Lea a fermé les yeux.
…
Elle rouvre les yeux.
C'est bien sa mère.
…
Lea ouvre grande la bouche.
Il faudrait avaler le corps de la mère, la
dévorer. L'aimer complètement. Dans son
ventre à elle. Protégée.
Inverser les matrices.
L'ordre du monde est rompu.
Elle voudrait tout recréer. Dire à sa mère les
mots justes, ceux qu'on dit à ses enfants
pour éviter les malheurs de la vie.
Mais que dire quand tout a déjà eu lieu ?
Si seulement je pouvais effacer ces trois
années de ma vie, les effacer.
p.90-91