessent de s’inquiéter pour notre linge de corps trempe.
Nous avons passé l'âge de devoir courir nous mettre au sec.
Et si nos pères sont honnêtes avec eux-mêmes, ce que nous leur souhaitons, qu’ils admettent être complètement passés à côté de ce que nous Vivons.
Ce cul pour le cul sur l'oreiller conjugal.
L‘odeur de merde sut la verge et le fou rire matinal.
Qu'ils ne nous reprochent pas ces fesses jamais posées sur leur visage.
Qu‘ils ne nous reprochent pas cette prairie intérieure inondée de sperme.
Qu'ils soient fiers que nous ayons appris pat nous-mêmes à crier plus vite, plus fort, deux doigts maintenant.
Nous avons passé l’âge de dresser des barricades autour de nos fantasmes.

Et si nos amis, nos frères. nos sœurs, nos camarades de roule se mettent à nous juger, il sera venu le temps de signet le constat de décès de notre jeunesse.
Il nous faudra enterrer le désir qui faisait feu de tout bois, les fiestas. les festins, les roulades à plusieurs dans les friches.
Il nous faudra renier l'ardente vulgarité, effacer les traces de speed sur les vinyles, faire fermer sa gueule à la musique électronique et foutre le feu à nos cachettes érotiques.
Il nous faudra nous remettre au pas, nous remettre à jouer à Monsieur qui transpire dans ses cols amidonnés et à Madame qui replie sa nuisette, chaque mardi soir, en bordure de lit.
Nous avons passé l'âge de pimper notre ennui aux couleurs de l'envie.

Et si nos enfants trouvent un jour cette boîte au plancher de velours.
Avec chaussons de bébés, layettes, dents de lait, avec dessins de la maternelle, gommettes et premières sandalettes de marche, avec bricolages de fête des mères et bricolages de fête des pères et avec lettres d’amour enfiévrées.
Si nos enfants lisent un jour qui nous avons été, qu’ils entendent que certaines des souffrances que nous nous sommes infligés faisaient partie du jeu.
Qu'ils entendent que nous n’avions pas de temps à perdre avec les regrets en dessous de la ceinture et que nous ne permîmes jamais à l'animal triste post coïtum de prendre ses quartiers dans nos chambres d’hôtel comme il avait pris ses aises au sein de notre foyer.
Qu’ils entendent qu’ils furent attendus dans nos vies comme on attend l’éveil des bourgeons.
Qu‘ils entendent la canaille passion lancée jadis à nos trousses, revenir sur ses pas, revenir pour eux.
Nous avons passé l'âge de miser tout notre or sur une seule érection.

- Lisette Lombé - Nous avons passé l'âge
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