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Citation de Charybde2


PRÉSENTATION DE LA NOUVELLE ÉDITION (2019)
La rébellion zapatiste, par son étonnante capacité de résistance et sa vitalité persistante, a rendu obsolète La rébellion zapatiste, ouvragepublié en 2002 puis repris dans la collection « Champs » trois ans plus tard.
On ne peut, bien sûr, que s’en réjouir, tout particulièrement au moment où cette expérience franchit le cap du quart de siècle d’existence – soit une longévité très singulière pour une aventure rebelle radicale de cette ampleur.
Une édition actualisée de ce livre était donc nécessaire. Non pas que les analyses qui y étaient proposées aient été invalidées au cours des années postérieures à sa publication. Mais parce qu’il y manquait ce qui est devenu l’essentiel et qui, désormais, donne sa perspective à tout le reste : la construction de l’autonomie dans les territoires rebelles du Chiapas, dont la création des conseils de bon gouvernement, en 2003, a marqué l’approfondissement.
Car voilà le paradoxe : la rébellion zapatiste a presque cessé de faire parler d’elle au moment où, pourtant, se consolidait sa dimension la plus remarquable. Il est vrai qu’elle est sortie du domaine de l’événementiel et a progressivement renoncé aux facilités de la personnalisation, jusqu’à la mort autoproclamée du charismatique sous-commandant Marcos. Elle est devenue une révolution invisible, qui invente patiemment et en silence des modalités d’autogouvernement populaire, en complète sécession vis-à-vis des institutions de l’État mexicain. Dans un territoire comparable à celui d’une région comme la Bretagne, cette expérience défend et déploie des formes de vie à la fois ancrées dans la tradition indienne et inédites, qui constituent une alternative concrète aux logiques capitalistes dominantes. L’autonomie zapatiste est ainsi l’une des utopies réelles les plus radicales et les plus remarquables qu’il soit donné de découvrir aujourd’hui, sur notre planète livrée à la folie destructrice et déshumanisatrice de la quantification économique.
C’est donc à la construction de l’autonomie zapatiste qu’est consacrée la nouvelle postface qui clôt ce volume. On peut considérer qu’il s’agit d’un chapitre à part entière et même, en quelque sorte, du chapitre principal de ce livre, celui qui lui donne sa véritable perspective. C’est pourquoi le lecteur qui le souhaiterait serait bien avisé de lire cette postface en premier, après avoir pris connaissance de l’introduction et du prologue historique (désormais prolongé jusqu’au moment de rédaction de cette édition), pour revenir ensuite aux chapitres du livre.
Ceux-ci ont été reproduits ici tels qu’ils figuraient dans l’édition de 2002. Comme on l’a dit, leur contenu est demeuré valide, même s’ils demandent à être complétés. C’est pourquoi on trouvera, à la fin de chaque chapitre, des développements nouveaux indiquant certaines inflexions et clarifications au sein des conceptions zapatistes, ainsi que des éléments qui permettent d’approfondir les analyses initialement proposées.
Une précision encore. L’autonomie se construit dans un territoire propre, selon des modalités particulières. Une telle expérience est nécessairement située, localisée. Mais on aurait tort de la réduire à une affaire locale. Singulière, une expérience d’autonomie ne saurait constituer un modèle qu’il s’agirait de reproduire ailleurs ; mais la démarche qu’elle met en œuvre est multipliable partout, sous des formes chaque fois spécifiques. C’est en cela que la portée de la rébellion zapatiste déborde les frontières du Chiapas et du Mexique. En outre, celle-ci, toujours soucieuse d’imbriquer lutte des peuples indiens, perspective nationale et horizons planétaires, apporte de suggestives contributions à l’effort collectif pour refonder une perspective d’émancipation désirable et crédible – ce qui suppose d’abord de se libérer des pratiques politiques et des schémas de pensée qui ont contribué à mener les espérances révolutionnaires du XXe siècle vers de tragiques échecs. C’est pourquoi il serait regrettable de ne pas accorder à cette expérience rebelle toute l’attention qu’elle mérite.
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