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Critiques de Jérémy Sébbane (20)
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Le détachement

Ça commençait plutôt bien : une héroïne mytho, et fière de l’être (ou tout au moins prompte à

minimiser l’importance et l’impact de ses déformations de la vérité), un interlocuteur qui tel un poisson rouge au milieu d’un banc de requin, tente de se frayer un chemin dans les hautes sphères gouvernementales (alors qu’il n’a pas fait l’ENA!), dont l’instabilité n’a d’égale que la mouvance avec laquelle il recherche un compagnon. Ces deux-là étant fort sympathiques , on chemine volontiers avec eux en compatissant aux aléas de leur destin.



Et puis un mensonge, une ré-interprétation des faits, vient casser la fantaisie. La mythomanie devient érotomanie. Plus qu’un défaut attendrissant, cela devient une pathologie. Et tout l’art de l’auteur est de nous balader sas que l’on sache tout de suite où est la vérité.



C’est sur un drame, collectif et individuel que s’achève le récit. Et là on a plus envie de pleurer que de rire.



L’auteur sait manier la langue et manipuler son lecteur.



N’y a t-il pas cependant un trop grand contraste entre l’entrée en matière, légère et drôle et cette fin autrement grave? J’avoue avoir mis un peu de temps à comprendre l’évolution du discours, qui sur le moment m’a paru incohérent. Il aura fallu quelques jours de décantation pour que tout prenne sens.



J’en garderai un bon souvenir.
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Le détachement

Ce roman de Jérémy Sebanne, sélectionné par les 68 premières Fois pour la rentrée littéraire, était dans ma PAL depuis le début de cette session puisque je le possède en version numérique. Résultat : tous les livres voyageurs sont passés devant lui et je remettais toujours à plus tard cette lecture…

Enfin, j'ai fini par me plonger dans le Détachement.



Drôle de couverture : une cravate stylisée en guise de titre, un titre camouflé dans une cravate nouée autour d'un col de chemise blanche.

Drôle de titre aussi : abandon, renoncement ou indifférence, insensibilité, désintérêt ou encore désinvolture ou insouciance… Celle ou celui qui se détache se libère, se délie ou encore s'éloigne, se détourne… Plus technique : est détachée la personne qui est affectée provisoirement à une mission. Enfin, ce qui se détache est mis en relief, se voit mieux, ressort ou tranche…



Drôle de sujet : érotomanie, mythomanie… Illusion délirante d'être aimé, obsession sexuelle. Ce livre nous démontre comment fantasmer sa vie, affabuler, mentir, s'inventer des rencontres et des histoires d'amour et le faire tellement bien que tout le monde y croit…

Et si, pour exister, la solution était d'inventer un autre monde moins décevant que celui dans lequel on évolue réellement, si usurper la douleur d'un deuil imaginaire pouvait donner une légitimité ?



Drôle de milieu : les cabinets ministériels et leurs faux-semblants. C'est vrai qu'on accepte plus facilement les mensonges et les manipulations politiques que les inventions d'une personne proche, que ses appels au secours déguisés en fantasmes. Le monde des cols-blancs, des hauts fonctionnaires sert de toile de fond, de miroir déformant à la description méthodique de l'imbroglio amoureux. le délire mytho-maniaque perd ainsi son caractère pathologique, est presque relativisé, assumé.



Deux personnages : un homme et une femme, amis depuis toujours, si différents et tellement complémentaires. Relation ambiguë, dérangeante et belle à la fois. Je me suis sentie proche de Maxime et de Juliette car Jérémy Sebbane m'a racontée une histoire à laquelle j'ai d'abord cru en toute confiance, puis que je me suis appropriée au fur et à mesure qu'elle se déroulait avec ses développements et ses coups de théâtre. Oui, je me suis attachée aux deux héros principaux, à l'écheveau complexe de leurs interactions, à leur amitié amoureuse désespérée.



Une écriture particulière entre familiarité et intertextualité, qui fonctionne bien avec le sujet. Il y a de l'audace et de l'originalité. L'auteur a su se détacher et c'est à dessein, naturellement, que j'emploie ce terme ; l'alternance des points de vue, sa manière de les imbriquer et de les opposer, de les abandonner et d'y revenir, tout concourt à un brillant résultat.



Une belle réussite que ce second roman ! Je vais me procurer le premier livre de Jérémy Sebbane dont la plume m'intéresse énormément.

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Le détachement

Ce roman est écrit à deux voix. Il alterne lui (Maxime), elle (Juliette).

