Après notre entretien avec Chloé Deschamps, créatrice du compte Instagram @aquoibonlespoetes, nous poursuivons notre exploration de l'univers poétique.
Dans la 2ème partie de cet épisode spécial Poésie, nous sommes en compagnie de Laure, libraire à Dialogues.
Bibliographie :
- le Pas d'Isis, de Jeanne Benameur (éd. Bruno Doucey)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130380-le-pas-d-isis-jeanne-benameur-editions-bruno-doucey
- Made in woman, d'Hélène Dassavray (éd. La Boucherie Littéraire)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/16144462-made-in-woman-helene-dassavray-la-boucherie-litteraire
- Prends ces mots pour tenir, de Julien Bucci (éd. La Boucherie Littéraire)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/20480403-prends-ces-mots-pour-tenir-bucci-julien-la-boucherie-litteraire
- Faiseur de miracles, de Fadhil Al-Azzawi (éd. Lisières)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/15531936-faiseur-de-miracles-suad-labiz-ed-lisieres
- Brûler, Brûler, Brûler, de Lisette Lombé (éd. L'Iconoclaste)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/17378935-bruler-bruler-bruler-lisette-lombe-l-iconoclaste
- Des Frelons dans les coeurs, de Suzanne Rault-Balet (éd. L'Iconoclaste)
https://www.librairiedialogues.fr/livre/17378693-des-frelons-dans-le-coeur-suzanne-rault-balet-l-iconoclaste
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Tant de vies gâchées à des tâches inutiles ! Faut que ça consomme sur la planète...et si ça consomme moins on crie à la crise et on se demande comment faire remonter le moral des ménages ! Comme si le moral n'allait pas remonter en flèche si on consommait moins,si on travaillait moins,si on vivait plus.
Sa librairie de prédilection.
Elle était restée longtemps là, passant d'un livre à l'autre, s'imprégnant peu à peu de l'atmosphère paisible et en même temps animée, souterrainement, par la quête de ceux qui ouvrent, feuillettent, cherchent le texte qui va leur faire signe, les accompagner quelques heures, quelques nuits, toute une vie peut-être. C'est un lieu où elle se sent bien. À l'abri et en même temps prête à toutes les aventures intérieures. Bordée. Elle est venue se glisser là comme entre les pages d'un livre aimé. Peut-être un sourire à échanger, quelques mots. Ce serait suffisant. Elle a besoin ce soir de s'appuyer à l'humanité discrète et forte de ceux qui lisent.
Dans la cour de l'école, la petite reste seule. Ce que vivent les autres filles ne l'intéresse pas. Elles se parlent, chuchotent, jacassent, crient parfois, des sons aigus qui font se tourner son visage, d'un seul coup.
Elle, ne crie jamais.
Dans la poche de son tablier, elle serre l'unique objet qui la relie au monde des murs grisés, luisants, de la vapeur des légumes bouillis. Lisse, bombée, sa toute petite dent.
Attendre que le jour décline.
Depuis longtemps la nuit est devenue ma vie préférée. L'obscur me soulage.
Les choses de la vie s'arrêtent, simplement, puisqu'il fait nuit. Et j'ai la sensation que moi aussi je peux m'arrêter. Un peu.
Avoir droit au silence, aux pensées qui reviennent. Au début, c'était avoir droit à la rage, à tout ce que la douleur révèle de soi. Un vertige. Avoir droit à la haine aussi. Pour tous les sacrements qui ne tiennent aucune promesse. Jamais. Combien de fois me suis-je dit Jamais. C'est dans la nuit que j'ai appris qu'il n'y a aucune consolation, non. Jamais jamais. Il y a des choses qu'on ne peut apprendre que la nuit. Il faut bien que tout soit obscur pour oser les penser.
On ne plaint pas une femme qui se tient droite. Etre plainte c'est déjà courber la tête.
La classe ouvrière,ça ne condamne pas forcément au silence ! ce serait trop facile.
La souffrance est une terre silencieuse. On y marche pieds nus.
Presque. C'est dans le "presque" que tout se joue. Toujours.
Tu dis des mots dans une langue que tu ne connais pas. La langue sauvage de ta mère dans ta bouche. Tu égrènes des sons dans la forêt. Les forêts portent sur leurs branches les mots de ceux qui ont erré et les plaintes qu’aucun être humain ne peut entendre. Les forêts oublient les mots et la neige les recouvre quand elle enrobe chaque branche. Cela fait les feuilles neuves du printemps. Les mots oubliés ont perdu leur sens.
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Tant d'années de sa vie à écouter le mystère de toute vie. A s'en approcher.
Tant d'années pour accepter qu'au fond de toute clarté, l'opaque subsiste. C'est le plus difficile. Pour l'analysant comme pour l'analyste.
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