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Citation de TerrainsVagues


Chaleur qui monte, sueur qui descend, souffle qui alarme l’air, voix qui cassent l’hésitation, cris qui se libèrent, poings qui se lèvent, chant rebelle qui s’écrit, pneus en flammes, pancartes qui déchirent l’espace, slogans qui mitraillent : la rue enlace le brasier d’une foule venue cracher son besoin de vivre. On ne s’attendait pas à voir autant de gens répondre à l’appel à manifestation du petit comité citoyen de Cité Paille. C’est que leurs motifs de protestation sont communs à tous les autres quartiers précaires du pays : pas d’accès à l’eau potable et, sur leurs quelques kilomètres carrés, pas moins de cinq organisations non gouvernementales mènent depuis des années des projets à coups de millions au nom de ce problème. La foule est immense, c’est dire à quel point la population avait soif de ce moment. Tout se lit sur ces visages armés de rage et d’espoir, d’où s’élèvent des voix qui s’épaississent de plus en plus.
Et voici le silence, le silence meurtrier qui débarque. Un cortège de vautours envoyé par monsieur l’Etat pour semer la peur partout où pousse quelque bruit contestataire. Je parle de ces flics, véritables bourreaux en cagoule, je parle de ce troupeau de monstres appelés forces de l’ordre qui viennent pourtant semer le trouble au milieu d’un peuple debout pour la bonne cause. Cela fait penser aux têtes tabassées, aux emprisonnements injustes, aux cris étouffés par les bulldozers d’un système répressif, aux coups de matraque mortels, aux balles assassines qui ne ratent pas leur cible, aux voix étranglées pour avoir osé se lever, aux anges criblés de projectiles pour tentative de déploiement d’ailes, aux cadavres empilés le long des rues, à la pisse qui prend le large sur la face de la lutte… Les flics n’ont pas d’amour à partager, ni de tendresse à vendre, ils font parler la haine et portent le dégoût dans leurs gestes. De mémoire de gueule, on n’en a jamais vu d’aussi sales. Ils arrivent avec le silence dans leurs bombes lacrymogènes, ils arrivent avec des « ferme ta gueule » dans leurs bottes et des « tais toi racaille » au bout de leurs pistolets.
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