On suit nos deux héros dans leur vie de tous les jours. On vit leurs fantasmes, la difficulté de la vie réelle. Ce sont deux amis qui ne se quitte pratiquement pas et qui finiront par s'éloigner, puis ils se retrouveront.

Juliette se crée un monde imaginaire, ne cherche pas de travail et vit dans l’irréalité. Elle n'arrive pas à grandir.

Maxime, conseiller politique est déçu par son travail et ses amours.

Tous deux sont de grands enfants.

Ce roman mêle l'amour, l'amitié, la politique. Un livre agréable à lire. Le début est amusant et au fil du livre des sujets plus graves dont abordés jusqu'au dénouement final.

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Après quoi on court

Nous suivons dans ce roman deux garçons et deux filles pendant leur adolescence, de l'âge de quinze ans à vingt-cinq ans. Pendant ces dix ans nous allons être les témoins de leurs histoires de coeur, beaucoup, mais aussi de leurs aspirations professionnelles, nous allons assister à leurs errements, à leurs trahisons, à leurs petites victoires.





Aaron et Michael sont amis depuis l'enfance, même si pour Aaron les choses sont plus compliquées car il est amoureux de son ami. Il ne veut rien lui avouer car il a peur de perdre sa belle amitié. Dana vient se greffer au duo et devient la petite amie de Michael, elle voit clair dans le jeu d'Aaron et une forte rivalité naît entre eux. Lisa elle est très attirée par Aaron même si elle comprend vite que son amour est voué à l'échec.





Tout au long de ce roman à quatre voix les personnages nous prennent à témoins, ils nous racontent de manière à la fois directe et pleine de pudeur leur questionnements autour de l'amour, de la sexualité, mais aussi de la politique, de la culture, nous livrant une véritable photographie de la société des années 2000. On les voit réagir aux attentats du 11 septembre 2001, au choc du résultat des élections présidentielles de 2002, aux affrontements au Moyen Orient. Le lecteur revit avec eux cette période et se souvient de comment il a réagit à ces événements. Un roman qui peut sembler léger au premier abord mais qui pose beaucoup de questions sur l'évolution de la société et sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte.





"Le temps avait passé. Il avait balayé quelques évidences, il m'avait mis face à des difficultés et à des dilemmes que je n'aurais pu imaginer.

J'avais décidé de grandir . Et apprendre à grandir malheureusement, c'est apprendre à renoncer.

J'avais fait le bon choix. Enfin, je crois."
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Le détachement

Une grande surprise qu'a été ce roman pour moi.

Je ne m'attendais pas du tout à ce type d'histoire mais j'ai adoré.

Les personnages sont très bien décrits et on y croit. Le tout est vraiment agréable à lire. Le style est simple.

Les thèmes abordés au fil du livre sont d'actualité : la politique, la sexualité, l'érotomanie, le théâtre, les attentats.

Je suis subjuguée par l'audace de cet auteur de réunir tous ces sujets dans une même histoire, et ça tient la route !

La chute de l'histoire est terrible et on ne s'y attend pas du tout.

Il s'agit là d'une lecture troublante, névrotique...
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Le détachement

Juliette et Maxime sont les meilleurs amis depuis l’enfance. Ils se connaissent par cœur. Maxime sait et compose donc avec la mythomanie de Juliette qui s’invente un monde auquel elle croit plus que tout.

Un soir, Juliette bascule un peu plus dans le fantasme de sa vie et Maxime refus de la suivre. Il se détache mais vit mal cette séparation.

Ils finiront donc pas se retrouver.



Difficile pour moi de mettre des mots sur cette histoire. Je pense avoir un ressenti très singulier quant à la chute de cette histoire qui prend un twist imprévisible à la toute fin.

Car pour moi, Maxime et Juliette ne font qu’un. Ils sont les deux faces d’une même personne.

Du moins c’est ma lecture et je ne pense pas être suivie pas beaucoup, j’aimerai pouvoir en discuter avec l’auteur.



Un moment plaisant en tout cas.

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Le détachement

Ce fut une très agréable lecture alors même que je n'aime pas habituellement ces romans générationnels d'une jeunesse désenchantée, mettant en scène d'insupportables adulescents...



Maxime et Juliette, pas encore trente ans, semblent vivre leur vie en touristes, éternels dilettantes. Elle rêve d'une vie meilleure et à défaut elle invente des histoires qu'elle raconte à son meilleur ami, son seul ami, Maxime, qui feint de la croire pour lui faire plaisir. De mythomane fantaisiste, elle dérive doucement vers une érotomanie pathologique.

Lui, issu d'une famille juive rêve de rentrer dans le moule et faire plaisir à ses parents en fondant une famille sauf qu'il est homosexuel et ne l'assume pas. Il écrit des discours pour des hommes politiques bien que ne sortant pas du sérail (de L'ENA), ce qui le met à part dans ce monde violent et impitoyable, où votre ami/allié du lundi retourne sa veste le mardi, vous poignarde le jeudi et refait ami-ami le vendredi selon ses intérêts et uniquement eux. Portrait grinçant d'une classe politique où les idéaux ont été remplacé par le clientélisme et où plus rien n'a de sens.



Je les ai trouvés pathétiques ces jeunes qui "grandiront plus tard ", incapables de trouver leur place dans la société. Mais la plume alerte, vive, juste, lucide de l'auteur Jeremy Sebbane, lui-même ex-conseiller ministériel, m'a permis de lire cette histoire à la fin tragique, avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. En dépit de leur immaturité, on s'attache à ces deux jeunes adultes en quête de sens et la fin apparaît comme un coup de tonnerre injuste et terrible comme sait si bien l'être la vie.

Une plume à suivre !
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Le détachement

Vivre sa vraie vie avec détachement, vivre ses rêves avec détachement. Maxime est un jeune homme, qui travaille dans le milieu politique, dont l'auteur apparemment connaît bien les coulisses. Désabusé sur la politique, sur les intrigues dans les cabinets ministériels, désabusé par sa vie personnelle (est il vraiment homosexuel, pourquoi être aussi déçu, désabusé, est ce l'air du temps de cette génération ??!!!). Juliette, son amie de toujours, vit dans ses rêves et y croit dur comme fer en ses aventures et entraîne les autres dans ses rêves, fantasmes. Des pages intéressantes sur l'air du temps, sur les trentenaires parisiens. Des pages touchantes sur la suite des attentats de Charlie et de novembre. Trois derniers chapitres avec un cruel retour à la réalité, de la vraie vie avec la soirée de novembre dans Paris et quand la violence anonyme fait prendre conscience de la réalité. Un petit bémol pour ce texte, par l'emploi de mots trop familiers ("maquer", "gerber", "nazes"), de la novlangue et quelques termes que je qualifierai vulgaires ("tu te fous de ma gueule", "tu pécho des gay.."). L'auteur passe de Racine, Proust au langage familier, voire vulgaire. (découvert un terme "nithridatisé" = insensibilité, indifférence acquise par l’habitude, un mot qu j'ai découvert et grâce à mon dictionnaire préféré, j'ai découvert que c'était un terme proustien). Donc des bons moments mais aussi des moments qui m'ont sensiblement agacés.
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Le détachement

Ce roman fait parti de la sélection des "68 premières fois" à laquelle je participe. Très honnêtement ce roman court m'a très vite agacé et c'est parce qu'il est court que je me suis forcée à aller au bout.

Maxime est un cliché à lui tout seul...

Juliette, elle, vit dans ses mensonges.

L'amitié entre les deux dure depuis très longtemps et ils ont besoin l'un de l'autre... mais jusqu'à quel point accepte-t-on les défauts des autres?

Bon , vous l'aurez compris, je n'ai adhéré ni au style, ni aux personnages, ni à l'histoire...

Next.
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Le détachement

Un roman qui m'a bouleversée. Je n'ai pas réussi à le lâcher tant j'étais tenue en haleine par la plume de l'auteur, on va de surprises en surprises, il y a une alternance entre des scènes très drôles et d'autres qui donnent les larmes aux yeux. Une très grande maturité dans la description des sentiments amoureux, une vraie réflexion sur l'engagement politique, j'ai vraiment été soufflée par l'audace et l'intelligence de ce texte.
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Le détachement

Jérémy Sebbane est écrivain et scénariste. Il est l'auteur de deux romans Après quoi on court en voie d'adaptation au cinéma et plus récemment Le détachement. Il est également l'auteur d'un essai consacré à Pierre Mendès France, développe plusieurs films et une série politique. Il a été la plume de personnalités politiques comme Manuel Valls et Fleur Pellerin. Le détachement a été choisi dans la sélection de rentrée 2019 de 68 premières fois.



Depuis toujours, Juliette aime raconter des histoires. Maxime, son seul confident, l'écoute et fait semblant de la croire. Bienveillant, il sait qu'elle a souffert. Mais tout bascule entre les deux amis lorsque Maxime, à qui Juliette a narré durant des semaines une relation passionnée avec un dénommé Raphaël, découvre que ce dernier est mort le soir de sa rencontre avec la jeune fille. Juliette qui refuse de vivre dans le réel préfère croire que tout le monde se ligue contre elle pour nier son histoire d'amour avec Raphaël. Elle devient une veuve imaginaire, s'invente la vie qu'elle aurait pu avoir avec le défunt et va à la rencontre des proches du jeune homme qui n'ont jamais entendu parler d'elle. Fatigué des mensonges de son amie, Maxime se détache d'elle. Et si la solution était d'inventer un autre monde moins décevant que celui dans lequel ils évoluent ?



Le détachement est un roman à deux voix qui met en scène une amitié inconditionnelle entre deux jeunes gens. Elle, mythomane, va se révéler érotomane au gré des pages. Lui, une plume, va accéder à son rêve, devenir conseiller politique et être confronté à la violence de ce milieu sans pitié pour le non-énarque qu'il est. Elle se rêve en veuve éplorée d'un homme disparu qui ne l'a jamais connue, lui se rêve auteur d'un comédien qu'il admire secrètement, se rêve amant d'un jeune homme alors même qu'il n'assume pas son homosexualité. L'un comme l'autre trouve refuge dans leur bulle, leur imaginaire, plutôt que d'affronter la réalité. Tous deux sont immatures, en ont parfaitement conscience et se disent qu'ils grandiront plus tard.



Je ne vais pas vous mentir, d'abord j'y ai cru. Puis très vite mon mental m'a déconnectée de la réalité. J'étais passionnée par l'histoire que Jérémy Sebbane me racontait, j'étais attachée à Juliette et Maxime au point de ne faire qu'une comme eux. Impossible de lâcher ce livre. Très vite j'étais déjà ailleurs, dans le cabinet d'une psy, d'un ministre... et puis subitement j'ai grandi. C'est donc complètement détachée que j'ai tourné la dernière page.



J'aurai aimé prolonger un peu la réalité, vous raconter des histoires... Bien que la plume de Jérémy Sebbane soit agréable, fluide, bien qu'il m'arrive parfois de tenter de rendre la vie plus jolie, bien que nous aurions pu nous aimer, je ne vais pas vous mentir, Le détachement ne m'a pas embarquée.


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Le détachement

Roman magnifique qui parle avec intelligence et sensibilité tout à la fois d'amitié, d'amour, de désir, de création, de politique, de ce qui nous lie à ceux qu'on aime, de pourquoi il peut être difficile de rester ou de partir. C'est un roman drôle et triste à la fois bien écrit, bien mené et qui ne cesse de nous surprendre.
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Le détachement

Lu Ko1 pas aimé. Dans le vent cliché. Mécanique. Yuppee.
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Le détachement

"La seule vie qui soit passionnante est la vie imaginaire."

"Journal d'un écrivain", Virginia Woolf



"Depuis toujours, j'aime raconter des histoires. Pas mentir. Juste prolonger un peu la vérité. Tenter de rendre la vie plus jolie, plus supportable. […] le seul qui me comprend, c'est Maxime. Lui non plus, il n'aime pas le réel. Il le trouve décevant."



"Le Détachement", 2e roman de Jérémy Sebbane paru aux Éditions Sable Polaire, porte deux voix, celles de deux trentenaires, amis depuis l'enfance.



Maxime et Juliette ; Juliette et Maxime.



Tous deux sont comme l'avers et le revers d'une même médaille, différents et complémentaires, l'un ne pouvant aller sans l'autre.

Ils sont le "Lui" et le "Elle" des titres de chapitres très autocentrés qui excluent toute autre personne et, de fait, les personnages secondaires n'ont jamais aussi bien porté leur adjectif. Ces individus incolores, un rien narcissiques, passent, s'attardent un temps, s'éloignent pour revenir, reviennent pour mieux repartir. La lectrice que je suis ne s'est pas attachée à cette petite troupe de passants, fort sympathiques au demeurant, mais qui peinent à prendre et retenir la lumière.



Il en est tout autrement de Juliette et Maxime, ces deux grands enfants, immature chacun à sa façon, dont la relation est aussi tendre qu'ambiguë.



Juliette, enveloppée de la fumée de ses mensonges, dégage une poésie dont l'attrait est certain. Elle est de ces êtres qui, faute de pouvoir affronter la réalité et son contingent de douleurs et de déceptions, se laissent glisser dans un univers fantasmé et s'abandonnent à leur rêve intérieur. Travestir la vérité pour abolir la réalité,



"Qu'importe le temps que durent les illusions si celles-ci ont le pouvoir ne serait-ce qu'un instant de nous faire espérer et de nous rendre heureux."



et pour resserrer l'attache qui la lie à Maxime.



"Maxime, c'est mon ami. le meilleur. Mais il paraît qu'on ne dit plus cela quand on a bientôt trente ans. Avoir un meilleur ami, ce serait un concept adolescent, quelque chose d'un peu puéril et hystérique. […] En fait, Maxime est mon seul ami. C'est à lui que je confie mes secrets, lui qui me répond tout le temps quand je l'appelle à n'importe quelle heure de la nuit ou du jour, lui qui sait trouver les mots pour m'apaiser. Surtout, il sait m'écouter. Il me croit sur parole. Même si parfois je sais qu'il fait semblant."



Contrairement à Juliette, Maxime, lui, a une vie sociale et professionnelle. Bien qu'il ne soit pas Énarque, il parvient à décrocher une place de conseiller au sein d'un ministère où, bien sûr, on ne se prive pas de lui rappeler qu'il n'est pas du sérail. Il se rêve alors plume de Jules Michaux, comédien qu'il adule sans jamais avoir pu le rencontrer.



Maxime et Juliette ; Juliette et Maxime.



Mais voilà, un jour, vient le mensonge de trop, celui qui fait déborder la coupe de l'indulgence et dont je ne vous dirai rien parce que dire serait gâcher.



"D'ordinaire, je ne lui en voulais pas. Je lui pardonnais même tout le temps. Cela faisait des années que je l'écoutais en tentant toujours de faire la part des choses, de déceler le vrai du faux dans son discours. J'avais de l'indulgence. Je savais que le destin avait été cruel avec elle. Je lui trouvais du courage, j'avais même une forme d'admiration pour elle. Cette capacité à rester debout, à être résiliente. Lorsque le fantasme est toujours plus séduisant que le réel, pourquoi blâmer ceux qui s'y réfugient ? […] J'aimais Juliette parce qu'elle me sortait de mon quotidien, parce qu'elle m'aidait à le vivre et à le rendre moins douloureux. Mais la découverte à l'église de son énième mensonge avait été pour moi un électrochoc. Il fallait partir, s'éloigner, se détacher. Il fallait grandir."



Et subitement, rien ne va plus entre ces deux-là. Maxime desserre le lien, se détache sans fracas et part écrire une nouvelle page de sa vie, plus mature, où il ose enfin être sa propre plume et faire son introspection.



"[Maxime] ne me proposait plus de le voir. Il ne prenait plus de mes nouvelles. Pire que l'absence, il y a le détachement. Il n'y a plus de colères, plus d'oppositions, plus de passions. Nous livrons des phrases automatiques, posons des questions sans écouter les réponses. Il était lassé de moi. Et elle est arrivée. Maxime a fini par sortir son premier recueil de nouvelles ; […] Il parlait de ses identités contradictoires, de ses névroses, de sa culpabilité. de ses espoirs aussi. Il avait su évoquer avec pudeur mais sans rien esquiver de ce qui le tourmentait. Il s'était libéré, il s'était affirmé."



Maxime sans Juliette ; Juliette sans Maxime.



Ce va-et-vient de l'un à l'autre casse la fluidité d'un discours narratif dont j'ai regretté qu'il reste de surface, qu'il n'aille pas creuser à l'os. C'est d'autant plus dommage que la matière est là.

Alors, comme je suis toujours tentée dans ces cas-là de croire que c'est moi qui passe à côté de quelque chose, je me laisse aller à penser qu'il y a peut-être à fouir dans les interlignes. Vous allez certainement me trouver insensée - qu'importe, je prends le risque - j'ai envisagé un instant que Juliette puisse être une illusion, la part fantasmée de Maxime. Et donc, voilà qui me ramène à mon ressenti initial. Vous vous souvenez ? Maxime et Juliette, deux faces d'une même médaille. Ils sont tellement contraires et complémentaires, lui lesté d'une famille juive envahissante, elle libre de toute attache familiale, lui avec un engagement professionnel, elle dilettante, que j'ai cru y voir un artifice de l'auteur.



Juliette ? la part rêvée de Maxime ? celle qui lui permet d'affronter le quotidien ? Est-ce que ça fait sens ? Seul l'auteur saurait me le dire, à la condition qu'il ne me prenne pas d'emblée pour une folle ! Il me semble tout de même que c'est mettre le doigt sur un ressort non négligeable de son art(ifice) que de me balader sans que je sache trop où il veut me mener, quitte à ce que je me perde en conjectures. Et si c'était le but ? Maurice Barrès n'écrivait-il pas « Tout livre a pour collaborateur son lecteur » ? Suis-je une collaboratrice passable ? raisonnablement malléable ? complètement déjantée ? à côté de la plaque ? plus futée qu'il n'y paraît ?



Les dialogues entre Maxime et Juliette, nombreux, parfois logorrhéiques, avec un sens de la répartie qui fuse, habités d'un même vocabulaire, me semblent aller dans ce sens : parler beaucoup, c'est meubler le vide d'une vie solitaire pour donner chair à l'absence, c'est dissimuler l'attachement sous l'ironie et la dérision, c'est tenir à distance la réalité du quotidien.



"— Parfois, c'est bien d'avoir une autre réalité. de vivre dans l'imaginaire…

— Juliette, n'en profite pas, s'il te plaît.

— Chacun vit avec ses illusions, chacun se raconte ses histoires. Tout ça c'est humain.

— Juliette, encore un mot de ce genre et je me casse. Je ne me suis rien inventé du tout […]"



Il suffit à Maxime d'être pris par ses occupations, de publier un recueil de nouvelles, de rencontrer Émilie, pour que Juliette recule dans l'ombre et s'en "[…] inquiète un peu. Si tu continues, tu vas finir par vouloir grandir."



Les amis imaginaires survivent-ils au passage à l'âge adulte ?

Grandir n'est-ce pas renoncer à notre part fantasmée ?

Et que penser de cet ouvrage écrit à 4 mains que projette Maxime avec la bénédiction de la psychiatre ?



Même la fin, horrible, qui manque pourtant le coche quand elle veut jouer l'inattendu, ne fait sens que dans la mesure où, le drame collectif devenant individuel, elle permet d'anéantir l'amie pour enfin grandir. Ce qui peut expliquer, à mon avis, que Juliette soit assez incompréhensiblement exclue des hommages.



"Personne n'a publié la photo de Juliette. Je suis sûrement le seul à pouvoir le faire. Personne ne cite son nom de famille. Je ne le ferai pas non plus."



Sinon, et cela me dérange, il ne resterait qu'à conclure que cette fin se borne à être une utilisation un peu facile d'une tragédie nationale pour expédier l'affaire et sonner le retour cruel et définitif à la réalité.



Vous l'aurez compris, arrivée au terme de cette chronique, je suis perplexe, peut-être plus encore que lorsque je me suis mise à l'écrire, perdue dans le dédale de mes notes. "Le détachement" est un 2e roman troublant, singulier, qui se refuse à tout schéma interprétatif ; beaucoup de mes questions restent en suspens, flottantes faute d'avoir trouvé une réponse tangible qui me satisfasse pleinement.



Puisqu'il n'existe aucune carte, j'espère que l'on me pardonnera de voir moins bien que Mercator, et que les interprétations que j'ai eues ne soient pas celles qu'il faut. Je laisse les mots de la fin à Anatole France ("Le crime de Sylvestre Bonnard") :



"Savoir n'est rien, imaginer est tout. Rien n'existe que ce qu'on imagine. Je suis imaginaire. C'est exister cela, je pense ! On me rêve et je parais !"



2e roman,

Lu pour la session automne 2019 des #68premieresfois


Lien : https://www.calliope-petrich..
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Le détachement

Un très beau livre ponctué de rebondissements. L'auteur évoque beaucoup de sensibilité des thèmes très différents: l'érotomanie, le rapport à ses amis, à ses parents, l'obsession des réseaux sociaux, la peur de grandir, l'identité sexuelle, la politique...c'est drôle, c'est triste, comme la vie et c'est surtout très bien écrit et très touchant.
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Après quoi on court

Commencé en début d'après-midi, terminé en début de soirée. Je n'ai pas pu lâcher ce livre!



Ce livre nous parle d'amitié mais aussi d'amours impossibles.



Aaron et Michaël, deux jeunes lycéens qui sont très bons amis depuis des années déjà.

Tout change peu à peu lorsque Michaël entame une relation avec la jolie Dana. Aaron ne supporte pas de les voir ensemble, de s'embrasser, de rire... En réalité, Aaron est amoureux de Michaël mais ce dernier n'en sait rien ou plutôt ne veut certainement rien voir.



Dana, la petite amie ,elle, s'est bien rendue compte de cet amour et elle va tout faire pour éloigner son petit ami d'Aaron. Tour à tour Aaron et Dana vont tout faire pour récupérer l'exclusivité de la relation qu'ils avaient avec Michaël.



Puis, plus tard, Lisa qui fera la connaissance d'Aaron à la fac tombera amoureuse de lui. Elle souffrira de cet amour à sens unique d'autant plus qu'elle est la confidente d'Aaron concernant toutes les relations amoureuses qu'a le jeune homme.





Des histoires d'amour impossibles donc, au travers desquelles chacun doit grandir un peu malgré lui. J'ai été très sensible aux personnages d'Aaron avec son besoin d'aimé et d'être aimé, la souffrance qu'il ressent. C'est un personnage attachant mais que j'ai eu envie de secouer par moments! Je l'ai trouvé si dépendant de l'amour à garder toujours un espoir alors que peu de choses le justifie au final. Un peu l'image de Lisa finalement, personnage que j'ai beaucoup apprécié également.



A l'inverse le personnage de Dana m'a un peu énervé à la longue. Le fait d'aimer Michaël ne veut pas dire l'avoir que pour soit... D'ailleurs, même Michaël m'a passablement agacé avec sa façon de prendre la fuite et de pas savoir ce qu'il veut.



C'est un livre où chacun nous conte ce qu'il s'est passé entre eux de son point de vue propre. Les chapitres sont relativement courts et rythmés. J'ai beaucoup apprécié la façon dont les personnages s'adressent à nous, lecteur. C'est très vivant et moderne. L'auteur a su faire preuve de sensibilité avec ce roman où tout sonne juste et vrai.



En bref, j'ai passé un excellent moment avec ces personnages au point de ne plus pouvoir lâcher le livre. Je tenais à savoir ce qu'il allait se passer, comment tout cela allait finir. Le dénouement m'a d'ailleurs laissé sur ma fin. Je l'ai trouvé assez brutal, mais à l'image de ces relations compliquées au final.



Un très bon premier roman que j'ai pris plaisir à lire, je ne peux que vous le conseiller! Pour moi, ce fut un coup de cœur!
Lien : http://aujardinsuspendu.blog..
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Après quoi on court

4 jeunes personnages découvrant l'amour et ses travers non sans mal et larmes. Mais même si le livre est très bien construit j'ai malgré tout pas autant accroché que je l'aurai souhaité. C'est facile à lire et justement trop facile à lire.

Ça ressemble à un scénario pour une série TV telle Clara Sheller et ça manque de profondeurs

Même si les protagonistes sont confrontés à toutes les difficultés sentimentales d'un jeune ça reste selon moi à la surface. Ça ne rentre pas assez en profondeur.

Peut être que c'est parce que je viens de lire "en finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis qui, à côté, est un chef d'œuvre. "Après quoi on court" ne m'a pas autant transporté.

Dommage



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Après quoi on court

Livre génial, lu en même pas 24h. On a l'impression d'être témoin du carré amoureux qui évolue au fil de l'intrigue. Nous partageons la passion, la tristesse, les frissons des personnages.
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Après quoi on court

"Après quoi on court" est l'histoire d'une génération, celle des adolescents de l'an 2000.

Dans un style très original, l'auteur donne la parole à Aaron, Michaël, Dana et Lisa, les quatre personnages principaux, qui traversent ensemble la période si complexe, entre adolescence et âge adulte, celle des choix et des orientations sexuelles, politiques et professionnelles, celle où l'on s'éloigne de son univers familal pour construire son propre avenir.

Tour à tour ils relatent leurs expériences, leurs rêves mais aussi et surtout leurs doutes et leurs douleurs. Sans faux semblants, ils nous livrent des sentiments d'une force qui ne peut laisser les lecteurs indifférents.

Sur le chemin très étroit qui sépare l'amour de l'amitié, l'auteur parsème son récit de nombreuses questions : Peut-on tout se permettre par amour ? Peut-on tout pardonner par amour ? L'amour doit-il être synonyme de sacrifices et de renoncements ?

Mais bien plus qu'un simple chassé-croisé amoureux, ce roman se fait l'écho de questions politiques, religieuses et sociétales.



Ce premier roman de Jérémy Sebbane fut pour moi une très belle découverte. J'ai particulièrement aimé son écriture et ses personnages tantôt forts, tantôt démunis face à un quotidien où se cotoient la vie, la mort, les drames mais où toujours ressurgissent des sentiments salvateurs.

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Après quoi on court

« Lisa aime Aaron, qui aime Michaël, qui aime Dana… » Tel est le résumé un poil réducteur proposé par la quatrième de couverture mais qui pose assez bien le cadre général du roman. Ils sont lycéens quand on les rencontre (sauf Lisa qui apparaît plus tard dans l’histoire mais dès le début du livre). Aaron, jeune adolescent en plein émoi, est sur le point de découvrir son homosexualité et l’amour sans borne qui le lie à son meilleur ami, Michaël, qui lui tombe amoureux de Dana, la petite nouvelle de la classe. Plus tard, Lisa jouera le rôle de meilleure amie amoureuse d’Aaron.



C’est à la fois émouvant et agaçant ! C’est émouvant parce qu’on s’attache à ces quatre personnages. C'est agaçant parce qu’ils sont quand même énervant ces quatre inadaptés du bonheur qui cumulent stupidité et entêtement à la poursuite du malheur.



Aaron est égocentrique, frustré avec un petit côté masochiste. Michaël est un indécis chronique qui refuse de grandir. Lisa est le pendant féminin d’Aaron qui s’entête à aimer l’homo de service. Dana est la petite fille bourgeoise, calculatrice et manipulatrice.



Le portrait que brosse Sebbane de ses personnages n’est au final pas très flatteur pour eux. Le bref résumé qui précède est représentatif de ces adolescents incapables de chercher le bonheur ailleurs que là où ils ne peuvent manifestement pas le trouver. C’est très vrai pour Aaron et Lisa, relativement vrai pour Michaël et plus léger pour Dana mais personne n’y échappe. Même pour ceux qui semblent parvenir à trouver le bonheur n’ont en fait découvert qu’un leurre, ils se trompent eux-mêmes pour mieux se donner le sentiment d’y être enfin arrivé.



Pour Aaron et Lisa, pas besoin de faire un schéma : la nana hétéro amoureuse du mec homo amoureux du mec hétéro, rien de bien innovant. Pour Michaël, cela se complique un peu : il ne sait pas trop où il en est de sa sexualité pour finalement opter pour la voie, disons, classique qui ressemble plus à un choix par défaut et consensuel qu’à un choix délibéré et totalement honnête. Dana, de son côté, va à contre-courant du sexe facile et tous azimuts pratiqués par ses camarades de classe et opte pour approche exclusive, fidèle de la relation amoureuse n’hésitant pas à user de tous les stratagèmes pour emprisonner littéralement Michaël dans une cage dorée au risque, et c’est là où elle met en jeu son bonheur sans aucunes certitudes, de le scléroser et de le perdre.



Par contre, Sebbane ne fait-il pas une petite erreur en plaçant son roman au début des années 2000 alors que ce qu’il décrit reflète, par expérience, plus une ambiance et une réalité des années 1990 ? J’hésite clairement… mais après tout la réalité d’une époque peut perdurer dans le temps.



Le roman est plutôt bien construit autour de chapitres courts voire très courts qui portent chacun la voix d’un des protagonistes mais qui ne se contentent pas de se répondre les uns aux autres mais reprennent en quelque sorte l’histoire là où le précédent narrateur l’a laissée pour l’amener plus loin. Au final, on n’aura pas quatre versions de la même histoire racontée par les quatre protagonistes mais bien le fil d’une seule histoire dont on aura chaque bribe racontée par un seul personnage à chaque fois. Le livre ressemble ainsi un peu à un patchwork de sentiments, de points de vue…



On est facilement porté par ces personnages qu’on a parfois envie de secouer pour leur dire « regarde pour une fois dans quelle abîme tu t’enfonces », « arrêtes de chercher à te faire du mal et avance ». Sebbane dispose d’une vraie plume capable d’aller à l’essentiel, de se mettre dans la peau d’ados un peu attardés qui ont le malheur de virer adulescents au moment où ils devraient enfin parvenir à mûrir un peu.



Il a peut-être eu un peu de mal à finir son roman qui laisse un petit goût d’inachevé. Il ne demande qu’à être gommé au prochain livre. On peut se poser toutefois justement la question du contenu du prochain livre tant, et je peux me tromper lourdement, on a l’impression que Sebbane a mis dans celui-ci beaucoup de lui-même et/ou de sa propre expérience. Lui en reste-t-il encore sous le pied pour le prochain ?



Un roman attachant, tendre et agaçant à la fois. Un mélange particulier mais qui fonctionne quand même bien.
Lien : http://garoupe.wordpress.com..
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